PORT-AU-PRINCE, jeudi 9 janvier 2025 UNIR propose une révision en profondeur de la Constitution de 1987, en plaçant cette démarche dans le cadre d’une Conférence nationale souveraine, qu’il considère comme essentielle pour rétablir un ordre institutionnel solide en Haïti. Selon les responsables d’UNIR, une réforme constitutionnelle véritablement inclusive, qui implique tous les secteurs de la société haïtienne, est la seule voie pour sortir durablement des crises politiques et institutionnelles qui paralysent le pays depuis des décennies. Cette proposition s’inscrit dans une vision globale de refondation de l’État, un objectif que le parti estime impossible à atteindre sans l’élaboration concertée d’une nouvelle charte fondamentale.
Pour UNIR, la Conférence nationale souveraine représenterait un moment historique de dialogue national, rassemblant non seulement les acteurs politiques et institutionnels, mais aussi les organisations de la société civile, les associations communautaires, les syndicats, les groupes religieux et la diaspora. Ce processus serait comparable à celui mené dans des pays comme le Bénin, où une telle initiative a permis de refonder pacifiquement l’ordre politique. En Haïti, cette conférence permettrait de garantir une légitimité populaire à la réforme constitutionnelle, en s’assurant que les propositions de changement reflètent réellement les aspirations et les besoins des citoyens.
Le parti insiste sur le caractère incontournable d’une telle concertation pour éviter les erreurs du passé, où des révisions constitutionnelles décidées sans consultation approfondie ont souvent été à l’origine de divisions et de contestations. UNIR affirme qu’une réforme imposée de manière unilatérale manquerait de légitimité et pourrait aggraver la fragmentation de la société haïtienne.
UNIR propose plusieurs réformes clés à inclure dans la nouvelle Constitution. Sur le plan institutionnel, il plaide pour un maintien du système exécutif bicéphale, avec un Président de la République et un Premier Ministre, tout en introduisant des mécanismes pour éviter les conflits de légitimité et de compétence entre les deux branches de l’exécutif. Selon le parti, le Président devrait désigner son Premier Ministre avant les élections présidentielles, afin que les électeurs soient informés de l’équipe dirigeante envisagée et que la transition de pouvoir soit plus fluide.
UNIR recommande également de préciser dans la Constitution les dispositions relatives à la vacance présidentielle, un point qui a souvent été source de crise en Haïti. Le parti propose que des règles claires soient établies pour garantir une continuité institutionnelle dans de telles situations, en évitant que les intérêts partisans n’exacerbent les tensions politiques.
En matière électorale, UNIR propose la création d’un Office National Électoral (ONE) totalement indépendant, composé de onze membres représentant équitablement les dix départements du pays et la diaspora. Cet organe aurait pour mission exclusive d’organiser les élections, dans un souci d’efficacité et de transparence. Une Commission nationale de contrôle serait également mise en place pour surveiller les finances des partis politiques et des campagnes électorales, séparant ainsi clairement les responsabilités organisationnelles et de supervision.
Un autre aspect clé de la proposition d’UNIR est la réforme du système de décharge des anciens responsables publics. Actuellement perçue comme politisée, cette procédure serait confiée à la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, qui examinerait strictement les aspects techniques et financiers de la gestion des responsables concernés. Cette mesure viserait à renforcer la redevabilité et à réduire les pratiques de corruption qui gangrènent les institutions publiques.
Cependant, UNIR critique sévèrement le processus de révision constitutionnelle actuellement mené par les autorités haïtiennes. Le parti exprime des doutes sur la capacité de ce processus à garantir une consultation nationale approfondie dans le temps imparti. Il met également en garde contre une possible instrumentalisation de cette réforme pour contourner des sanctions internationales ou pour protéger des intérêts partisans. Selon UNIR, une telle réforme risquerait de creuser davantage le fossé entre les dirigeants et la population.
UNIR souligne que la révision constitutionnelle ne doit pas être une fin en soi, mais s’inscrire dans une stratégie plus large de refondation nationale. Cette démarche inclurait des réformes profondes du système judiciaire, des institutions publiques et de la gouvernance locale, ainsi qu’une lutte résolue contre l’impunité et la corruption. Le parti estime qu’il est urgent de rétablir la confiance des citoyens dans l’État, condition essentielle pour surmonter les défis structurels du pays.
En conclusion, UNIR rappelle que la Conférence nationale souveraine ne serait pas seulement un cadre pour l’adoption d’une nouvelle Constitution, mais aussi une opportunité de définir des priorités nationales dans des domaines critiques comme la sécurité, la santé publique, l’éducation et l’économie. Cette initiative offrirait une occasion unique de redonner espoir à la population et de jeter les bases d’un développement durable. Toutefois, UNIR insiste sur le fait que la réussite de ce projet dépendra de la volonté des dirigeants politiques et de la mobilisation de la société civile pour garantir une consultation véritablement inclusive, transparente et orientée vers l’intérêt général.