Bruxelles, 20 mai 2021- Dans cette résolution introduite par les députés de la gauche, les parlementaires déclarent s’alarmer des violations constantes des droits humains en Haïti, de la mainmise de régions entières par des gangs armés et des allégations répétées de la complicité d’autorités publiques dans ces violences.
Le vote a eu lieu, à la mi-journée, ce jeudi 20 mai 2021, au siège du parlement européen, à Bruxelles.
La résolution condamne fermement la répression des manifestations pacifiques par les autorités haïtiennes, de même que le recours à la force létale, à la détention arbitraire, à l’intimidation, au harcèlement et à la violence sexuelle ; demande instamment que les autorités haïtiennes renoncent immédiatement à l’usage de la force contre les manifestants pacifiques, et respectent le droit des peuples à manifester librement et pacifiquement.
Elle manifeste aussi sa pleine solidarité et son soutien aux mouvements citoyens, syndicaux, politiques et à tous les secteurs de la société haïtienne en lutte pour les droits sociaux et fondamentaux, la justice sociale, les libertés et la démocratie en Haïti.
La résolution s’alarme des conditions dans lesquelles devront se tenir le prochain référendum et élections et souligne que l’exercice démocratique ne peut pas se faire dans un climat de violence, d’insécurité et de corruption généralisé ; souligne que ces élections sont perçues comme illégitimes par une large partie de la population ; s’inquiète dès lors des possible instrumentalisations de l’envoi d’une mission électorale de l’UE sur place.
Plus loin, la résolution Condamne très fermement toute ingérence politique de la part de puissances étrangères, au premier rang desquelles les États-Unis dans la vie du pays afin de maintenir à tout prix au pouvoir un gouvernement favorable à leurs intérêts géostratégiques et à ceux de leurs firmes.
La résolution des députés européens, souligne que l’UE, ses états membres et tout particulièrement la France, devraient œuvrer à une issue pacifique au conflit que traverse le pays depuis plus de trois ans maintenant en écoutant les voix des acteurs et actrices de la société civile haïtienne et en accompagnant un processus de transition mis en œuvre par les organisations sociales et de la société civile haïtienne.
Elle fait remarquer qu’Haïti a ratifié plusieurs traités relatifs aux droits humains – notamment au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Convention américaine des droits de l’homme – lesquels l’obligent à garantir l’indépendance et l’impartialité de son système judiciaire.
La résolution souligne également qu’une priorité absolue pour l’exercice de la démocratie devrait être de mettre fin à l’impunité généralisée dans le pays ; soutient dans ce contexte le travail des organisations haïtiennes pour que les responsables des violations des droits humains, notamment concernant les massacres récurrents et la corruption (notamment le scandale de la dilapidation des fonds Petrocaribe en 2019), soient jugés de façon juste et équitable.
Cette résolution qua fait une multiple de considération insiste sur la grave crise alimentaire, pour qu’une attention spécifique soit accordée à l’aide alimentaire d’urgence, en privilégiant en premier lieu l’achat d’aliments locaux afin que cette aide ne contribue pas à éliminer les paysannes et paysans du pays ; soutient l’accès des agricultrices et agriculteurs du pays au matériel agricole, aux semences non génétiquement modifiées et aux espèces et variétés adaptées au sol, au climat et à la culture alimentaire du pays, afin que le pays puisse redémarrer sa production agricole au plus vite et garantir sa souveraineté alimentaire.
Elle s’inquiète du fait que les aides versées au pays le soient dans la plus grande opacité ni aucun contrôle parlementaire ; exige l’ouverture d’une enquête sur la transparence et l’efficacité du réseau de distribution des aides ; demande également un bilan des aides effectivement versées ainsi que sur leur impact dans le pays.
La résolution appelle entre autres à l’annulation immédiate et définitive de toutes les dettes internationales d’Haïti et de ses mécanismes (notamment le service de la dette) envers les institutions financières internationales telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque interaméricaine de développement, mais aussi les principaux partenaires commerciaux d’Haïti comme les États-Unis et l’Union européenne; rappelle la dette coloniale s’élevant de 17 à 21 milliards de dollars qu’Haïti a dû payer pour obtenir son indépendance; appelle à un soutien international accru des anciennes puissances coloniales à Haïti.
Elle lance également un appel d’urgence les autorités haïtiennes et la communauté internationale à soutenir les programmes visant à éliminer la pauvreté et à garantir la scolarisation et l’accès aux services sociaux, en particulier dans les régions reculées du pays.
Cette résolution a été remise au président de la commission européenne qui est chargée de la transmettre au Conseil, à la Commission, aux États membres à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil des ministres ACP-UE, aux institutions du Cariforum, au gouvernement et au Parlement d’Haïti, ainsi qu’au secrétaire général des Nations unies.