Port-au-Prince, lundi 7 juin 2021- Dans une correspondance en date du 5 juin au secteur privé haïtien, Dr. Reginald Boulos décrit une situation des plus terribles qui se passe dans certains quartiers défavorisés de la capitale, notamment à Martissant et Fontamara où des gangs armés se livrent impunément à des affrontements meurtriers.
Selon l’homme d’affaires, les affrontements se multiplient, les morts et les blessés ne se comptent plus, des maisons et entreprises sont incendiées…
‘’La population aux abois, livrée totalement à elle-même et aux gangs, se retrouve sans abri, sans nourriture, sans espoir. Des dizaines de milliers de personnes ont été obligées de fuir la violence des affrontements entre gangs alors que la Police Nationale d’Haïti, impuissante à accomplir sa mission qui est de protéger et de servir, a tout simplement abandonné la population à son sort,’’ écrit Reginald Boulos.
Dr. Boulos, également homme politique, estime que nul ne peut rester indifférent face à une telle détresse. ‘’ Tout silence est suicidaire. Car, ce serait de la folie de penser que, dans nos conforts, dans nos demeures et dans nos zones prétendument sécurisées, nous sommes à l’abri,’’ soutient-il.
Citant les différents massacres perpétrés à Cité Soleil, au Bel-Air, à La Saline et les innombrables victimes de la violence en Haïti, il pense que, ‘’si rien n’est fait, bientôt les réseaux criminels qui sèment la terreur dans les zones défavorisées, se pavaneront dans les rues des beaux quartiers.’’
‘’ Nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Ces bandes armées, entretenues par les forces politiques et (il faut le dire) par toutes sortes d’intérêts mafieux, il serait illusoire de croire qu’elles limiteront leurs actions aux quartiers dits populaires,’’ soutient Dr. Boulos.
Estimant imprudent de rester passif dans les calamites des populations des quartiers victimes, Dr. Boulos estime qu’il faut se solidariser avec les milliers de déplacés, des hommes, femmes et enfants, jetés dans les rues, les mains vides, attendant un geste d’eux du secteur privé, ceux qui ont certainement le pouvoir, s’ils se mettent ensemble.
‘’Il faut, devant l’absence de l’État, une réponse concertée, urgente et non démagogique, en dehors de tout intérêt politique. Ce sont nos frères et nos sœurs, ceux qui contribuent chaque jour à nos succès. Nous leur devons ce minimum,’’ précise M. Boulos.
‘’ Nous ne devons plus rester passifs devant ces abus, ces démissions, ces compromissions affectant notre sécurité nationale. Nous devons au plus vite entreprendre une grande action humanitaire pour toutes les zones atteintes par cette violence aveugle tolérée et peut-être même encouragée par le pouvoir,’’ soutient l’homme d’affaires.
Reginald Boulos croit qu’il faut en appeler à la responsabilité immédiate de ceux qui prétendent diriger le pays et qui sont en ce moment aux abonnés absents.
‘’Leur silence est inacceptable, leur inaction est complice et leur indifférence coupable poursuit-il, arguant que les solutions individuelles de sécurité ne sont qu’un palliatif’’
Pour M. Boulos, ‘’il faut des réponses institutionnelles solides, réfléchies, vigoureuses. Il faut aussi des dirigeants à la hauteur de ces défis,’’ conclut-il.