Washington, 26 avril 2021- Dans une correspondance en date du 26 avril 2021 au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, un groupe de soixante-neuf (69) congressmen américains (démocrates et républicains), estiment ‘’qu’il est plus que temps pour un examen plus significatif de la politique américaine en Haïti, arguant qu’ils sont impatients de travailler avec le département d’Etat pour en faire une réalité.’’
Soulignant que l’administration Biden a hérité d’une crise multiforme (constitutionnelle, droits de l’homme, économique, sociale) exacerbée par la précédente administration, les signataires de la correspondance ‘’encouragent le gouvernement américain à soutenir la souveraineté du plus ancien voisin des États-Unis dans l’hémisphère en réaffirmant l’attachement des États-Unis aux principes de la démocratie et de l’état de droit.’’
‘’Cependant, écrivent-ils, nous devons également reconnaître que la crise d’aujourd’hui n’a pas commencé hier. Pendant des décennies, la communauté internationale a investi des centaines de millions de dollars pour aider Haïti à atteindre la stabilité politique et une démocratie représentative. Reconnaissant que ces efforts n’aient pas permis d’atteindre les résultats escomptés, ils affirment que continuer sur la même voie ne fera qu’exacerber la situation.’’
Ils insistent sur le fait que les troubles sociaux et politiques à l’échelle du pays ont considérablement augmenté depuis 2018 et ont entraîné une grave instabilité et une violence politique.
‘’En janvier 2020, poursuivent-ils, les mandats de tous les membres du Parlement haïtien sauf 10 et de tous les maires haïtiens ont été résiliés en raison du retard des élections, laissant le président Jovenel Moïse diriger le pays sans aucun contrôle législatif. Il a depuis abusé de son pouvoir en prenant des décrets en violation directe de la Constitution haïtienne, soutiennent les parlementaires.’’
Selon eux, ‘’en raison de l’instabilité politique, d’une économie effondrée, du blocage des manifestations et de la violence des gangs de rue, le gouvernement haïtien ne parvient pas à répondre aux besoins les plus élémentaires de ses citoyens.’’
Ces parlementaires américains exhortent donc l’administration Biden à prendre ses distances de Jovenel Moïse dont le mandat constitutionnel a pris fin depuis le 7 février 2021, mais qui continue de s’accrocher au pouvoir.
Ils invitent l’administration américaine à se garder d’interpréter la constitution haïtienne à la place des haitiens soulignant que des experts haitiens et des institutions haïtiennes crédibles se sont déjà clairement prononcés sur l’échéance du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse.
Malgré le refus de l’opposition et de la société civile et l‘insécurité galopante, le gouvernement en place qui n’a plus ni légitimité ni légalité projette d’organiser un référendum constitutionnel en juin prochain et des élections générales en septembres prochain.
Cette correspondance cosignée par près de soixante-dix (70) congressmen américains, est une initiative du président de la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants des Etats-Unis qui avait organisée une audition le 12 mars dernier sur la crise haïtienne, à laquelle ont pris part des acteurs de la société civile.