Port-au-Prince, 27 novembre 2020- Le directeur exécutif du RNDDH, Pierre Espérance estime que les conditions politiques et techniques ne sont pas réunies pour l’organisation d’élections en Haïti.
Réagissant à la position du Core Group qui a appelé jeudi a la tenue d’élections dans le pays en 2021, M. Espérance a dénoncé le mépris dont la communauté internationale a fait montre vis-à-vis de la situation globale du pays marquée notamment par la détérioration de plus en plus grave du climat sécuritaire, la prolifération et la fédération des gangs ouvertement pro-pouvoir opérant en toute impunité, la violation systématique de la constitution et des droits humains et l’indifférence affichée par le gouvernement par rapport à la détresse de la population.
‘’Demander aux haitiens d’aller aux élections dans le contexte actuel, est une démarche cynique qui ne respecte pas le droit a la vie des haitiens qui tombent sous les balles assassines tous les jours dans le cadre d’une insécurité d’Etat, a déclaré M. Espérance lors d’une interview à RHINEWS.’’
Il a fait remarquer que, tous les jours on ramasse des cadavres de jeunes exécutés sommairement dans les rues sans qu’aucune enquête policière ou judiciaire ne vienne élucider les circonstances de ces cas d’assassinat qui viseraient à créer une psychose de peur généralisée dans le pays afin de perpétuer un pouvoir contesté par la majorité des haitiens.
Le défenseur des droits humains a cité l’exemple de Fredner Destiné, 24 ans, Jean Roody Remy 25 ans, Jeffson Damien 26 ans et Ricardo Moïse Dufresne, 24 ans, quatre (4) jeunes qui ont été assassinés dans la nuit de dimanche 22 au lundi 23 novembre, dans des conditions non encore élucidées et jetés au bas de la ville.
‘’Aucune enquête n’a été diligentée pour faire le jour sur cette affaire. Le gouvernement n’a même pas publié une note pour condamner ce qui s’est passé afin de réconforter les parents des victimes, a déploré le militant des droits humains.’’
‘’Si la communauté internationale ne trouve rien d’anormal qu’elle supporte un régime qui viole les droits humains, met en veilleuse la constitution pour diriger par décret, il est politiquement incorrect d’inviter les haitiens à se rendre à la boucherie comme des moutons de panurge, a renchéri Pierre Espérance.’’
Il a fait remarquer que de nombreux quartiers du pays sont sous contrôle de gangs armés s’identifiant au pouvoir en place, même la police n’ose pas s’y aventurer et que les habitants ont été chassés de leurs maisons par la force.
‘’Comment un candidat non inféodé au pouvoir en place ou aux gangs armés, pourra-t-il faire campagne dans ces quartiers, s’est interrogé Pierre Espérance ?’’
Selon M. Espérance les élections ne sont pas possibles en Haïti sans le désarmement total et le démantèlement de tous les gangs armés qui pourrissent la vie des familles haïtiennes ni sans avoir identifié tous les électeurs potentiels à travers le pays pour mettre à jour, dans le cadre d’un processus transparent, les listes électorales.
A deux mois de la fin du mandat constitutionnel du président Jovenel Moïse le 7 février 2021, le Core Group, une sorte de syndicat d’ambassadeurs, qui lui est toujours fidèle, a appelé hier à la tenue d’élections dans le pays l’an prochain, espérant que, ‘’ l’année 2021 sera celle du renouveau démocratique pour Haïti.
Un diplomate caraïbéen, Ronald Sanders d’Antigua et Barbuda, a lui aussi exprimé ses préoccupations par rapport aux violations des droits de l’homme et de la constitution haïtienne, au climat d’insécurité et à l’hypocrisie des Etats-Unis et de l’OEA dans le dossier d’Haïti.