Maxine Waters met en garde contre la tenue d’élections en Haïti dans les conditions actuelles marquées par la violence et l’insécurité

Maxine Waters, Congresswoman, District 43 de la Californie

Californie, 5 octobre 2020– Dans une correspondance en date du 5 octobre à l’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, Michelle J Sison, la congresswoman, Maxine Waters a la diplomate à user de son expérience diplomatique et de son influence pour promouvoir auprès du gouvernement d’Haïti, le respect de l’état de droit et des droits humains fondamentaux et à s’opposer à l’organisation d’élections en Haïti jusqu’à ce que les attaques contre les adversaires du pouvoir cessent et que leurs auteurs soient arrêtés et déférés devant la justice.

Dans cette correspondance, Maxine Waters préconise également la mise en place d’un Conseil électoral provisoire indépendant formé avec une large participation de la société civile et conformément à la constitution haïtienne afin d’organiser des élections crédibles et transparentes dans le pays.

‘’Des élections crédibles ne peuvent pas être organisées par un CEP largement perçu comme illégitime et inconstitutionnel, et elles ne peuvent certainement pas être réalisées dans une atmosphère d’attaques à motivation politique contre des adversaires présumés du gouvernement.’’

Si le gouvernement haïtien devait procéder à l’organisation des élections dans les conditions actuelles auxquelles des représentants de la société civile et des partis politiques ne sont pas disposés à participer, elles pourraient ne pas avoir lieu sans candidats et électeurs pour voter, fait-elle remarquer dans sa lettre.

Maxine Waters souligne également que le président Jovenel Moïse a néanmoins nommé unilatéralement un CEP de neuf membres par un décret présidentiel en violation de la constitution et en dépit de l’opposition d’importants secteurs du pays. Le décret a non seulement mandaté le CEP pour organiser des élections, mais lui a également confié d’organiser un référendum constitutionnel, une démarche qui est contraire à la constitution haïtienne, précise-t-elle.

Pour Madame Waters, cette méthode rappelle étrangement les mesures prises par l’ancien dictateur François ‘’Papa Doc Duvalier,’’ qui avait changé la constitution dans ses efforts de consolider son pouvoir personnel jusqu’à se proclamer président à vie.

La congresswoman souligne qu’Haïti est en train de basculer dans une spirale de chaos et de violence. Et au milieu de ce chaos, le gouvernement, sous la présidence de Jovenel Moïse, veut organiser des élections illégitimes et inconstitutionnelles.

Selon Maxine waters, la constitution haïtienne exige que les élections soient organisées par un conseil électoral provisoire (CEP) qui se compose de neuf membres représentants différents secteurs de la société civile, y compris les Églises catholiques et protestantes, les organisations de défense des droits de l’homme, l’universités et les associations du secteur privé, etc.

Elle déplore que les membres du nouveau CEP aient été installés dans leurs fonctions par le président Moïse, en violation de la constitution haïtienne, en dépit du fait que la Cour de Cassation ait refusé de recevoir leur prestation de serment.

Maxine Waters regrette également que le gouvernement ne parvient toujours pas à procéder à l’arrestation de Jimmy Cherizier alias ‘’Barbecue,’’ accusé d’implication dans plusieurs massacres commis dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, faisant de nombreux morts, de blessés, des disparus, et de déplacés par milliers à Cité soleil, au Pont-Rouge, à la Saline, à Tokyo etc…

‘’En plus du laxisme du pouvoir vis-à-vis de Barbecue et sa bande, ceux-ci qui se sont fédérés ces derniers temps, opèrent des attaques armées de temps en temps contres des habitants des quartiers favorisés perçus comme des opposants à Jovenel Moïse, souligne-t-elle avant de mettre l’accent sur les récents assassinats survenus ces dernières semaines dans le pays dont ceux de Me Monferrier Dorval, Michel Saieh et Frantz Adrien Bony.’’

Citant des rapports du RNDDH, Human Rights Watch et de la DCPJ, Maxine Waters fait états de l’implication des forces de l’ordre dans de nombreuses exactions sur la population civile et l’utilisation abusive de la force excessive lors de manifestations populaires.

Selon elle, ‘’mettre fin à l’impunité, y compris pour les actes criminels décrits ci-dessus ; assurer la protection de droits humains ; et le respect de l’état de droit sont essentiels au processus démocratique en Haïti. Toute notion que les élections peuvent se dérouler sans un dialogue inclusif et le renforcement de la protection des institutions démocratiques est donc absurde, écrit Maxine Waters a sa compatriote, Michelle J Sison.’’

Madame Waters avait déjà écrit a l’ambassadeur américain en Haïti en Avril dernier pour l’exhorter de jouer un rôle plus accru auprès du gouvernement haïtien pour éviter que le pays ne bascule dans le chaos et la violence aveugle en procédant à l’arrestation de tous les chefs de gangs accusés d’implication dans des massacres perpétrés dans les quartiers populaires d’Haïti.