Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, le 11 novembre 2020 (RHInews)- Sur au moins quatre (4) stations de radio de la capitale, le président haïtien Jovenel Moïse déclare cette semaine avoir détenu la primeur de l’assassinat du bâtonnier Monferrier Dorval, à travers sa femme, Martine Moïse qui dispose d’une vidéo de premières mains.
“L’assassinat de Me. Monferrier Dorval a eu lieu au soir du 28 août 2020 à 10 heures 13. A 10 heures 15, soit deux minutes après, ma femme était déjà en possession express d’une vidéo du crime”, a précisé Jovenel Moïse qui déclare la visionner au même moment.
Cette déclaration du chef de l’Etat est perçue comme un aveu, pour certains et ouvre une boite de pandore sur ce crime crapuleux. Une nouvelle piste vraiment importante est donc ouverte, dans le cadre des investigations en cours.
Le juge en charge de ce dossier a, désormais, trois (3) nouveaux témoins clés à entendre dans le cadre de l’instruction de cette affaire, le président, la première dame et l’auteur de la vidéo
.Si le mobile du crime reste pour l’instant une énigme, cependant, la clé de l’énigme pourrait se résoudre en partie à travers cette vidéo dont seul le couple présidentiel probablement est détenteur.
Qui a filmé la scène ? Sur quelle base et à quel titre l’auteur a choisi d’envoyer une copie à Martine Moïse, pratiquement au moment où la scène se déroulait, en temps réel, deux minutes après le forfait ? Quel timing précis entre le temps de l’enregistrement et la transmission des images ? Quelle pourrait être la motivation de l’auteur de cette vidéo qui est lui aussi un autre témoin très important dans le cadre de cette affaire ? Autant de questions sensibles qui doivent être élucidées, dans le cadre du dossier Dorval.
Cette vidéo dont le couple présidentiel détient l’exclusivité qui n’a pas été rendue publique, pourrait constituer aussi une pièce à conviction dans le cadre de l’instruction en cours.
Jovenel Moïse a promis que ce crime ne restera pas impuni. Jusqu’où est-il prêt à aller pour favoriser l’aboutissement de l’enquête ? Acceptera-t-il ainsi que son épouse de témoigner devant le juge instructeur pour l’avancement de l’enquête ? Pourquoi refuse-t-il qu’une commission internationale indépendante participe à l’enquête sur l’assassinat de Me Dorval ?
Plus que des mots, il faut des actes concrets pour que justice soit rendue a Monferrier Dorval, ex-bâtonnier du barreau de l’ordre des avocats de Port-au-Prince.
Entre temps le train de la mort est en marche. Des cas d’enlèvement et de séquestration contre rançon, d’assassinats spectaculaires et d’actes cannibalistes continuent de faire la une de l’actualité, au grand dam des autorités chargées d’assurer la sécurité et la protection de la population.
Pas un jour ne se passe sans qu’on enregistre des morts violents, des rapts et des cas de disparition.
L’un des cas les plus spectaculaires est celui de l’assassinat le 6 novembre dernier du policier Jean-Gardy Edouard (37 ans) affecté au Sous-Commissariat de Marché Salomon. Son cadavre a été brûlé et sa chair consommée par des bandits qui ont commis ce forfait, en signe de représailles.
Le 8 novembre 2020, un couple protestant a été attaqué par des bandits dans la région de Montrouis. Le Pasteur Jean Francois Louis a été tué sur le coup chez lui de plusieurs balles. Sa femme enceinte de plusieurs mois, Luciana Exinor Louis, grièvement blessée lors de cette attaque, a rendu l’âme à l’hôpital.
Le cadavre décapité d’Anise Boisrond (22 ans), enlevée par des bandits le 1er novembre dernier dans la localité de Durocher (deuxième section communale de Torbeck, Sud), a été retrouvé le 10 novembre. Les quatre (4) membres de la victime ont été sectionnés et son cœur emporté, rapportent certains témoins.
A moins de trois mois de l’échéance constitutionnelle de son mandat présidentiel, Jovenel Moïse a jugé bon de faire le tour d’un certain nombre de stations de radio à Port-au-Prince qu’il a lui-même sélectionnées pour se glorifier et vanter mérites et réalisations réelles ou imaginaires.