Port-au-Prince, dimanche 2021- Pierre Espérance qualifie d’erreur stratégique que des partis de l’opposition ont fait appel à l’Organisation des Etats Américains (OEA) qui a cautionné jusqu’ici toutes les bêtises du pouvoir en place, dit-il, pour jouer le rôle de médiateur dans la crise haïtienne.
Selon le défenseur des droits humains qui reproche à l’OEA ses prises de positions partisanes dans la crise politique qui secoue le pays depuis plus de trois (3) ans, l’opposition fait une mauvaise lecture de la situation actuelle en faisant appel à une instance acquise totalement à la cause du régime PHTK dans la recherche d’une solution.
‘’Contrairement à l’article 134-2 de la constitution et les différentes entités nationales et internationales qui ont conclu à l’expiration du mandat de Jovenel Moïse depuis le 7 févier 2021, l’OEA et les Etats-Unis, ont affirmé que le mandat devrait se prolonger jusqu’au 7 février 2022,’’ déclare Pierre Espérance.
Répondant aux questions de RHINEWS, Pierre Espérance estime qu’il n’y a aucune différence entre l’OEA et le pouvoir de facto en place qui partagent le même point de vue sur la crise et qui s’entendent pour violer la constitution haïtienne, violer les droits humains et maintenir les haïtiens dans la misère.
‘’Ce sont les Etats-Unis, l’ONU, l’OIF et l’OEA qui, malgré l’absence évidente de conditions politiques et techniques, continuent de faire pression pour l’organisation d’élections dans le pays. Je suis désolé de constater que l’opposition n’a pas fait appel à la CARICOM, ni aux bons offices du parlement européen ni aux congrès des Etats-Unis qui ont pris position en faveur de la démocratie et l’Etat de droit en Haïti,’’ déclare Pierre Espérance.
Selon M. Espérance, ce serait naïf de faire confiance à l’OEA de Luis Almagro pour conduire une médiation entre l’opposition et ses alliés du PHTK. Il affirme que M. Almagro opérant sous couple réglée des Etats-Unis, a fait main basse sur toutes instances indépendantes de l’OEA dont la commission interaméricaine des droits humains (CIDH) et le conseil permanent, pour les mettre au service de secteurs réactionnaires.
Il déplore que la mission de l’OEA qui arrive cette semaine en Haïti se compose majoritairement d’ambassadeurs représentants de pays dirigés, pour la plupart, par des gouvernements d’extrême droite ou membres du Core Group, tels que le Brésil, l’équateur, les Etats-Unis et le Canada.
‘’Dans ce cas, dit M. Espérance, il serait plus simple de faire appel au Core Group pour assurer la médiation et on saurait dans quel sens les discussions seraient orientées puisque la position de cette entité par rapport au régime PHTK est déjà connue.’’
Il dit croire que la CARICOM jouit de plus de crédibilité pour faciliter des discussions entre les protagonistes de la crise haïtienne. M. Espérance déclare ne pas comprendre pourquoi l’opposition n’avait pas fait appel aux bons offices de la CARICOM en vue d’une médiation responsable et non partisane dans la crise.
Il déplore également que l’opposition s’apprêterait à rencontrer cette mission qui vient discuter d’élections et de formation d’un nouveau gouvernement essentiellement sans faire référence au référendum inconstitutionnel que Jovenel Moïse se propose de réaliser avec le soutien de l’ONU et de l’OEA entre autres.
Ce serait extrêmement grave si des secteurs de l’opposition minimisaient l’implication de l’OEA dans la démarche de M. Moïse pour imposer au pays une constitution consacrant le retour à la dictature. Ce serait un mauvais signal qui voudrait dire qu’une telle attitude cacherait quelque chose dont les citoyens ont le droit d’exiger des explications, soutient Pierre Espérance qui invite la population à ne pas baisser la garde et à être vigilante en jouant son rôle de souverain pour renverser la situation.