L’Evêque du Cap-Haitien dénonce l’apathie des acteurs internationaux dans la souffrance du peuple haïtien

Les eveques d'Haiti

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, 15 avril 2021 –(RHInews)- Mgr Launay Saturné qui faisait office de célébrant principal lors de la messe concélébrée par plusieurs évêques catholiques à l’Eglise Saint Pierre de Pétion-Ville ce 15 avril, a critiqué ce qu’il appelle la passivité des acteurs d’une certaine communauté internationale dans la crise haïtienne.

“Il ne faut pas se comporter comme des témoins passifs en laissant Haïti aller à sa perte”, a lancé le prélat comme un cri du cœur, devant une foule de fidèles catholiques et des membres de la société civile et politique.

L’idée d’organiser des messes dans tout le pays et autres pour ce 15 avril était commanditée par la hiérarchie catholique pour protester contre l’insécurité généralisée et réclamer la libération de dix (10) otages dont sept (7) religieux et religieuses enlevés depuis le 11 avril 2021 par un groupe de gang armé dénommé “400 Mawozo”.

Paraphrasant les cris de changement du Pape Jean Paul II en visite en Haïti en pleine dictature de Jean-Claude Duvalier en 1983, l’Evêque Launey Saturné a clamé haut et fort : “Il faut que la dictature du kidnapping cesse dans le pays”.

Ce qui lui a valu les ovations des chrétiens catholiques dans l’enceinte de l’Eglise Saint-Pierre de Pétion-Ville.

Il a réclamé, aux noms de de la Conférence des Religieux Haitiens et de la Conférence Episcopale Haïtienne, la libération sans condition et sans heurts de tous les otages.

Aux bandits qui ont le droit de vie et de mort sur la population, l’Evêque du Cap-Haitien qui est également président de la Conférence des Evêques d’Haïti, a demandé de déposer les armes et de ne pas faire le jeu de ceux qui veulent la fin du pays pour des motifs politiciens.

Mgr Launey Saturné a enjoint la population à assumer ses responsabilités historiques afin de laisser pour les générations futures un pays où le droit de tous et de chacun est respecté.

Des militants politiques postés dans les environs de l’Eglise Saint-Pierre au moment de la messe concélébrée par des membres de l’Episcopat haïtien ont été copieusement arrosés par des grenades lacrymogènes lancées par des policiers de l’UDMO affectés au Commissariat de Pétion-Ville.

Une situation vivement dénoncée par des membres d’organisations politiques et populaires présents sur les lieux.

La Conférence Episcopale Haïtienne avait annoncé pour le 15 avril la fermeture de toutes les écoles catholiques, congréganistes, presbytérales, les universités catholiques et autres pour protester notamment contre le rapt des religieux et religieuses haitiens.

Dans le même temps, les cloches des églises catholiques à travers le pays doivent retentir à midi ce même 15 avril, ainsi que la célébration de messes et/ou de réunions de prières.

En ce sens, le mot d’ordre de l’Eglise catholique a été respecté sur toute l’étendue du territoire, selon des journalistes et correspondants de médias sur place.

En effet, les cloches de toutes les Eglises catholiques ont sonné à l’heure prévue en signe de solidarité avec les haïtiens victimes d’actes de kidnapping et pour dire non à la dictature de Jovenel Moïse dont le mandat a expiré le 7 février 2021.

Des forces vives du pays incluant le secteur privé des affaires – pour une fois – ont adhéré à l’idée de la Conférence Episcopale Haïtienne, en apportant leur soutien tacite.

Le monde haïtien des affaires tournait au ralenti ce 15 avril. Les écoles, les universités et une partie du commerce n’ont pas fonctionné. Le transport public fonctionnait au ralenti, suite à l’appel de plusieurs syndicats de transport.

Pourtant, l’administration et les entreprises publiques fonctionnaient comme à l’ordinaire pour ce 15 avril considéré comme un jour spécial.

Etaient présents, les évêques Max Leroy Mésidor, Archevêque de Port-au-Prince, cardinal  Chibly Langlois, Évêque des Cayes, Évêque Kénel Alphonse, Évêque de Fort liberté