Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, le 20 octobre 2020- (RHInews)- Les Nations-Unies reviennent à la charge pour déclarer, cette fois-ci, qu’elles sont mobilisées “face à la montée de la violence et de la prolifération des gangs”, une semaine après les déclarations controversées du Secrétaire général relatives à la contribution notable des gangs armés fédérés dans l’amélioration du climat sécuritaire en Haïti.
Ces déclarations contenues dans un rapport rendu public le 25 septembre dernier ont eu l’effet d’une bombe dans la société haïtienne, notamment après l’assassinat spectaculaire du bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me. Monferrier Dorval.
Les gangs armés pullulent dans le pays, tuent, violent et pillent en toute impunité avec le support d’officiels haïtiens, selon plusieurs rapports des organismes haïtiens de défense des droits de l’homme.
Cette nouvelle position des Nations-Unies publiée dans leur tribune de presse en date du 20 octobre 2020, fait état d’une recrudescence d’épisodes de violence dont la population haïtienne est la principale victime.
“Depuis le meurtre de Me. Monferrier Dorval le 28 août dernier, étudiants, hommes de lois, travailleurs et entrepreneurs ont été assassinés, renforçant la peur au quotidien dans de nombreux foyers”, lit-on dans cette note des Nations-Unies, rappelant que “des centaines de familles sont actuellement hébergées dans des abris de fortune après que leurs maisons aient été incendiées par les gangs surtout dans les quartiers de Bel-Air et de La Saline”.
“Mis à part des menaces à l’encontre des journalistes et défenseurs de droits de l’homme pour avoir révélé et dénoncé des injustices”, le document souligne également le fait que “des manifestants soient tués ou blessés”, signalant au passage le cas tragique de l’étudiant Gregory Saint-Hilaire, froidement assassiné sur la cour de l’Ecole Normale Supérieure.
Plus loin, ce nouveau document qui contredit le précédent sur plusieurs points rappelle l’engagement des Nations-Unies de continuer à appuyer le système judiciaire, le développement de la police nationale et de la Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR).
Ces deux dernières institutions pour lesquelles les Nations-Unies avaient donné de bonnes notes dans le rapport du 25 septembre sont tout aussi décriées par la population.
Selon les mêmes rapports des organisations des droits de la personne, la police nationale devient le bras armé du pouvoir en place en réprimant sévèrement les manifestations pacifiques publiques, sit-in et autres, qu’elles soient de l’opposition ou de la société civile. Tandis que celles du groupe G-9 et Alliés et des policiers fantômes sont tolérées. Les écoliers publics qui réclamaient la présence de professeurs dans les salles de classe ont été passés à tabac ou gazés. La police, dans des certains cas, utilisent la force disproportionnée pour chasser les étudiants-manifestants, aux abords de leur faculté.
En ce qui a trait à la CNDDR, des organismes locaux des droits de l’homme reprochent à son responsable Jean Rébel Dorcénat le fait qu’il soit le porte-parole du groupe G-9 et Alliés de Jimmy Cherizier. Sur plusieurs stations de radio de la capitale, Jean Rébel Dorcénat avait fièrement déclaré qu’il était à l’origine du mouvement fédéré des gangs armés.
Toujours dans ce texte, les Nations-Unies déclarent promouvoir la protection des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels de la population haïtienne qui sont, à leur avis, autant d’acquis cruciaux sur lesquels doivent reposer les fondations d’une société plus juste