Les Etats-Unis déplorent que justice n’ait toujours pas été rendue aux victimes des massacres de La Saline et de Bel-Air

Antony Blinken, Secretaire d'Etat Americain

Washington, 30 mars 2021- Dans son rapport sur la situation des droits humains dans le monde rendu public ce mardi 30 mars 2021, le département d’Etat américain a fait état de nombreux massacres arbitraires et illégaux perpétrés par des bandes armées qui jouiraient du soutien et de la protection des membres du gouvernement.

Le rapport souligne également que l’inspecteur général de la police nationale haïtienne (IGPNH) était chargée d’enquêter sur la question de savoir si les meurtres commis par des policiers étaient justifiables et de renvoyer les cas d’homicides présumés illégaux au procureur du gouvernement.

Selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), 960 homicides ont été signalés entre janvier et fin septembre 2020. La Commission Episcopale Justice et Paix (CE-JILAP) de l’Eglise catholique a attribué la plupart des morts à la guerre des gangs et a appelé le gouvernement à enquêter sur les « forces cachées » derrière les meurtres, selon le rapport.

Le département d’Etat américain précise également qu’en juin, la ‘’Fondasyon Je Klere’’ (FJKL) a signalé ‘’qu’il y avait plus de 150 gangs actifs dans le pays ; elle alléguait un soutien actif du gouvernement haïtien aux gangs.’’

Le Réseau national pour la défense des droits humains RNDDH) a fait état de deux attaques de gangs dans le quartier Cité-Soleil en mai et juin qui ont fait au total 34 morts. En juillet, les attaques de gangs ont fait 50 morts, 15 viols et 30 disparus, a indiqué l’organisation. Le 31 août, une attaque de gangs dans le quartier de Bel Air à Port-au-Prince a tué au moins 12 personnes, selon la presse.

Selon un rapport du RNDDH cité par le département d’Etat, ‘’l’ancien policier Jimmy Cherizier dirigeait l’un des gangs clés. Des comptes rendus de presse et des défenseurs des droits humains ont rapporté que Jimmy Cherizier alias ‘’Barbecue’’ avait accès aux véhicules et à l’équipement du gouvernement et a fédéré plusieurs gangs.’’

Le BINUH et de nombreuses organisations de la société civile ont signalé que la violence des gangs dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et le département de l’Artibonite augmentaient à mesure que les gangs tentaient d’étendre leurs sphères de contrôle, selon le rapport.

En juin, les Nations Unies ont indiqué que le nombre d’arrestations de membres et de dirigeants de gangs était passé de 169 en janvier et février à 232 en mars et avril. ‘’Des groupes de la société civile ont fait savoir que les gangs avaient des liens étroits avec les élites politiques et économiques qui protégeaient les gangs de l’arrestation ou obtenaient leur libération s’ils étaient détenus, lit-on dans le document du département d’Etat.’’

Toujours selon le rapport, ‘’Les bandits ont tué plusieurs hauts fonctionnaires et personnalités, dont le substitut commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Fritz Gerald Cerisier en juin et Monferrier Dorval, président de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, le 28 août. Me Dorval a été tué devant son domicile par des individus non identifiés.’’

‘’Les autorités ont déclaré qu’elles continuaient d’enquêter sur le meurtre de Cerisier, mais qu’elles n’avaient pas identifié de suspect. Le procureur de Port-au-Prince a annoncé l’arrestation de quatre (4) suspects dans l’assassinat de Monferrier Dorval, a rappelé le département d’Etat.’’

Le rapport cite également le cas de Grégory Saint-Hilaire. Le 2 octobre, l’étudiant Grégory Saint-Hilaire aurait été abattu par des agents de sécurité travaillant pour l’Unité générale de sécurité du Palais national (USGPN) lors d’une manifestation à l’École Normale Supérieure (ENS). Le gouvernement a déclaré qu’il avait ouvert une enquête, selon le rapport.

‘’Alors que les autorités ont affirmé qu’elles continuaient d’enquêter sur les massacres de 2018 et 2019 dans les quartiers de La Saline et Bel-Air qui ont fait des dizaines de morts, le gouvernement n’avait pas traduit en justice en décembre les auteurs. Jimmy Cherizier, Fednel Monchery et Joseph Pierre Richard Duplan, qui étaient fonctionnaires au moment des massacres de La Saline, figurent parmi les personnes impliquées dans les violences, a soutenu le département d’Etat américain.’’

A travers ce rapport, les Etats-Unis ont donc renouvelé leur appel en faveur de la justice pour les victimes de violations de droits humains, notamment ceux de La Saline, Bel Air et Grand Ravine. Les Etats-Unis qui continuent de soutenir Jovenel Moïse dont le mandat a pris fin, constitutionnellement, depuis le 7 février 2021, ont exhorté le gouvernement d’Haïti à protéger ses citoyens et intensifier les efforts pour traduire les auteurs des crimes en justice.