Les Etats-Unis dénoncent l’autoritarisme, l’impunité, les violations des droits de l’homme et la corruption en Haïti et menacent d’agir contre les responsables

Julie Chung, Secretaire d'Etat adjoint au Departement d'Etat

Washington DC, 18 mai 2021- Les Etats-Unis dénoncent sans réserve l’autoritarisme, l’impunité, les violations des droits de l’homme et la corruption, et menacent d’agir contre les responsables, comme ils l’ont fait en sanctionnant trois anciens fonctionnaires du gouvernement haïtien en décembre 2020 en vertu de la loi Global Magnitsky.

Dans un discours sur l’engagement électoral des Etats-Unis a l’occasion de la célébration du 218e anniversaire de la création du drapeau haïtien, la secrétaire d’État adjointe par intérim, Julie Chung a une nouvelle fois exprimé la préoccupation de son pays par rapport a l’exercice du pouvoir exécutif sans aucun contrôle parlementaire.

Elle a rappelé que les élections législatives qui auraient dû se tenir en 2019 se font attendre depuis longtemps.

‘’De ce retard, il en résulte un pouvoir exécutif non contrôlé depuis janvier 2020, puisque la chambre basse n’existe plus et qu’il y a trop peu de sénateurs pour atteindre un quorum. Il n’y a pas de séparation des pouvoirs et aucun moyen pour les branches du gouvernement de se tenir mutuellement responsables, selon Mme Chung, arguant que cette situation remet en question les préceptes fondamentaux de la démocratie haïtienne.’’

Julie Chung souligne que, cette période de gouvernance par décrets exercée par un seul homme a déjà conduit à l’annonce de la création d’une agence nationale d’intelligence, qui est problématique, à l’introduction de définitions douteuses du terrorisme, à la réduction du rôle d’institutions clés comme la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, et à la destitution et au remplacement de trois juges de la Cour de cassation.

‘’La décision de tenir un référendum pour adopter une nouvelle constitution ajoute encore à la controverse, surtout sans le bénéfice d’un examen par les pouvoirs législatif et judiciaire ou d’un processus consultatif inclusif et crédible qui intègre pleinement la société civile, a-t-elle soutenu.’’

Elle a insisté sur le fait que, comme l’avait souligné le Core Group, le mois dernier, le processus devant conduire au référendum sur la nouvelle constitution de Jovenel Moïse, n’était pas inclusif, transparent et participatif.

Elle a déclaré que les élections législatives sont le moyen démocratique de mettre fin à la gouvernance prolongée d’Haïti par décrets et que les élections présidentielles sont nécessaires pour transférer pacifiquement le pouvoir d’un dirigeant démocratiquement élu à un autre. ‘’ La démocratie haïtienne ne peut pas continuer ainsi, a-t-elle renchéri.’’

Elle a admis que nombreuses voix sont en désaccord sur le fait que la manière de restaurer pleinement la démocratie en Haïti passe par des élections libres et équitables et affirment qu’Haïti a besoin d’un gouvernement de transition pour la remettre sur la voie démocratique.

Cependant elle s’est interrogée sur ceux qui devraient réaliser cette transition et a quels électeurs devront-ils rendre des comptes ? En tant qu’organe dirigeant extraconstitutionnel, quelle loi déterminerait leur mandat ? Un gouvernement de transition empêcherait-il un nouveau chaos ? Cela rétablirait-il la ponctualité du calendrier électoral d’Haïti ?

‘’Nous avons vu cela auparavant et nous avons appris qu’il n’y a pas de raccourcis pour bâtir une démocratie résiliente et durable, a-t-elle déclaré.’’

Selon Julie Chung, les besoins du peuple haïtien sont beaucoup trop pressants pour que les élections soient encore retardées.

‘’Vous n’organisez pas d’élections quand cela vous convient, vous les organisez quand le moment est arrivé. Aux États-Unis, même pendant les moments les plus conflictuels et les plus controversés de notre histoire – ralentissements économiques, manifestations, catastrophes naturelles, guerre civile sanglante – des élections ont été régulièrement organisées pour que notre république puisse continuer à progresser, a ajouté Julie Chung.’’

Estimant qu’Haïti a cruellement besoin de cohérence démocratique et d’institutions au service du peuple, Mme Chung a admis que les prochaines élections a elles seules ne pourront pas résoudre les problèmes du pays.