Les conditions ne sont toujours pas réunies pour la réalisation d’élections en Haïti, selon des organisations de la société civile

Armes de guerre/ image d'illustration

Port-au-Prince, 3 décembre 2020- Des organisations de la société civile haïtienne continuent d’exprimer leurs inquiétudes quant à l’absence de conditions nécessaires à la réalisation d’élections crédibles dans le pays.

Dans un communiqué conjoint en date du 3 décembre 2020, plus d’une douzaine d’organisations de promotion et de défense des droits humains ont réaffirmé leur position par rapport à la tenue des élections dans le pays dans ce contexte de crise politique et de criminalité grandissante.

‘’ Les élections constituent l’un des mécanismes par lequel la population délègue la souveraineté nationale à des autorités démocratiquement constituées. Étant l’exercice de l’expression du libre choix des citoyens et citoyennes, les élections doivent s’organiser dans un climat sécuritaire et de respect des libertés publiques (liberté d’expression, d’association, de réunion et de circulation), écrivent les signataires.’’

Les organisations dénoncent ‘’la complicité entre le président Jovenel Moïse et le représentant spécial de l’Organisation des Nations-Unies, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies, les ambassadeurs, ambassadrices de l’Union Européenne, de l’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique et de la France, réunis au sein de ce qu’ils appellent le Core Croup, dans l’établissement en Haïti d’un pouvoir anti-démocratique, répressif et anticonstitutionnel.’’

Dans leur communiqué, les organisations relèvent que, ‘’ depuis plus de deux ans, on assiste partout à la prolifération des gangs armés soulignant que les libertés se réduisent de plus en plus et les citoyens et citoyennes ne peuvent pas circuler en toute quiétude dans le pays.’’

Les signataires signalement également que les rassemblements publics et les mouvements de protestation pacifiques sont systématiquement réprimés par la Police qui, à chaque fois, utilise abusivement du gaz lacrymogène, des projectiles, en caoutchouc et réels, qui causent de nombreuses victimes.’’

Les organisations de la société civile décrivent une situation particulièrement inquiétante où ‘’la population est prise en otage avec les attaques continuelles des gangs armés dans les quartiers populaires, les braquages quotidiens et la montée vertigineuse des kidnappings qui ciblent des personnes de toutes conditions et qui s’accompagnent souvent de viols, de tortures et d’assassinats.  Il a été répertorié de janvier à août 2020, mille deux cent-soixante-dix (1270) cas soit cent-soixante (160) par mois.’’

Soulignant que les autorités n’adoptent aucune mesure pour lutter efficacement contre le phénomène de l’insécurité, les signataires notent que les violateurs deviennent de plus en plus arrogants, au point de revendiquer leurs forfaits, les gangs armés se fédéralisent et prétendent d’être traités comme des organisations de la société civile.

POHDH, CE-JILAP, RNDDH, PAJ, SKL, CRESFED, ICKL, F-GAJ, Kay Fanm, MOUFHED, CONHANE, SOFA et Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen, font remarquer que la réalisation d’élections démocratiques nécessite que les acteurs et actrices aient confiance dans l’institution électorale. Or, soulignent-elles, le collège des conseillers et conseillères mis en place par l’Exécutif est illégitime et illégal.

‘’A cela s’ajoute le fait que, de manière arbitraire, l’Exécutif veut faire adopter une nouvelle Constitution avant les élections, dénoncent les organisations qui estime que, ce faisant, le processus électoral est vicié à la base.’’