Port-au-Prince, 23 janvier 2021– Le RNDDH met en garde le président Jovenel Moïse et son équipe contre un climat de répression systématique des libertés de circulation et d’expression entreprise depuis quelque temps dans le pays.
Ce climat est caractérisé par des arrestations illégales et arbitraires et par la répression violente et systématique de tous mouvements de protestation, souligne l’organisme de promotion et de défense des droits humains dans un communiqué de presse en date du 22 janvier 2021 dont la rédaction de RHINEWS a obtenu copie.
Le RNDDH note ‘’qu’il s’agit pourtant, pour leur grande majorité, de mouvements pacifiques organisés pour dénoncer l’insécurité, le kidnapping, les conditions générales de vie de la population et réclamer le départ du président de la République Jovenel Moïse dont le mandat arrive à terme le 7 février 2021.’’
L’organisation énumère un ensemble d’évènements survenus ces dernières semaines qui l’inquiètent particulièrement. Elle cite entre autres la marche pacifique du syndicat de la police nationale d’Haïti (SPNH-17) réprimée brutalement par la police le 17 janvier 2021.
Le 20 janvier 2021, une marche antigouvernementale a été organisée à Port-au-Prince.
Des policiers ont lancé des tubes de gaz lacrymogène en leur direction et ont fait usage de balles en caoutchouc et de balles létales à l’encontre de la foule qui, naïvement, avait cru que ces policiers allaient sécuriser le parcours de la marche soutient le RNDDH.
Au moins huit (8) personnes ont été blessées dont cinq (5) journalistes qui couvraient la marche. un journaliste du média en ligne ALTV, Alvalez DESTINE a été giflé par un policier affecté au Corps d’Intervention pour le Maintien de l’Ordre (CIMO).
Edouardo Ilenna EDOUARD, journaliste de Radio Résistance, Pierre Daniel LAMATINIERE journaliste du média en ligne Impartial Info, a été atteint à l’œil gauche, d’une (1) balle en caoutchouc. Reginald REMY, journaliste de Radio-Télévision Caraïbes FM, a reçu trois (3) balles en caoutchouc au bras gauche. Jean Wilner SEVERE, journaliste de Capital FM, a reçu un (1) tube de gaz lacrymogène au pied gauche et Mackenson SEVERE, journaliste de Radio Antilles gravement blessé, a été emmené à l’Hôpital Bernard Mevs avant d’être transféré à l’Hôpital OFATMA, précise le communiqué du RNDDH.
L’organisation informe également que Jeanty MANIS, enseignant, a été atteint de trois (3) balles en caoutchouc au bras droit ; Saintfort ainsi connu, a été victime aussi bien que Betty CLERGER commerçante, a reçu une balle létale au pied gauche. Elle a été conduite à l’Hôpital Bernard Mevs et attend encore une intervention chirurgicale pour extraire ladite balle.
Le RNDDH évoque également le cas du sénateur Nenel Cassy et d’autres militants politiques arrêtés en marge d’une manifestation pacifique antigouvernementale à Miragoâne par le commissaire du gouvernement de la zone, Jean Ernst Muscadin qui affirmait agir sur ordre du président Jovenel Moïse.
‘’A Carrefour, le 21 janvier 2021, des élèves de plusieurs établissements scolaires ont manifesté pour dénoncer le kidnapping dont sont aussi victimes des écoliers-ères. Ils ont été dispersés par des agents de l’Unité Départementale pour le Maintien de l’Ordre (UDMO) qui ont fait un usage excessif de gaz lacrymogène. De plus, au moins deux (2) élèves ont été arrêtés et bastonnés par des agents de la PNH, poursuit le RNDDH.’’
Selon l’organisme de défense des droits humains, les récents événements survenus à Port-au-Prince, Miragoâne, Petit-Goâve et à Carrefour constituent des violations flagrantes des libertés d’expression, de circulation et des libertés individuelles du peuple haïtien.
Le RNDDH juge inquiétant que ces cas de violation de droits humains se soient intensifiés au lendemain des déclarations menaçantes du président Jovenel Moïse qui a affirmé le 19 janvier 2021 que son Agence Nationale d’Intelligence (ANI), activé, lui permet déjà de collecter des informations relatives aux citoyens qui participent et/ou financent les mouvements antigouvernementaux.
Le RNDDH rappelle au président Jovenel Moïse et à son équipe, qu’ils sont en train d’emprunter la mauvaise voie : celle de la répression et des persécutions politiques.
‘’La profération de menaces, l’adoption de différents décrets liberticides, la politisation des forces de l’ordre pour mater les mouvements de protestation, ne lui permettront ni de rester ni de se renouveler au pouvoir, souligne le RNDDH.’’
Quant aux policiers, l’organisation rappelle que, pour avoir souffert pendant de longues années de sa politisation par des hommes au pouvoir, la PNH gagnerait à faire montre de son professionnalisme et à se mettre effectivement au service de la population haïtienne…