Port-au-Prince, mercredi 30 juin 2021- Le directeur exécutif du réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance déclare n’être pas surpris du rapport et des recommandations de l’OEA dont la démarche ne pourra aider à une résolution de la crise.
Selon M. Espérance qui avait décliné l’invitation des émissaires de l’Organisation des Etats Américains ayant séjourné du 8 au 10 juin dernier, estime qu’il ne fallait rien espérer de l’organisation hémisphérique qui, dit-il, a toujours pris parti pour le pouvoir de facto de Port-au-Prince.
‘’Comment l’OEA peut-elle raisonnablement demander aux acteurs politiques et de la société civile de composer avec Jovenel Moïse dont le mandat a expiré depuis le 7 février 2021, pour former un gouvernement, constituer un nouveau CEP et organiser des élections alors que les conditions minimales de sécurité ne sont pas réunies,’’ s’interroge Pierre Espérance ?
Il dit noter que, dans son rapport, l’OEA ne fait pas référence à un accord politique, se contentant de recommander la tenue d’élections, la formation de gouvernement et d’un CEP comme si la résolution de la crise devrait passer par un partage de gâteau.
‘’Etant directement impliquée dans la crise et pour avoir cautionnée toutes les violations des droits de l’homme, de la constitution et tous les crimes commis par des sbires du pouvoir illégal et illégitime de Jovenel Moïse, l’OEA s’est disqualifiée pour prétendre pouvoir jouer le rôle médiateur entre les acteurs haitiens,’’ selon Pierre Espérance.
Il estime que l’ensemble des partis de l’opposition et la société civile devraient opposer une fin de non-recevoir à la mission de l’OEA en Haïti, soulignant que cette organisation n’a jamais aidé à la résolution d’aucun conflit dans la région.
‘’Cela a été une erreur que des partis d’opposition avaient rencontré les émissaires de l’OEA, d’autant que, indique-t-il, 80% des partis qui ont répondu à l’invitation de l’organisation sont des alliés tacites ou déclarés du régime PHTK. On aurait pu faire l’économie de ce temps gaspillé dans des rencontres dont on savait qui n’allait aboutir à pas grand-chose,’’ soutient-il.
Selon le défenseur des droits humains, aller aux élections dans les conditions actuelles marquées notamment par l’institutionnalisation, voire l’officialisation des activités criminelles et des gangs armés qui imposent leurs lois à une population aux abois, c’est conduire le pays dans plus d’instabilité, de violence et de chaos.
‘’Si on veut livrer le pays totalement aux réseaux criminels qui sont déjà trop confortables en raison de l’impunité dont ils jouissent de la part de ceux qui sont sensés les combattre, on peut organiser des élections cette année dans les conditions actuelles sans une opération de désarmement complet des malfrats, pour consacrer le règne des bandits qu’on veut être légaux, déclare Pierre Espérance qui croit que la population doit dire son mot avant qu’il ne soit trop tard.’’
De l’avis de M. Espérance, la mission de l’OEA était venue en Haïti juste pour renforcer le soutien de l’organisation a Jovenel Moïse pour qu’il continue de mettre en œuvre son projet dictatoriale. C’est pourquoi, précise-t-il, l’OEA ne remet pas en question le projet anticonstitutionnel de référendum de Jovenel Moïse pour une nouvelle constitution.
Il croit que le comportement de l’OEA dans la crise participe d’un plan visant à stabiliser le chaos et normaliser la terreur d’Etat en Haïti.