PORT-AU-PRINCE, lundi 24 mars 2025 –Dieupy Chérubin, pasteur et ancien sénateur du Sud-Est, estime que le Conseil présidentiel de transition (CPT) a failli à sa mission de rétablir la sécurité et d’organiser des élections permettant le transfert du pouvoir à des autorités légitimes élues par le peuple haïtien.
Intervenant dans l’émission Perspective Plurielle, diffusée sur YouTube, Chérubin a vivement critiqué le CPT, affirmant qu’il n’a apporté aucune réponse aux urgences pour lesquelles il avait été instauré. « Le CPT n’a pas respecté la feuille de route qui lui avait été assignée. Ses membres se sont contentés de jouir des privilèges liés à leurs fonctions sans accomplir le moindre progrès tangible », a-t-il dénoncé.
Selon lui, les perspectives d’un référendum ou d’élections sous l’actuelle gouvernance sont pratiquement inexistantes. « La population n’a aucune confiance en ces dirigeants. De plus, la situation sécuritaire ne permet pas d’envisager un quelconque scrutin dans le contexte de crise actuelle. À moins d’un miracle, les membres du CPT, dont certains sont impliqués dans des affaires de corruption, ne pourront pas se maintenir au pouvoir », a-t-il averti.
L’ex-parlementaire, ancien membre de la majorité présidentielle sous Jovenel Moïse, prédit la chute imminente du CPT et prône son remplacement par un juge issu de la Cour de cassation. Il révèle que plusieurs structures politiques et personnalités – dont lui-même – finalisent actuellement une proposition alternative, qui devrait être rendue publique d’ici début avril.
Pour Chérubin, la résolution de la crise sécuritaire passe nécessairement par une nouvelle transition, qu’il espère être la dernière. Il plaide pour une gouvernance resserrée, dirigée par un magistrat de la Cour de cassation, une solution qui, selon lui, se rapproche davantage des principes constitutionnels et offrirait au président et au Premier ministre un cadre plus efficace pour résoudre les problèmes du pays. « Dès le départ, j’étais convaincu que cette formule à neuf présidents ne fonctionnerait pas », a-t-il insisté.
Quant aux stratégies à adopter pour restaurer la sécurité en Haïti, Chérubin ne tranche pas entre une réponse musclée ou une négociation avec les organisations criminelles. Pour lui, « ce qui importe, ce n’est pas tant la méthode, mais plutôt l’urgence de sortir le pays de l’emprise des groupes armés ». Il assure ne pas entretenir de liens avec ces factions et minimise l’impact que pourrait avoir l’initiative du groupe Viv Ansanm, qui milite également pour la nomination d’un juge à la Cour de cassation en vue d’une nouvelle transition.