Washington, mercredi 30 juin 2021- La Commission affaires étrangères de la chambre des représentants des Etats-Unis exprime à nouveau sa préoccupation face à la détérioration de la situation en Haïti.
Dans une correspondance au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, la commission affirme que Jovenel Moïse dirige par décrets depuis janvier 2021 et ses actes autoritaires se sont renforcées.
‘’La situation en Haïti continue de se détériorer alors que la criminalité, la corruption, la pandémie et l’impasse politique exercent une pression supplémentaire sur la société civile,’’ écrivent Gregory Meeks, président la commission, Michael T. McCaul, Albio Sires et Mark E. Green.
Selon les congressmen américains, il est temps que Jovenel Moïse reconnaisse la sévérité de la crise multi-dimensionnelle à laquelle Haïti face, arguant que clairement, ‘’il ne prend pas au sérieux l’expression des préoccupations des partenaires internationaux d’Haïti à propos de l’instabilité qui ne cesse de s’accroitre autour de lui.’’
‘’Il est impératif que l’administration Biden adresse la crise haïtienne et supporte les meilleures mesures qui peuvent servir le peuple haïtien, indiquent les parlementaires qui disent prendre note du report du référendum sur une nouvelle constitution contestée, cette année.’’
Selon la correspondance aussi longtemps que le gouvernement de Jovenel Moïse continue d’insister sur la tenue cette année de ce référendum, les conditions pour un dialogue politique et la réconciliation ne pourront pas être réunies.
‘’Non seulement de nombreux juristes haitiens estiment que ce référendum est une violation de l’actuelle constitution, mais imaginer qu’on doit voter une nouvelle constitution et réaliser des élections présidentielles et législatives sans contrôle sur le président est tout simplement une prescription pour un désastre,’’ écrivent-ils.
‘’Pendant que nous nous sommes d’accord avec l’administration Biden que les élections sont les seules voies de sortir de l’impasse, ces élections doivent vraiment libres et crédibles tel que souhaité internationalement et jouir de la confiance totale du peuple haïtien, soutient les parlementaires qui précisent que l’histoire montre que des élections qui ne respectent pas ces critères pourront seulement engendrer plus d’instabilité et de violence.’’
‘’Dans le contexte actuel, il est que les conditions pour la tenue d’élections libres et transparentes n’existent pas. Ils rappellent en ce sens, les déclarations de l’ancienne ambassadrice américaine en Haïti, Pamela White avait déclaré en mars dernier, lors d’une audition devant la commission affaires étrangères, ‘’qu’il est difficile d’imaginer d’avoir des élections réussies en Haïti cette année. Je ne crois pas que les institutions nécessaires pour assurer une transition en douceur sont en place.’’
Selon les parlementaires, une bonne étape pour restaurer la crédibilité des élections consiste à reformer le conseil électoral provisoire (CEP) afin de s’assurer qu’il est représentatif du peuple haïtien et de la société civile, plutôt qu’un groupe de loyalistes à Jovenel Moïse.
Pour adresser la corruption qui sévit en Haïti, écrivent-ils, ils disent croire que les agences chargées d’exécuter les lois américaines devraient prendre une part plus active pour investiguer, en relation avec les lois américaines sur les impôts, sur les politiciens et acteurs du secteur privé, dans l’intérêt des Etats-Unis.
‘’Une telle investigation devrait s’intéresser également à l’utilisation d’institution financières américaines pour des opérations de blanchiment d’argent aussi bien que sur les réseaux de trafic d’armes et de drogues qui alimentent la violence des groupes de gangs violents et des acteurs illégaux qui gagnent rapidement le pouvoir dans tout le pays,’’ insistent-ils.
Ils recommandent que cette investigation devrait examiner les liens financiers entre des officiels du gouvernement et les gangs, sachant que de redoubles chefs de gang demeurent en liberté, en dépit du fait que leur implication dans de graves crimes soit bien documenté.
Les parlementaires affirment que le peuple haïtien et les Etats-Unis partagent un profond lien et le Congrès des Etats-Unis a fourni des centaines de millions de dollars d’assistance humanitaire et de développement au peuple haïtien.
‘’Nous voulons qu’Haïti progresse. C’est pourquoi nous que l’administration Biden doit faire tout ce qui est en ses pouvoirs pour répondre aux appels du peuple haïtien et de la société civile et soutient la restauration de la démocratie participative en Haïti,’’ recommande-t-il.