L’Ambassade américaine demande au président Jovenel Moise de mettre une sourdine à ses dérives constitutionnelles

Jovenel Moise, President de la Republique

Par Jacques Kolo,                                                      

Port-au-Prince, le 26 aout 2020 -(RHInews) – Dans deux tweets distincts publiés le 25 août 2020 à la fois en créole, en anglais et en français, l’Ambassade américaine à Port-au-Prince a demandé au président Jovenel Moise de se focaliser sur l’organisation des prochaines élections législatives, en lieu et place de la publication d’un flot de décret en l’absence du Parlement.

L’Ambassade a déclaré encourager l’administration de Jovenel Moïse à planifier ces élections et continuer à gérer le pays en ce qui a trait à la sécurité, la santé et la vie des citoyens, en attendant le fonctionnement régulier du Parlement.

Dans un autre tweet publié le même jour, l’Ambassade américaine à Port-au-Prince a proposé que le nouveau Parlement puisse avoir l’opportunité de revoir, d’approuver ou de rejeter les différents décrets publiés par Jovenel Moïse.

“Nous supportons les institutions démocratiques en Haïti”, a écrit l’Ambassade qui s’était tue le 13 janvier dernier quand Jovenel Moïse décida de constater la fin du mandat d’un deuxième tiers du Sénat, au détriment de la Constitution en vigueur et de la loi électorale régissant ces élections.

Jovenel Moïse, à travers ces tweets, semble avoir le vent en pourpre en ce qui a trait à l’organisation prochaine de ces joutes rejetées à l’avance par des secteurs vitaux de la vie nationale.

Des groupements et partis politiques de l’opposition se sont inscrits en faux contre ces élections qui, selon eux, seront organisées par un Conseil Electoral à la solde du pouvoir en place au détriment même de la société.

Déjà, Jovenel Moïse a annoncé que six (6) des neufs (9) organisations et institutions de la société civile composantes de ce Conseil Electoral Provisoire (CEP) ont déjà fait choix de leur représentant, dans le cadre de l’esprit de la Constitution haïtienne de 1987 dans ses dispositions transitoires relatives à la formation d’un CEP de consensus.

Pourtant, la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) déclare rejeter la démarche du président Jovenel Moise pour la reconstitution d’un nouveau CEP devant organiser les prochaines élections.

Le Secrétaire général de la POHDH, Alermy Piervilus, a plaidé ce 25 août 2020 pour un accord politique au préalable avant la désignation des neufs (9) membres du CEP par des organisations et institutions concernées.

La stratégie du pouvoir en place consiste à court-circuiter les organisations et institutions ayant une certaine authenticité et notoriété dans le milieu pour faire place à d’autres nouvellement créées ou inconnues du grand public aux fins de déléguer leur représentant au sein du nouveau CEP.

A titre d’exemple, le Cabinet Particulier du président Jovenel Moise a écrit le 24 aout dernier à une organisation membre de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH) dénommée: “Forces des Eglises Evangéliques pour le Développement Social (FOEDES)” pour qu’elle fasse choix de son représentant au CEP, au détriment de la Fédération Protestante d’Haïti (FPH), de la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH), du Conseil National Spirituel des Eglises d’Haïti (CONASPEH) et de la Fédération des Pasteurs du Grand Nord (FEPAGNO).

Ces quatre (4) regroupements représentatifs du secteur protestant haïtien avaient fait choix, par consensus, de leur représentant au dernier CEP.

La POHDH est composée des organisations suivantes : ICKL, Gaj, Paj, CRESFED, SKL, CJLAP, RNDDH