QUARTIER-MORIN, Nord), mardi 4 mars 2025- Dans une analyse de la situation politique en Haïti, le sociologue et ancien député de Quartier-Morin, Hugues Célestin, dénonce ce qu’il appelle « l’abaissement » comme une idéologie dominante chez ceux qu’il qualifie de « nouveaux collabos du système ». Selon lui, « ces esclaves modernes adorent leurs chaînes ! », incarnant une servitude volontaire qui, jadis exceptionnelle et honteuse, est aujourd’hui devenue une norme. Il fustige cette nouvelle caste de politiciens, technocrates et intellectuels qui, loin de défendre les intérêts du peuple haïtien, consacrent leur énergie à protéger un régime corrompu et criminel, imposé par des forces étrangères et maintenu par une minorité dévouée à ses propres privilèges.
Hugues Célestin prend pour cible le Conseil de Protection des Truands (CPT), une institution qu’il considère comme un instrument au service d’intérêts étrangers, notamment du Core Group, sous la houlette de l’ambassade américaine. Il accuse ce conseil de n’être qu’une façade administrative, un écran de fumée destiné à masquer une gestion prédatrice du pays. Selon lui, « les membres du CPT ne sont que des exécutants d’un ordre dicté ailleurs, des administrateurs sans légitimité réelle, engagés dans une entreprise de liquidation du pays sous couvert de gouvernance. »
Il illustre son propos avec des faits récents, notamment l’affaire Emmanuel Vertilaire, qu’il considère comme une parfaite illustration de la duplicité politique. Membre influent du groupe Pitit Dessalines, Vertilaire a récemment tenté de prendre ses distances avec le gouvernement en affirmant qu’il n’avait pas participé au Conseil des ministres du 28 février. Mais Hugues Célestin ironise sur cette tentative de fuite, soulignant que Vertilaire lui-même reconnaît que ce gouvernement « n’a rien apporté au peuple haïtien », tout en continuant d’en tirer les avantages. « C’est un marronnage politique de bas étage, une manière de se protéger du naufrage tout en restant à bord du navire. »
Il rappelle aussi que le groupe Pitit Dessalines contrôle le ministère de l’Agriculture, un secteur clé où pourtant aucune réforme notable n’a été entreprise. Il dénonce une gestion catastrophique, marquée par l’inertie et la corruption, pendant que les paysans haïtiens sombrent dans une précarité toujours plus grande. « Ces gens n’ont aucun projet de développement, aucun programme pour la souveraineté alimentaire. Ils se contentent de gérer leurs privilèges pendant que la terre se meurt. »
Mais au-delà des individus, Hugues Célestin critique aussi la mécanique même du pouvoir haïtien, où les décisions cruciales ne sont pas prises à Port-au-Prince mais dans les bureaux de l’ambassade américaine. Il évoque la récente convocation de trois membres du CPT, éclaboussés par l’affaire BNC, non pas devant la justice haïtienne, mais directement à l’ambassade américaine. Pour lui, cette scène illustre parfaitement l’état de soumission totale du pays : « Ne vous faites aucune illusion, c’est là que les neuf Conseillers, de simples employés d’une multinationale très particulière – Haïti sous tutelle – viennent prendre leurs instructions. »
Hugues Célestin insiste sur la servilité des élites haïtiennes, qui cherchent à tout prix à s’attirer les faveurs des puissances étrangères. Il décrit une classe politique où les individus n’hésitent pas à vendre leur pays pour un poste, une nomination ou une simple protection personnelle. « Ils n’ont ni conviction ni honneur, ils ne cherchent que leur survie dans ce système mafieux. » Il rappelle que la communauté internationale, qui prétend imposer des « solutions », agit en réalité comme un syndic de faillite d’Haïti, choisissant qui doit diriger selon ses intérêts. « Ce sont les mêmes puissances qui détruisent le pays et qui ensuite jouent les arbitres de son avenir. »
Il critique aussi l’attitude des intellectuels et des journalistes de service, qui, au lieu d’analyser objectivement la situation, participent à l’entreprise d’abêtissement collectif en défendant l’indéfendable. « Ils savent que ce régime est un échec total, mais ils continuent de lui chercher des excuses, de masquer son incompétence par des artifices médiatiques. » Il rappelle que cette attitude n’est pas nouvelle en Haïti : dans chaque période de crise, un groupe d’intellectuels s’aligne toujours sur le pouvoir en place, espérant en tirer un avantage. « Ils prétendent analyser, commenter, mais ils ne font que justifier l’inacceptable. »
Hugues Célestin considère que l’histoire ne pardonne jamais la trahison, et que ceux qui servent aujourd’hui ce régime, croyant bénéficier de privilèges, finiront par être balayés par la colère populaire. « Le jour viendra où le peuple haïtien leur rappellera que toute trahison a un prix. » Il estime que l’heure du réveil approche et que chaque acteur politique devra choisir son camp : celui des héritiers de Vertières ou celui des esclaves collaborateurs. Il appelle les Haïtiens à ne plus accepter cette domination imposée sous des prétextes fallacieux, à refuser de se soumettre aux injonctions d’une classe dirigeante corrompue et aux diktats étrangers.
« Ce pays a trop souffert de la trahison et de la médiocrité. Il est temps d’en finir avec les imposteurs et de restaurer la dignité nationale. »