GEORGETOWN, (Guyana ), dimanche 6 avril 2025, (RHINEWS)– La Présidente en exercice de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), l’Honorable Mia Amor Mottley, s’est adressée à l’ensemble des citoyens caribéens dans une déclaration empreinte de gravité, alertant sur l’ampleur des crises mondiales et leurs effets immédiats sur les économies et les sociétés de la région.
S’exprimant non pas en tant que Première ministre de la Barbade, mais en tant que voix unie de la Communauté caribéenne, Mme Mottley a dressé un constat sans détour : le monde traverse l’une des périodes les plus critiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La menace climatique, la flambée des prix liée à la dislocation des chaînes d’approvisionnement depuis la pandémie, la montée de la désinformation et l’instabilité géopolitique pèsent lourdement sur les pays de la région. À cela s’ajoute une crise mentale grandissante chez les jeunes, alimentée par le désespoir et l’insécurité croissante.
Le ton s’est encore durci avec l’évocation du risque d’une guerre commerciale mondiale, conséquence directe des nouvelles mesures protectionnistes américaines visant les importations en provenance de Chine. L’instauration annoncée d’une taxe de 1 à 1,5 million de dollars sur les navires chinois accostant aux ports américains affectera inévitablement les prix à la consommation dans les pays caribéens, où la majorité des biens est importée directement ou indirectement via les États-Unis.
Mme Mottley a souligné que cette crise n’épargnera personne, pas même les plus isolés ou les plus modestes : enseignants, mécaniciens, agriculteurs. Si l’alimentation, les vêtements, l’électronique ou les véhicules deviennent plus chers, c’est l’ensemble du tissu social et économique caribéen qui sera touché. L’économie de la région, petite et vulnérable, n’a ni la capacité ni le poids nécessaire pour influer sur les grandes dynamiques commerciales mondiales. Même une suppression complète des tarifs internes à la CARICOM ne suffirait pas à compenser les effets des bouleversements extérieurs.
La dirigeante a mis en garde contre un impact en cascade sur le secteur touristique, vital pour l’économie régionale, et a appelé à la mobilisation collective des gouvernements, du secteur privé et des opérateurs touristiques afin d’élaborer des stratégies communes pour maintenir l’attractivité de la région dans un contexte mondial incertain.
Face à cette conjoncture difficile, elle a insisté sur la nécessité d’un sursaut régional. Elle a plaidé pour un dialogue franc et direct avec les États-Unis, rappelant l’histoire de coopération économique, notamment dans le cadre de l’Initiative du Bassin des Caraïbes lancée sous l’administration Reagan. Selon elle, les États-Unis doivent comprendre que la Caraïbe ne représente aucune menace pour leur économie, bien au contraire, elle demeure une zone de stabilité, de partenariat et de liens humains forts.
La Présidente de la CARICOM a également appelé à renforcer la coopération entre les États membres, à éviter toute division interne et à accélérer la marche vers l’autonomie productive, en particulier dans les domaines agricole et manufacturier. Elle a exhorté les citoyens à consommer local et régional, soulignant que les produits de la Caraïbe sont souvent meilleurs, plus frais et compétitifs.
En conclusion, Mia Amor Mottley a lancé un message d’unité, de résilience et d’espoir. Elle a rappelé que les peuples caribéens ont surmonté des épreuves bien plus rudes au cours de leur histoire, et qu’ils sont capables, une fois encore, de faire front, ensemble.
« Il y a des turbulences dans nos eaux, mais si nous prenons soin les uns des autres, si nous misons sur notre force collective, alors oui, nous y arriverons. Nous le pouvons. Nous le ferons », a-t-elle affirmé.