La police réprime brutalement une manifestation de l’opposition qui réclame le respect de la constitution…

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, le 15 janvier 2021– (RHInews)- Plusieurs milliers de personnes ont gagné les rues  de la capitale et dans certaines villes de province ce vendredi 15 janvier 2021 pour exiger le respect de la constitution haïtienne sous légide de laquelle le président Jovenel Moïse a été élu.

Contrairement aux dispositions de l’article 134-2 de la constitution et de l’article 239 du décret électoral du 2 Mars 2015, Jovenel Moïse continue de répéter sans cesse que son mandat prendra fin le 7 février 2022. Ce qui n’est pas du tout du goût de l’opposition qui le soupçonne de voir s’accrocher au pouvoir au-delà de la fin de son mandat constitutionnel afin d’établir une dictature en Haïti.

Lors de cette manifestation convoquée par plusieurs plateformes politiques de l’opposition haïtienne pour forcer au départ le président Jovenel Moise à la fin de son mandat constitutionnel, le 7 février 2021, les protestataires ont dénoncé la corruption, le kidnapping contre rançon et la violence “bien entretenus” par le pouvoir en place, à travers le groupe G-9 de Jimmy “Barbecue” Cherizier.

À Port-au-Prince, la police nationale, en plusieurs points, a réprimé avec violence la manifestation qui se déroulait pacifiquement tout le long du parcours depuis l’autoroute de Delmas jusqu’au Champ-de-Mars.

Tout au début, des policiers du corps spécialisé du CIMO ont établi un cordon de sécurité au niveau de Delmas 24 pour  empêcher les manifestants de progresser.

A Delmas 32, des civils armés ont attaqué des manifestants en ouvrant le feu en leur direction.

Une situation qui s’est vite dégénérée entre opposants et policiers. Plusieurs militants ont été malmenés par les forces de l’ordre présents.

Selon les informations, au moins deux petrochallengers ont été brutalisés, puis arrêtés par la police. Réginald Dumé en était un.

Même constat à l’Avenue Martin Luther King où des agents de la BIM ont malmenés sévèrement des manifestants. Au niveau de “Carrefour” Petit-Four, des policiers ont tiré à balles réelles  sur les manifestants pour les dissuader d’atteindre l’aire du Palais National où un message de circonstance allait être délivré à la fin de la marche.

Des journalistes ont été également victimes de la “barbarie” des agents de la police administrative affectés au Commissariat de Port-au-Prince, lors de la manifestation. C’était le cas du journaliste Edrice Fortuné  agressé par un policier qui a aspergé littéralement son visage à l’aide d’une bonbonne de gaz lacrymogène, ont rapporté des confrères sur place.

Des pneux enflammés  ont été érigés en plusieurs endroits notamment à Delmas 19,24, 27,29,31. Chauffés à blanc et munis de pancartes sur tout le parcours, les manifestants ont réclamé le départ du pouvoir de Jovenel Moïse à la fin de son mandat pour éviter, ont-ils dit, au pays de sombrer dans le chaos.

Plusieurs responsables d’organisations, partis et groupements politiques ont payé de leur présence à cette manifestation qui constitue , selon eux, la première de toute une série dans le cadre de la mobilisation générale pour dire non à Jovenel Moïse qui souhaite une rallonge d’une année de son mandat présidentiel.

Au nombre desquels figurent, le syndicaliste Duclos Benissoit, le professeur Josué Mérilien, les militants politiques Abel Loreston, Biron Odigé, Jeanty Manus et René Civil.

René Civil a fustigé, pour sa part, le comportement “déshonorant” du Directeur général par intérim de la police nationale Léon Charles qui veut s’octroyer plus de pouvoir en  déclarant “zone internationale interdite” tout l’environnement de l’aéroport de Port-au-Prince.

“C’est la preuve que nous sommes en pleine dictature”, a lancé René Civil au micro des journalistes, lors de la manifestation.

Même son de cloche du coté de Me. André Michel qui qualifie Léon Charles d’apprenti dictateur. A son avis, M. Charles tente de barrer la route aux manifestants en décrétant zone interdite l’aire de l’aéroport international de Port-au-Prince.

“Le droit du peuple haïtien de manifester est sacré. Personne ne peut le lui ravir”, a indiqué ce responsible du Secteur Démocratique et Populaire.

Des dirigeants de la nouvelle plateforme politique de l’opposition, ‘’Operasyon Tet Ansanm’’ se sont félicités d’avoir mobilisé de nombreux militants de base et certains cadres de cette structure pour prendre part à la journée de mobilisation du 15 janvier qu’ils considèrent comme une réussite.

Jean Danton Léger, Evalière Beauplan, Déus Déroneth, Joseph Manès Louis, Serge Jean-Louis, Antoine Rodon Bien-Aimé et Yvon Feuillé se sont réjouis de ce que malgré les actes d’intimidation et de brutalité policière, les citoyens ont foulé le macadam pour forcer Jovenel au respect de l’article 134-2 de la constitution, selon lequel, son mandat constitutionnel expire le 7 février 2021.

Plusieurs villes de province ont connu également une journée mouvementée, lors de la mobilisation citoyenne pour le respect de la constitution. Au nombre desquelles, figuraient Gonaïves, Jacmel, Cap-Haïtien, les Cayes et Petit- Goave.

D’autres ont organisé des sit-in et des conférences-débats pour maquer cette journée de mobilisation. C’était à Hinche où un sit-in a été organisé à l’initiative du Front Patriotique et Populaire (FPP) pour exiger le respect de l’article 134-2 de la constitution de 1987 amendée.