La FENAMH dénonce l’exclusion des collectivités territoriales du processus référendaire…

DELMAS,  vendredi 6 février 2025 La Fédération Nationale des Maires d’Haïti (FENAMH) exprime sa profonde inquiétude quant au processus référendaire en cours et dénonce l’exclusion des collectivités territoriales du débat constitutionnel. Dans une note de presse, elle rappelle que la Constitution de 1987, bien qu’imparfaite, a introduit la décentralisation comme une orientation majeure du régime politique haïtien. Cependant, elle constate que les collectivités et leurs organisations représentatives sont écartées des discussions, alors qu’elles devraient être au cœur de cette réforme.

La FENAMH souligne que la question des « inadéquations des temps constitutionnels et des mandats » a souvent été évoquée et rappelle que l’ancien président René Garcia Préval considérait la Constitution de 1987 comme « le plus grand obstacle au développement du pays ». Toutefois, lorsqu’il en eut l’occasion, il se limita à un amendement réduisant le rôle politique des collectivités territoriales dans le processus de nomination des juges. Ce transfert des compétences locales aux trois pouvoirs centraux, tous sous contrôle présidentiel, est perçu comme une centralisation excessive contraire aux principes de gouvernance démocratique et locale.

L’organisation critique également la démarche du Conseil Électoral Provisoire (CEP), qui dit mener une campagne d’information sans qu’aucun élu local n’ait eu accès à une copie du texte proposé. « On aurait dû, à l’occasion, imprimer des centaines de copies de la version créole du texte qui pourraient être distribuées par les fédérations d’élus dans toutes les villes, les sections et les coins les plus reculés », estime la FENAMH.

Un autre sujet de préoccupation réside dans la manière dont le CEP organise les débats départementaux. Selon la FENAMH, ces rencontres sont biaisées : « Les conseillers du CEP sont les seuls animateurs dont le rôle est de convaincre la foule de voter ‘Oui’, dans la même veine que ces affiches qui invitent à voter ‘Oui’ ». L’organisation met en garde contre un exercice partisan qui transformerait cette campagne en un simple plaidoyer en faveur d’une réforme dont les citoyens ignorent encore les véritables enjeux.

Face à cette situation, la FENAMH réitère son soutien à l’idée d’une assemblée constituante, qu’elle juge « plus facile à organiser et à gérer » qu’une Conférence nationale souveraine. Elle rappelle néanmoins que ces deux options restent complémentaires.

Enfin, la Fédération appelle à une correction du processus en cours afin d’éviter toute suspicion de manipulation. « Il n’est pas trop tard pour rectifier un processus qui est loin d’inspirer confiance et qui semble apporter de l’eau au moulin des mauvaises langues qui y voient une main cachée derrière un complot contre les intérêts du pays », avertit-elle.

Prête à jouer un rôle actif, la FENAMH se dit disposée, avec les autres fédérations d’élus locaux, à mobiliser la population pour garantir un processus inclusif et respectueux des principes de décentralisation.