Paris, 25 février 2021- La Coordination Europe Haïti (COEH) estime que le mandat de Jovenel Moïse a pris fin le 7 février 2021 et que désormais, celui-ci exerce un pouvoir illégal, en dehors de la constitution.
Dans une correspondance à l’Union Européenne et ses Etats-membres, la COEH écrit ceci : ‘’Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire a déclaré constater la fin du mandat constitutionnel de Jovenel Moïse. Malgré cela, contre l’avis de juristes, de la Fédération des barreaux d’Haïti, de la conférence épiscopale catholique, de diverses organisations du secteur protestant, de médias, de syndicats, de mouvements féministes, des petrochallengers, de l’opposition politique et d’une grande partie de la société civile haïtienne, Jovenel Moïse s’accroche fermement au pouvoir et enfreint éhontément les règles du jeu démocratique.’’
La COEH souligne que, ‘’Il est prévu dans la constitution que les mandats des membres du parlement et du président débutent le 7 février de l’année électorale et non le jour où ils prêtent serment. C’est en suivant ce principe constitutionnel que Jovenel Moïse avait par ailleurs déclaré la caducité du parlement il y a un an, devenant ainsi le seul maître à bord et gouvernant depuis par décret. Ainsi Jovenel Moïse refuse de se soumettre aux principes de la Constitution de 1987 et aux dispositions de la loi électorale.’’
L’organisation note que Jovenel Moiise prétend rester un an de plus le temps d’organiser un référendum constitutionnel et des élections pendant que le parti au pouvoir fait tout pour prolonger son règne, en dépit du mécontentement de la grande majorité de la population.
‘’D’aucuns évoquent déjà le retour de la dictature de type duvaliériste dans le pays par la volonté de Jovenel Moïse de gouverner à sa guise, soutient la COEH qui soupçonne le gouvernement de facto de se servir d’un coup d’Etat présumé et une tentative d’assassinat pour arrêter arbitrairement, jeter en prison une vingtaine de personnes, puis révoquer et remplacer des juges de la Cour de Cassation.’’
La COEH croit que, ‘’tous ces actes ne sont qu’une vaste opération du gouvernement pour installer définitivement un pouvoir autoritaire en Haïti, estimant malheureux que Jovenel Moïse reste aujourd’hui au pouvoir parce qu’il est soutenu par la communauté internationale ainsi que par des gangs armés qui sèment la terreur parmi la population.’’
Le peuple haïtien qui s’est insurgé depuis 2018 à maintes reprises contre ce pouvoir se sent abandonné par les Etats et les organisations internationales, pourtant férus de principes démocratiques et de défense des droits humains, souligne la COEH, déplorant que l’indifférence de la communauté internationale est devenue aujourd’hui complicité avec un pouvoir qui engendre une grande pauvreté, la violence des gangs, l’insécurité alimentaire, des inégalités croissantes, la corruption, et.’’
La COEH déclare condamner le soutien du ‘’Core Group’’ des Nations-Unies, ainsi que d’autres membres de la communauté internationale à Jovenel Moïse qui ont accepté le calendrier électoral et donc le maintien au pouvoir de ce dernier malgré la constitution, malgré la démocratie, malgré les mobilisations populaires.
Elle désapprouve également le comportement du BINUH (Bureau intégré des Nations Unies en Haïti) qui a déclaré qu’il apporterait un appui technique, opérationnel et financier à l’organisation du référendum et des élections.
Mécontente de la position de la communauté internationale dans ;a crise haïtienne, La COEH appelle l’Union Européenne a dénoncer les violations constantes des droits humains faites par l’Etat haïtien et de réclamer que justice soit faite pour les crimes et massacres perpétrés par les gangs armés avec la complicité d’autorités publiques.
Elle demande à l’UE de ne pas encourager le processus électoral voulu par M. Jovenel Moïse, au mépris du peuple haïtien. Des élections réalisées dans de telles conditions pour créer une apparence de légitimité risquent d’exacerber les tensions et la violence dans le pays, de renforcer la corruption et d’anéantir les efforts déployés depuis au moins 1986 pour l’installation d’un régime démocratique en Haïti, souligne-t-elle.’’
La COEH exhorte l’UE et ses Etats-membres à renforcer et d’écouter la société civile haïtienne qui propose des alternatives depuis plus de deux ans, allant dans le sens d’une transition démocratique ouverte, plurielle et inclusive.