Par Jacques Kolo,
Port-au-Prince, le 7 octobre 2020 –(RHInews)- Pourtant soixante-seize (76) gangs armés bien équipés en munitions et en matériel ont été répertoriés dans le pays pour l’année 2020, selon Jean Rebel Dorcénat, le patron de Commission Nationale de Désarmement, Démantèlement et Réinsertion (CNDDR). Il se targuait sur plusieurs stations de radio de la capitale qu’il était à l’origine de la fédération du Groupe G9 et Alliés, un regroupement de gangs puissants dans la région métropolitaine de Port-au-Prince qui sème le deuil et la désolation dans les familles des quartiers populaires.
Ce même rapport de 42 pages rédigé par le BINUH a reconnu que “les violations des droits de la personne notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince sont le résultat d’affrontements entre gangs armés rivaux”.
Le BINUH dit noter une nette augmentation du nombre d’attaques commises par des gangs contre la population civile depuis la création du Groupe G-9 et Alliés conduit par Jimmy Cherizier et aussi par l’impunité dont jouissent les auteurs des crimes particulièrement à Grand-Ravine (2017), à La Saline (2018) et au Bel-Air (2019).
Toujours selon le rapport rendu public le 25 septembre dernier et adressé au Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, entre le 1er juin et le 31 août 2020, des gangs armés ont été à l’origine de 172 cas présumés d’atteintes aux droits de la personne , dont 27 meurtres, 28 cas de violence ayant entrainé des blessures et 8 cas de viol.
“Le fait que des personnes connues comme Jimmy Cherizier qui font l’objet d’un mandat d’arrêt national pour leur participation présumée à des attaques emblématiques comme celles de Grand-Ravine, du Bel-Air, de La Saline, du Pont-Rouge et de Cité-Soleil montre combien le sentiment manifeste d’impunité alimente le cycle de la violence en Haïti”, a écrit le BINUH, relatant l’appel de l’Office de la Protection du Citoyen qui demande à l’Etat haïtien de protéger le droit à la vie.
“Il en est de même des organisations de la société civile qui mettent en doute l’efficacité du gouvernement à donner une réponse célère et réitèrent les allégations de collusion entre les gangs et les agents de l’Etat”, toujours selon le rapport.
En ce qui a trait à la police nationale, le document du BINUH a fait mention de son “effritement dans ses capacités opérationnelles et dans le capital de confiance qu’elle a accumulée auprès de la population, en raison des ressources limitées dont elle dispose”.
Plus loin, le BINUH a précisé que “la police nationale a un effectif de 15 mille 022 agents, soit 1,28 policier pour mille habitants. Pourtant, elle devait avoir dans ses rangs 25 mille policiers, soit 2,2 policiers pour mille habitants, considéré comme le niveau acceptable sur le plan international”.
La “note positive” relevée par le BINUH dans la lutte contre l’impunité est la décision prise par l’Inspection Générale de la police nationale (IGPNH) d’ouvrir une annexe au Cap-Haïtien pour “augmenter sa capacité opérationnelle de lutte contre les manquements et les violations des droits de l’homme”.
Néanmoins, le rapport du BINUH n’a pas fait état de la répression policière en cours dans le pays. Des étudiants, professeurs et écoliers ont été sévèrement malmenés par des policiers de différentes unités, lors des sit-in et manifestations de rues. La police nationale a souvent utilisé des moyens disproportionnés pour sévir contre les manifestants.
Des grenades lacrymogènes ont souvent été utilisées à profusion par des forces de l’ordre pour disperser ce genre de manifestations publiques, pour la plupart, pacifiques. L’Hôpital général n’a même pas été épargné par ces bonbonnes. Une scène où un policier tabassait un jeune écolier qui s’était déjà retrouvé par terre, pendant qu’un autre policier lui tirait des coups de pieds, devant des caméras de télévision locale, avait été tournée en boucle sur les réseaux sociaux.