Paris, 7 mars 2021- Se basant sur des informations reçues de la CTH et de la CTSP, la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) se déclare extrêmement inquiète par la situation en Haïti et les graves violations des droits humains et des droits des travailleurs qui s’y produisent.
Dans une lettre adressée au ministre de français de l’Europe et des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, la CFDT a fait part de ses préoccupations par rapport à la situation sociopolitique en Haïti, où les droits humains et les droits syndicaux sont violés de manière systématique par le gouvernement dirigé par Monsieur Jovenel Moïse, qui exerce actuellement le pouvoir dans ce pays.
Selon cette organisation affiliée a Confédération Syndicale Internationale (CSI), ‘’avec l’accession au pouvoir de Monsieur Jovenel Moïse, l’illégalité et la corruption sont devenues la règle ; toutes les institutions du pays sont vassalisées et politisées ; la justice et les institutions sont soumises au contrôle de l’exécutif ; la police, l’armée et des gangs armés créés avec des jeunes dans les quartiers populaires par le pouvoir sont sciemment utilisés pour persécuter, terroriser, éliminer et massacrer les opposants et les non sympathisants du pouvoir ; les cas d’enlèvement se multiplient, certains dirigeants syndicaux faisant l’objet de menaces de mort ; tout ceci pour instaurer un climat de terreur dans le pays.’’
‘’Pour installer son autoritarisme, poursuit la CFDT, Monsieur Moïse a créé, de manière illégale, l’agence nationale d’intelligence (ANI) dont lui seul peut identifier les membres, qui sont placés au-dessus de la justice, et qui perquisitionnent des résidences privées sans autorisation et à n’importe quelle heure.’’
La CFDT note que depuis le 13 janvier 2020, Jovenel Moïse a rendu le parlement inopérant. Il a également mis le pouvoir judiciaire sous sa coupe le 8 février 2021 en envoyant à la retraite arbitrairement trois juges de la Cour Suprême et en nommant trois de ses amis pour les remplacer en dehors de toutes normes régissant la matière.
‘’Ceci conduit au rétablissement progressif de la dictature en Haïti, ce qui ne saurait être toléré, écrit la CFDT.’’
‘’Cependant, Monsieur Moïse continue de tenir illégalement les rênes du pouvoir, malgré le positionnement clair sur la fin de son mandat le 7 février 2021 par le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) qui est l’un des trois pouvoirs de l’Etat, la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), la Conférence Episcopale d’Haïti (CEH) rassemblant les évêques catholiques haïtiens, le secteur protestant haïtien et la Société civile haïtienne, souligne la CFDT.’’
Se disant très préoccupée par l’absence de réaction vigoureuse, voire par ce qui est considéré comme un silence complice par nos amis haïtiens, de la part de l’OEA (Organisation des Etats Américains) et du Core Group, la CFDT demande a Jean-Yves Le Drian d’agir au sein des instances internationales, et notamment du Core Group, pour que Monsieur Jovenel Moise renonce à son projet autoritaire visant à : ”Rédiger une nouvelle constitution par ses ami(e)s, en dehors de règles établies par la constitution haïtienne amendée de 1987 ; Organiser d’éventuelles élections non démocratiques avec un conseil électoral inconstitutionnel, illégal et illégitime formé avec ses ami(e)s pour pouvoir garder le pouvoir.”
Elle appelle le chancelier français à condamner toute violation des droits humains et syndicaux du peuple haïtien tout en exigeant le rétablissement des règles démocratiques et le respect de l’Etat de droit dans le pays.