Jovenel Moïse souhaite organiser des élections générales en août 2021 après son referendum constitutionnel en mars

Jovenel Moise, President d'Haiti

Selon un texte écrit par Jovenel Moïse, paru le jeudi 10 décembre 2020 dans le journal américain ‘’Washington Times,’’ titré, ‘’Des élections libres et équilibrées pour une Haïti plus démocratique,’’ le chef de l’Etat a révélé son plan à l’opinion publique américaine. A moins de deux mois de la fin de son mandat constitutionnel, le 7 février 2021 et à un peu plus d’un mois de l’entrée en fonction de l’administration de Joe Biden aux Etats-Unis, le 20 janvier 2021, Jovenel Moïse qui dirige depuis le 13 janvier 2020 par décret, veut convaincre l’opinion publique américaine de sa volonté de sortir de l’illégalité. Il promet des élections législatives, municipales, locales et présidentielles en août 2021. Tout cela doit passer nécessairement par sa reforme constitutionnelle qui doit être validée par voie référendaire en mars 2021. A en croire l’article du président Jovenel Moïse, dans la nouvelle constitution qu’il présente comme un instrument modernisé, le président devrait jouer à la fois le rôle de chef d’Etat et de chef de gouvernement.

 

Traduit par la rédaction de RHINEWS,

Washington, 11 décembre 2020– En janvier prochain, les États-Unis et Haïti observeront tous deux des jalons démocratiques. Alors que les États-Unis donneront investiture à leur 46e président, Haïti se préparera à un référendum constitutionnel dont le résultat façonnera l’avenir de notre pays depuis des générations.

Notre démocratie, comme notre politique, est compliquée. C’est bruyant et passionné, avec une histoire tumultueuse, des centaines de partis politiques et des alliances complexes qui peuvent difficilement s’expliquer dans les 280 caractères exigés par les médias sociaux. Alors qu’Haïti approche d’un nouveau cycle d’élections et d’un carrefour crucial dans l’histoire de notre pays, les ‘’soundbites’’ (extraits de déclarations) ne suffiront pas.

Ce sont les faits. En janvier 2020, pour la cinquième fois depuis 1987, le Parlement n’a pas adopté de loi pour organiser des élections avant l’expiration du mandat de ses membres. La Constitution haïtienne stipule que, si une nouvelle législature n’est pas votée à travers des élections populaires, le président peut diriger par décret jusqu’à ce que de nouvelles élections puissent être organisées. C’est un scénario indésirable pour le pays, et j’ai cherché à le prévenir. Après une année qui nous a vu négocier pour former un nouveau gouvernement d’unité nationale et de pandémie de covid-19, nous sommes toujours là, sans législature.

Une partie du problème réside dans la Constitution imparfaite d’Haïti, rédigée en 1987. Le président est élu par vote populaire direct mais ne joue aucun rôle dans la gouvernance au jour le jour du pays. Les présidents sont condamnés à être un observateur passif, avec le rôle de chef du gouvernement et la responsabilité de fixer la politique réservée au Premier ministre. Cet arrangement maladroit a entraîné une instabilité chronique, avec 25 premiers ministres qui ont fait des allers-retours au cours des 33 dernières années. Ça nous a paralysé.

2021 sera une année cruciale pour la démocratie haïtienne. Nous organiserons des élections en retard pour asseoir une nouvelle législature, ainsi que le prochain président qui prendra ses fonctions en 2022 ainsi que les élections locales. Et nous proposerons des mises à jour longtemps retardées de la constitution haïtienne, qui sera mis aux voix du peuple lors d’un référendum national, pour mettre fin à l’impasse parlementaire permanente qui retarde la croissance de notre pays depuis des décennies.

Il y a un large consensus tant au pays qu’au sein de la communauté internationale sur le fait que notre système a un besoin urgent de réforme. Récemment, le Président Luis Abinader en République dominicaine voisine a exprimé son soutien à une nouvelle constitution pour Haïti afin d’aider à assurer la stabilité des deux pays.

La nouvelle constitution sera modernisée, elle permettra à un président à la fois chef du gouvernement et chef de l’Etat, avec un Parlement représentatif ayant un véritable contrôle des actions de l’exécutif. Il s’agit d’une recette pour l’action, la prestation et la reddition de comptes — dont nous n’avons pas eu à ce point. Je plaiderai également pour que la diaspora haïtienne soit représentée dans notre parlement. Ils continuent de manquer de représentation officielle dans le système politique haïtien, alors qu’elle fournit une aide cruciale au pays sous la forme d’envois de fonds. Ils ne seront plus traités par notre système comme une simple source de revenus.

Pour en faire une réalité, j’ai nommé fin octobre une commission indépendante et inclusive chargée d’élaborer les modifications proposées à la Constitution. Je suis fier d’avoir invité des membres de la communauté internationale à participer à ce processus, y compris les États-Unis, les Nations Unies, l’Organisation des États américains, l’Union européenne et d’autres.

Si elle est approuvée par les électeurs haïtiens, la nouvelle constitution peut être ratifiée d’ici mars 2021. Nous pouvons alors organiser les élections en retard (élections présidentielles, législatives et locales). Je ne serai pas candidat à ces élections — je ne serai pas en fonction pour faire l’expérience, personnellement, de ces changements à notre système.

Pendant ce temps, nous travaillons dur avec nos partenaires internationaux pour jeter les bases afin que nous puissions organiser des élections dès que possible. La tenue d’élections en Haïti, où peu de personnes ont des documents d’identité et des dossiers sont souvent inexistants, est une entreprise énorme. Certains ont suggéré la tenue de deux élections distinctes, d’abord pour le Parlement, puis pour le président. C’est manifestement impraticable et inabordable. En incluant les seconds tours, des élections échelonnées entraîneraient un niveau de dépenses sans précédent et ne feraient que causer de nouveaux retards. Je me suis engagé à organiser des élections présidentielles, législatives et locales au plus tard en août 2021, quel que soit le résultat du référendum constitutionnel. Celles-ci seront suivies d’élections au second tour en octobre 2021, permettant au peuple haïtien d’installer un nouveau président, un nouveau parlement et des gouvernements locaux en vertu d’une constitution réformée d’ici février 2022.

Nous sommes sur le point de créer enfin le pays que tous les Haïtiens exigent et méritent. Si les politiciens daignent travailler ensemble, Haïti peut sortir de décennies d’impasse politique et de crise sans fin. Nous pouvons résoudre notre problème le plus fondamental, et les élections ne seront plus un cycle de crise et d’incertitude, mais un cycle fiable de représentation démocratique et de transition. C’est la voie à suivre pour mieux construire.