Jovenel Moise passe à l’offensive en donnant investiture à un “Groupe Consultatif Indépendant” chargé de rédiger une nouvelle constitution

Me Alexandre Boniface, ancien president provisoire

Par Jacques Kolo,

Port-au-Prince, le 30 octobre 2020- (RHInews)- C’est l’ancien président provisoire d’Haïti de 2004 à 2006 Me. Boniface Alexandre qui a été désigné d’office par le président en exercice Jovenel Moïse pour diriger le Groupe Consultatif ‘’Indépendant’’ pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, en remplacement de celle qui est en vigueur depuis le 29 mars 1987.

Au cours d’une cérémonie au Palais National le 30 0ctobre 2020, Jovenel Moïse a présenté les cinq (5) membres du Groupe Consultatif qui doit donner corps à son projet de doter le pays d’une nouvelle constitution probablement avant la fin de son mandat constitutionnel, le 7 février 2021.

Outre l’ex-président de de la Cour de Cassation, Me. Boniface Alexandre (84 ans), cette structure comprend également Me. Mona Jean, Jean Emmanuel St-Eloi, l’ex-général des Forces Armées d’Haïti, Hérard Abraham et Louis Naud Pierre.

Dans son intervention, Me. Boniface Alexandre s’est tari d’éloges sur ses nombreuses expériences qu’il a acquises au niveau du droit et de la magistrature, ainsi qu’au Palais national, ce qui ferait de lui, le plus qualifié pour remplir ce rôle.

Il s’est dit fier d’avoir été choisi par le président Jovenel Moïse pour diriger ce Groupe Consultatif qui, à son avis, fera un travail de qualité et appréciable pour la nation qui attend avec “impatience” cette nouvelle charte fondamentale.

Abondant dans le même sens que Jovenel Moïse qualifiant la constitution en vigueur d’obstacle majeur pour la société, Me. Boniface Alexandre a dit pouvoir compter sur des spécialistes en la matière pour délivrer une bonne marchandise.

Boniface Alexandre qui dirigeait le pays de 2004 à 2006 à la faveur du départ forcé du président Jean-Bertrand Aristide du pouvoir, s’était tu, suite aux nombreuses exactions des forces militaires, paramilitaires et policières présentes sur le terrain contre des militants politiques de la mouvance Lavalas qui protestaient contre cette deuxième rupture du processus démocratique et les nombreuses atteintes aux droits de l’homme.

Prenant la parole à son tour, Jovenel Moïse a utilisé toutes les diatribes possibles pour critiquer et décrédibiliser la constitution de 1987 sur laquelle il a prêté serment et juré de respecter et de faire respecter durant son mandat.

Selon M. Moïse, l’actuelle constitution est la source de la destruction des institutions du pays, de la déstabilisation et de la mauvaise gouvernance.

Il a donné la garantie que ce nouveau document conservera les acquis démocratiques du peuple haïtien d’après 1986, date de la fin de la dynastie politique des Duvalier. Car, a-t-il dit, elle sera facilement applicable.

Au nombre des problèmes reprochés, le président Jovenel Moïse a souligné le fait que le Conseil Electoral Permanent et le Conseil Constitutionnel, tous deux prévus par la charte fondamentale de 1987, n’ont jusqu’ici pas vu le jour.

A qui la faute ?

Pour montrer la nécessité de doter le pays d’une nouvelle constitution, le chef de l’Etat a fait savoir que tous les secteurs du pays et même la communauté internationale lui ont fait ressortir l’urgence de remplacer la constitution de 1987 par une autre “facilement applicable” et “moins conflictuelle”.

Après toute une litanie de questions sur les manquements de la constitution de 1987 responsable, à ses yeux, de tous les maux de la société, Jovenel Moïse croit que le Groupe Consultatif aura besoin du support de l’Etat et de toute la société pour mener à bien sa mission.

Jovenel Moïse qui souhaite doter le pays de force d’une nouvelle constitution est “fortement désavoué” par des secteurs vitaux de la nation pour avoir unilatéralement choisi de s’embarquer lui-même dans un projet qui a tout l’air d’un coup de force contre la démocratie et les institutions régaliennes du pays.

Jovenel Moise, president de la Republique

De nombreuses organisations politiques et de la société civile ont déjà pris leur distance avec le projet du président qui veut doter le pays d’une nouvelle constitution sans tenir compte des prescrits de la constitution de 1987 qui interdit le referendum.