Jovenel Moïse dictateur et prédateur des droits humains, selon Pierre Espérance du RNDDH

Jovenel Moise, President de facto d'Haiti

Port-au-Prince, 14 décembre 2020- Directeur exécutif du RNDDH, promoteur et défenseur des droits humains depuis une trentaine d’années, Pierre Espérance croit avoir de bonnes raisons pour considérer Jovenel Moïse à la fois comme un dictateur et un prédateur des droits humains.

Selon lui, M. Moïse présente toutes les caractéristiques de base d’un dictateur ordinaire comme on le connait en Haïti. Pierre Espérance note que le chef de l’Etat se croit et se place au-dessus de tout : le pays, les lois de la République et toutes les institutions républicaines.

Des son accession au pouvoir dans les conditions que l’on sait, souligne-t-il, Jovenel Moïse a commencé par démanteler les institutions de contrôle financier telles que l’UCREF et l’ULCC, avec le soutien de ses alliés au Parlement. Toutes ces institutions ont été placées sous contrôle absolu du pouvoir exécutif qui s’en sert à sa guise, déclare le militant des droits humains.

Quant à la justice et la police, deux entités fondamentales de la chaine pénale, elles ont été respectivement vassalisées et affaiblies à un point tel qu’elles ne peuvent pas servir convenablement la population, selon Pierre Espérance qui fait état notamment de l’injustice et l’impunité érigées en système dans le pays.

Il affirme noter que la police nationale dont la mission est de servir et protéger la vie et les biens des citoyens, est instrumentalisée et s’est transformée en force répressive au service du pouvoir politique et obéissant à des ordres manifestement illégaux, cassant des manifestations pacifiques pour plaire au pouvoir exécutif, toujours selon M. Espérance.

‘’Pendant que la police est totalement affaiblie et dépourvue des moyens adéquats pour s’acquitter de sa tâche, le pouvoir fait fédérer les gangs armés qui terrorisent les citoyens des quartier populaires, kidnappent et rançonnent d’honnêtes gens, et, ceux-ci sont pourvus d’armes, de munitions et d’argent pour opérer en toute impunité sur le territoire, souligne-t-il.’’

Répondant aux questions de RHINEWS, le militant des droits humains déplore la passivité complice de l’inspection générale de la police qui ne s’est jamais penchée sur le cas d’une cinquantaine de policiers faisant partie du ‘’G-9 an fanmi e Alye’’ dirigee par l’ancien policier, Jimmy Cherizier a lais Barbecue accusé d’implication présumée dans plusieurs massacres commis dans les quartiers défavorisés de la région métropolitaine.

Il dit avoir recensé au niveau du RNDDH, entre 2018 et 2020, une dizaine de massacres perpétrés dans les quartiers de Cité Soleil, Carrefour-Feuilles, Pont-Rouge, La Saline, Tokyo, Bel-Air etc. ‘’Ces carnages qui ont coûté la vie plusieurs dizaines de personnes, causé le déplacement de milliers d’habitants, des viols collectifs sur femmes et mineures et des dégâts matériels etc. sont l’œuvre, dit-il, des bandes criminelles à la solde du pouvoir politique qui n’a rien fait pour freiner ces actes repréhensibles.’’

En plus du G-9 qui opère dans la région métropolitaine, il y a la BSAP, considérée comme une véritable milice politique dans les départements du Nord, du Nord-Est et du Plateau Central dont les agents font parler d’eux pour s’être livrés à des excès et à des violations des droits humains en procédant à l’arrestation de certains citoyens ou en menaçant d’autres.

Comme pour ajouter à la calamite et à la détresse du peuple haïtien, le président qui par choix, dirige le pays par décret depuis le 13 janvier 2020, après s’être débarrassé du parlement, prend insatiablement des décrets les uns plus scélérats que les autres et suscitant tous des contestations populaires, fait remarquer M. Espérance.

Pierre Espérance estime que les décrets portant création, organisation et fonctionnement de l’agence nationale d’intelligence (ANI) et celui sur le renforcement de la sécurité publique sont la manifestation évidente que Jovenel Moïse a endossé son costume de dictateur et de prédateur des droits humains.

‘’En créant un corps dont les agents opérant sous de fausses identités, sont au-dessus de la loi et de la justice et ne rendent compte qu’au président de la République, on ne peut s’attendre qu’a des actes d’abus, de torture et de disparition comme au temps des tontons macoute et du ‘’SD’’ des Duvalier, déclare-t-il arguant que seul sous un régime dictatorial, on fait pareil chose.’’

Selon lui, ces décrets mettent en péril non seulement l’avenir démocratique d’Haïti, l’Etat de droit, les libertés et les droits fondamentaux du peuple haïtien, mais ils constituent un retour brusque aux méthodes et pratiques dictatoriales que l’on croyait révolues.

Quand il s’était proclamé ‘’Apredye,’’ Jovenel Moïse savait de quoi il parlait. Ce sont les dictateurs qui tiennent ce type de discours souligne le militant des droits humains qui croit urgent que les citoyens se rebellent pour se défaire de cette dictature qui est en train d’utiliser toutes sortes de stratagème pour s’imposer en tentant de réduire tout le monde au silence pour couvrir les crimes de sang et financiers commis par les régimes 1 et 2 du PHTK et alliés.

‘’La liberté d’expression, le droit de manifester, de choisir librement ses dirigeants, de vivre dignement en ayant accès au minimum vital, sont des conquêtes démocratiques que le peuple haïtien n’est pas prêt à négocier selon Pierre Espérance.’’