Port-au-Prince, 18 novembre 2020- La manifestation anti-gouvernementale convoqué à l’occasion de la célébration du 217e anniversaire de la bataille de Vertieres par l’opposition a pris fin prématurément et dans le sang, au Champ de Mars, non loin du palais national, siège de la présidence.
La police est intervenue et a dispersé brutalement cette manifestation de l’opposition, à coup de gaz lacrymogène et à balles réelles.
Selon un bilan partiel présenté par les organisateurs, au moins un militant politique Markenson Duvier atteint d’une balle à la tête, a succombé à ses blessures à l’hôpital la Paix, avoir été blessé au Champ et deux autres, Jovany Duval et Ronald Saint-Jean grièvement blessés par balles suite à l’intervention musclée de la police qui a tiré sur les manifestants à hauteur d’homme et à balles réelles.
Une patrouille policière (BOID) qui roulait à vive allure a percuté volontairement deux militants politiques qui circulaient à moto.
Le sénateur de l’Artibonite, Youri Latortue qui a présenté ses sympathies au nom de l’opposition aux familles des militants victimes, a déclaré noter que le président Jovenel Moïse s’est de plus en plus radicalisé et a opté pour la répression aveugle en utilisant la police pour empêcher la population d’exprimer son ras-le-bol contre la mauvaise gestion du pays.
Le dirigeant de ‘’Ayiti An Aksyon’’ (AAA) membre de la Direction Politique de l’Opposition Démocratique (DIRPOD) a informé que des plaintes seront déposées contre des autorités gouvernementales et policières qui, selon lui, auraient ordonné aux policiers de réprimer la manifestation de l’opposition.
Il a fait remarquer que des policiers avaient bloqué la manifestation dans sa progression au niveau de Delmas 75 au motif que les manifestants devraient se diriger vers l’ambassade américaine a Tabarre alors que les dirigeants de l’opposition avaient notifié la police sur le parcours de la marche qui devrait aboutir au Champ de Mars, devant le palais national.
Des barricades enflammées ont été érigées à Delmas et au Champ de Mars lors de cette manifestation au cours de laquelle au moins un véhicule a été incendié.
Youri Latortue a annonce pour lundi, la signature et la présentation d’un accord conclu entre divers partis politiques de l’opposition et organisations de la société civile sur la gouvernance de la transition qui doit remplacer Jovenel Moïse au plus tard le 7 février 2021.
Pour sa part, Paul Denis, ancien ministre et dirigeant de INIFOS, également membre de DIRPOD, a dit prendre note de ce que la police a changé de directeur, mais la méthode répressive demeure la même et que sous le commandement du nouveau chef de la PNH, des policiers ont encore fait des victimes dans les rangs de la population.
Denis a affirmé ne pas comprendre pourquoi la police a dispersé une manifestation pacifique avec autant de violence jusqu’à faire des victimes.
Selon lui, ce qui s’est passé ce mercredi à Port-au-Prince lors de la manifestation de l’opposition est inacceptable et ne restera pas impuni. Il a dit noter l’ensemble des actes de violation de la constitution et des droits humains commis par le régime en place.
‘’Les auteurs de tels actes répondront tôt ou tard devant les tribunaux compétents des forfaits qu’ils ont commis contre la population a-t-il averti.’’
Parallèlement, la branche de manifestation conduite par le leader de ‘’Pitit Dessalines,’’ Jean Charles Moïse qui a abouti devant l’ambassade américaine, s’est déroulé sans incident majeur et il a pu délivrer son message même si les manifestants qui l’accompagnaient ont été tenu à l’écart du périmètre de sécurité étable autour du bâtiment logeant l’ambassade.
Des manifestations anti-gouvernementales ont eu lieu au Cap-Haïtien, à Jacmel, à Saint-Marc, à Jérémie, à Leogane et aux Gonaïves…
En plus du départ de Jovenel Moïse du pouvoir, cette journée de mobilisation visait entre autres, la fin de l’insécurité criminelle qui affecte durement la vie de la population et de la gangstérisassion du pays par l’exécutif, selon les organisateurs.