PORT-AU-PRINCE, lundi 14 avril 2025 (RHINEWS)— Face à l’intensification des violences en Haïti et à la menace croissante d’une prise de pouvoir par une coalition de gangs criminels, les autorités haïtiennes, la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et les États-Unis affichent “une position commune de fermeté et de solidarité pour défendre les institutions républicaines et restaurer la sécurité dans le pays”.
Dans un communiqué, la Présidence et le Gouvernement d’Haïti ont exprimé leur « plus grande consternation » devant la montée des massacres et actes de violence inédits, accusant les gangs armés d’agir avec le soutien d’un réseau criminel transnational et d’un « secteur mafieux » local.
« La nature criminelle des actions des gangs armés menace aujourd’hui les fondements mêmes de la Nation », déclare le pouvoir exécutif, qui met en garde la population contre les assaillants « anciens et nouveaux » cherchant à entretenir un climat de peur et à menacer les institutions de l’État.
Face à cette situation critique, le gouvernement affirme que le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire demeure « la priorité stratégique de la Transition », lancée en 2024. Il annonce que les forces de l’ordre ont été « instruites de mettre incessamment en œuvre toutes les mesures capables de sauvegarder la sécurité des Haïtiens et de garantir l’intégrité des institutions républicaines ».
Parallèlement, la diplomatie haïtienne poursuit un plaidoyer actif auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et des États membres afin de renforcer l’appui international. « La Transition ne peut réussir sans le soutien de la communauté internationale à la cause de la sécurité en Haïti », insiste le gouvernement.
Depuis Georgetown, les chefs de gouvernement des États membres de la CARICOM ont exprimé leur « profonde inquiétude » face aux menaces sérieuses pesant sur les arrangements de gouvernance transitoire. « Une coalition de gangs criminels menace de s’emparer du pouvoir et d’imposer un changement. C’est totalement inacceptable », dénonce la déclaration officielle de la CARICOM.
L’organisation régionale rappelle que les dispositions transitoires actuelles, mises en place par les acteurs haïtiens, visent à organiser des élections libres et équitables d’ici le 7 février 2026. Toute tentative de renversement violent de ce processus serait, selon la CARICOM, un coup porté à la reconstruction démocratique.
Alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) signale plus d’un million de déplacés internes en Haïti, dont 60 000 le mois dernier, la CARICOM avertit que « toute violence supplémentaire organisée ne ferait qu’aggraver une situation déjà critique ».
L’organisation affirme avoir engagé des consultations urgentes avec les autorités haïtiennes et ses partenaires, et salue les efforts de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) dirigée par le Kenya. « Nous appelons les Nations Unies et l’Organisation des États américains à prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir Haïti », poursuit la déclaration.
Les États-Unis, à travers des discussions récentes entre le secrétaire d’État et le premier ministre de la Barbade, Mia Mottley, présidente en exercice de la CARICOM, ont exprimé leur appui ferme à cette position. Washington condamne toute tentative de déstabilisation du Conseil présidentiel de transition (CPT) et réaffirme son soutien à la mission dirigée par le Kenya.
« Les États-Unis soutiennent les efforts de la MMAS et ceux de la CARICOM pour aider le gouvernement haïtien à restaurer la paix et la stabilité face aux gangs armés », précise une note officielle du Département d’État.
Dans un appel conjoint à la vigilance et à l’unité, le pouvoir exécutif haïtien convie les secteurs vitaux de la vie nationale au dialogue et à la cohésion pour une transition pacifique, démocratique et sécurisée. « Il n’y a pas d’avenir pour Haïti dans la violence. Il n’y a d’avenir que dans la solidarité, la justice et la restauration de l’État », conclut la déclaration présidentielle.