PORT-AU-PRINCE, samedi 12 avril 2025 (RHINEWS)– Dans une lettre adressée à la Centrale Autonome des Travailleurs (CTA) d’Argentine, la Centrale Unitaire des Travailleurs/euses des Secteurs Public et Privé d’Haïti (CUTRASEPH) remercie ses homologues pour leur message de solidarité, tout en lançant un appel urgent à un soulèvement général en Haïti. Selon la CUTRASEPH, le pays est victime d’un “génocide silencieux” entretenu par les puissances étrangères avec la complicité de dirigeants locaux.
« Le peuple haïtien en lutte et le Directoire de la CUTRASEPH expriment leur profonde gratitude pour votre message de solidarité et votre soutien à l’appel au soulèvement général », écrit l’organisation syndicale dans ce message signé par ses principaux responsables, dont Josué Mérilien, Secrétaire général, et Garry Lapierre, Secrétaire à la communication.
Dans ce document, la CUTRASEPH accuse ouvertement les autorités politiques nationales et leurs alliés étrangers d’être à l’origine de la crise sécuritaire actuelle, qu’elle qualifie de “plan criminel visant à déstabiliser et détruire systématiquement le peuple haïtien”.
« Ces groupes [armés] sont transformés en ouvriers politiques au service d’un plan criminel visant à détruire le peuple haïtien, à s’accaparer de ses richesses et à effacer son histoire de peuple rebelle », dénonce la centrale.
Le texte évoque également une responsabilité historique des puissances occidentales dans l’isolement et la fragilisation d’Haïti, en raison de sa révolution anti-esclavagiste victorieuse. « L’Occident esclavagiste, raciste et colonialiste tient rancune jusqu’à présent à Haïti d’avoir posé ce geste historique », souligne le message, en référence à l’indépendance de 1804.
Faisant un parallèle avec les événements à Gaza, la centrale interroge : « Pourquoi le génocide perpétré par Israël à Gaza a-t-il soulevé tant d’indignation […] tandis que ce génocide en cours en Haïti, sous les auspices des puissances impérialistes, laisse indifférente la quasi-totalité de la communauté internationale ? »
La CUTRASEPH appelle à une solidarité internationale active pour faire cesser ce qu’elle décrit comme une situation d’effondrement contrôlé. « Le soulèvement général impliquant le peuple, les organisations progressistes et tous les amis d’Haïti est nécessaire. La solution à la crise haïtienne doit venir des Haïtiens eux-mêmes, et non de recettes imposées de l’extérieur », peut-on lire dans la lettre.
Citée en conclusion, une déclaration du Prix Nobel de la Paix argentin Adolfo Pérez Esquivel, lors de sa visite en Haïti en 2005, rappelle la portée symbolique et stratégique du destin haïtien : « L’avenir des peuples d’Amérique latine, des Caraïbes et de tous les peuples du Sud dépend de ce qui se passe en Haïti aujourd’hui. »
La CUTRASEPH affirme que ce soutien venu d’Argentine « rallume les consciences » et constitue un levier pour « briser le mur du silence » dressé autour des souffrances quotidiennes du peuple haïtien.