Haïti : La crise actuelle est économique avant d’être politique, selon Rénald Lubérice…

Renald Luberice, Responsable du RJD...

PORT-AU-PRINCE, mercredi 2 avril 2025L’ancien secrétaire général du Conseil des ministres, Renald Lubérice, remet en question l’idée largement répandue selon laquelle le problème d’Haïti serait avant tout politique. Pour lui, le véritable nœud de la crise haïtienne est économique, et il dénonce une oligarchie qui, selon lui, contrôle le pays en complicité avec des politiciens soumis.

« Des Haïtiens et des observateurs extérieurs (et ils sont nombreux) continuent de croire que le problème d’Haïti est politique et qu’il suffit de changer de dirigeants pour que tout aille bien. Je n’ai de cesse de le répéter : le problème d’Haïti est économique. »

Selon Lubérice, la classe politique haïtienne ne joue qu’un rôle d’exécutant au service d’une oligarchie sans vision. Il pointe du doigt certains politiciens, y compris ceux ayant une formation académique avancée, qu’il accuse de se soumettre aux intérêts de cette élite économique.

« Oui, il y a des politiciens à diplômes (comme l’actuel ministre des Finances) qui acceptent d’être esclaves de cette oligarchie nauséabonde. »

L’ancien secrétaire du Conseil des ministres estime que le président assassiné, Jovenel Moïse, avait tenté de briser ce système, ce qui lui aurait coûté la vie. Il suggère que les problèmes économiques dénoncés par Moïse n’ont pas disparu après sa mort, bien au contraire.

Lubérice s’interroge sur la centralisation économique excessive d’Haïti. Pourquoi des villes majeures comme Gonaïves, Cap-Haïtien, Fort-Liberté, Port-de-Paix, Cayes et Jérémiedoivent-elles dépendre de Port-au-Prince pour l’approvisionnement en carburant et d’autres ressources stratégiques ? Cette structure centralisée, selon lui, est le fruit d’un système économique conçu pour servir une minorité au détriment de la majorité.

« Tant que les Haïtiens continueront à s’illusionner sur la nature du problème d’Haïti, l’oligarchie nauséabonde continuera à imposer ses lois aux détriments de tous. »

Autre point crucial soulevé par Lubérice : le rôle de l’oligarchie dans le financement des gangs. Il affirme que ces groupes armés, responsables d’une violence extrême en Haïti, reçoivent une part importante de leurs financements des élites économiques, qui les utilisent pour protéger leurs infrastructures et faciliter le transport de leurs marchandises.

« La première source financière des gangs, qui nous tuent, nous séquestrent, violent nos femmes et nos enfants, en-dehors des activités criminelles, provient de l’oligarchie qui accepte de les payer pour protéger leurs infrastructures économiques. »

Lubérice ne mâche pas ses mots quant à l’avenir du pays si rien ne change. Selon lui, les politiciens actuellement au pouvoir ne font qu’exécuter les ordres d’une élite qui ne pense qu’à ses intérêts financiers, quitte à laisser Haïti sombrer dans le chaos total.

« Les politiciens esclaves (comme M. Métellus) ne feront qu’obéir jusqu’à ce qu’Haïti disparaisse totalement. »

À travers ces propos, Renald Lubérice cherche à éveiller une prise de conscience chez les Haïtiens : la crise que traverse le pays ne pourra pas être résolue par un simple changement de dirigeants politiques. Tant que l’économie restera entre les mains d’une minorité et que la dépendance économique persistera, Haïti continuera à s’enfoncer dans la misère et l’insécurité.

Reste à savoir si ces réflexions provoqueront un véritable débat sur les solutions économiques à adopter pour sortir Haïti de cette impasse.