PORT-AU-PRINCE, samedi 22 fevrier 2025-Selon Hugues Célestin, sociologue et ancien député de Quartier-Morin, le Carnaval National prévu à Fort-Liberté les 2, 3 et 4 mars 2025 est une vaste supercherie destinée à masquer le pillage systématique des ressources publiques sous couvert de festivités populaires. Le ministre de la Culture et de la Communication, Patrick Delatour, introduit par son secrétaire d’État à la Communication lors des “Mardis de la Nation” du 11 février 2025, a livré une prestation confuse, balbutiante et incohérente pour tenter de justifier l’injustifiable. Il a annoncé en grande pompe une série de projets soi-disant ambitieux pour Fort-Liberté : réfection de la rue principale en bitume, amélioration des voies secondaires, réhabilitation du fort Saint-Joseph, renforcement des services hospitaliers et modernisation des infrastructures numériques. Mais, pour Hugues Célestin, tout cela n’est qu’un écran de fumée. “Nous voilà replongés dans ces contes champêtres de Bouki et Malice, narrés par nos grands-parents jadis sous les manguiers feuillus !”, ironise-t-il, dénonçant une supercherie orchestrée au profit des affairistes du pouvoir.
Le ministre a tenté d’apaiser les critiques en affirmant avoir revu à la baisse le budget initial de 536 millions de gourdes. Mais pour Hugues Célestin, cette prétendue réduction n’est qu’une illusion, car “sa bande de vautours doit se contenter de dépecer seulement 300 millions, dont 170 millions seront engloutis dans la magnifique baie de Fort-Liberté, désormais interdite aux plongeurs locaux et accessible uniquement aux ‘officiels mandatés’.” Il ne s’agit pas d’un projet de développement, mais bien d’un carnaval conçu pour endormir la population, masquer l’arnaque d’un référendum constitutionnel truqué et préparer des élections téléguidées pour l’installation d’un président déjà désigné par le CPT. “Le CPT des braqueurs a-t-il déjà rédigé le décret officialisant son élection ?”, s’interroge-t-il avec sarcasme.
Selon Célestin, le gouvernement instrumentalise la culture pour détourner l’attention des véritables problèmes du pays. Patrick Delatour fustige ceux qu’il qualifie “d’emmerdeurs professionnels” pour leur discours critique, mais, comme le souligne l’ancien député, “qui désigne-t-il réellement ? Pas les gangs qui ont été instrumentalisés pour renverser Ariel Henry, mais bien les opposants au CPT.” La véritable menace, selon lui, réside dans cette tentative de stigmatiser toute critique comme un acte de conspiration contre l’État. “Voilà comment on prépare l’opinion publique à la répression”, avertit-il.
Pendant que le pouvoir orchestre ces festivités, le pays continue de s’enfoncer dans le chaos. “Monsieur le ministre, le pays sous la gouverne du CPT est confronté à une réalité cruelle : la mainmise des gangs. Pourquoi le gouvernement dont vous êtes un représentant éminent tarde-t-il à engager des actions décisives pour éradiquer cette menace intérieure ?”, lance Hugues Célestin. Il souligne l’ironie de voir l’État investir dans un carnaval alors qu’il est incapable de rétablir la sécurité dans la capitale. “Les véritables confiscateurs de la joie et de la liberté en Haïti sont les gangs. Alors commencez donc par rendre Port-au-Prince au peuple avant de prétendre lui offrir Fort-Liberté en spectacle !”
Avant même l’annonce officielle du carnaval, Patrick Delatour s’était rendu à Fort-Liberté pour une visite de reconnaissance. Mais selon Hugues Célestin, il a soigneusement évité tout contact avec la mairie, préférant se terrer à l’Évêché. “Sans doute pour solliciter une bénédiction du Très Saint Joseph sur le désastre à venir !”, ironise-t-il. L’agent exécutif intérimaire n’a même pas été consulté et a dû accourir à la dernière minute avec son Comité Communal de Carnaval pour quémander une rencontre improvisée avec le ministre. Pendant ce temps, le Comité de Carnaval National, composé exclusivement de bureaucrates parachutés, traite les représentants locaux avec arrogance et condescendance. “Pas un seul natif du Nord-Est ne siège au Comité de Carnaval National”, souligne Hugues Célestin, y voyant une preuve supplémentaire du mépris du pouvoir central pour les communautés locales.
Au-delà des discours et des promesses, la réalité est accablante. “À l’approche du Mercredi des Cendres, les promesses de réhabilitation s’évaporent déjà”, constate l’ancien député. Aucun des projets annoncés n’a réellement commencé. Le fort Saint-Joseph demeure à l’abandon et le moindre coup d’œil sur place suffit à révéler le gouffre entre les discours officiels et la réalité. “Mais rassurez-vous, les organisateurs, eux, sont déjà passés maîtres dans l’art de faire disparaître les promesses plus vite qu’un magicien ne fait disparaître un objet sous son chapeau !”, ironise-t-il.
Pendant que des millions de gourdes sont engloutis dans l’organisation du carnaval, Hugues Célestin met en garde contre le risque d’un dénouement tragique. “Qui sait si, profitant du chaos, les gangs ne nous gratifieront pas en pleine parade d’une descente surprise endeuillant le carnaval ?”, s’interroge-t-il. Une perspective d’autant plus plausible que le gouvernement ne contrôle plus véritablement le territoire. “L’aventure des assoiffés de fortune facile pourrait bien virer en une tragédie cauchemardesque pour les malheureux fêtards.”
Et après la fête ? “Un paysage de désolation ; des montagnes d’ordures jonchant les rues en guise de sculptures improvisées, des avenues maculées de détritus et d’amertume… Pendant que les organisateurs, déjà loin du désastre, trinqueront au champagne”, prédit-il avec amertume. La mise en scène du fort de Fort-Liberté, bichonné et astiqué uniquement pour fournir de belles photos aux officiels, illustre selon lui l’escroquerie carnavalesque en cours.
Hugues Célestin conclut en rappelant que “Fort-Liberté n’a pas besoin de paillettes et de mensonges. Haïti n’a pas besoin d’une fanfare pour couvrir le bruit du désespoir.” Ce pays a besoin d’actes concrets, de justice et de dirigeants qui ne confondent pas gouverner et escroquer. “Tôt ou tard, le rideau tombera, les trucages seront dévoilés et la nation demandera des comptes. Cette comédie a assez duré. Le grand ménage arrive !”