WASHINGTON, vendredi 18 avril 2025 (RHINEWS)– Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, plus de 4 700 visas d’étudiants étrangers ont été révoqués, provoquant une série de réactions critiques de la part des universités, des organisations de défense des droits civiques et de plusieurs tribunaux fédéraux. Cette vague de révocations touche particulièrement des étudiants accusés, à tort ou à raison, d’avoir participé à des manifestations pro-palestiniennes ou exprimé publiquement des positions politiques jugées hostiles à la politique américaine ou à ses alliés.
L’administration Trump justifie ces mesures par la volonté de lutter contre l’antisémitisme, protéger la sécurité nationale et défendre ce qu’elle qualifie de « valeurs fondamentales de la nation ». Un décret présidentiel signé en février dernier autorise explicitement l’expulsion des étudiants étrangers soupçonnés de soutenir des groupes considérés comme terroristes, notamment le Hamas, en lien avec des mobilisations universitaires dénonçant l’intervention militaire israélienne à Gaza. Le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré que les États-Unis ne doivent pas servir de refuge à ceux qui « haïssent notre pays » ou qui remettent en cause l’alliance stratégique entre Washington et Tel-Aviv. Parallèlement, le Département d’État a lancé un programme d’intelligence artificielle nommé « Catch and Revoke », chargé de repérer en ligne les interactions jugées suspectes — likes, commentaires, partages — sur les réseaux sociaux. Cette surveillance automatisée est désormais utilisée comme base pour recommander la révocation de statuts de séjour.
Dans plusieurs cas, les visas ont été annulés sans notification préalable, provoquant des arrestations surprises sur les campus et des placements en centre de détention pour immigrants. Des étudiants de Columbia, Harvard, UCLA, Tufts et d’autres institutions de premier plan ont été ciblés, certains ayant déjà été expulsés sans audience formelle. Les établissements d’enseignement supérieur dénoncent une atteinte grave à la liberté académique et à l’autonomie des universités. Les conséquences économiques commencent également à se faire sentir, notamment dans les programmes de deuxième et troisième cycle, traditionnellement soutenus par les frais de scolarité des étudiants étrangers.
Devant cette situation, plusieurs recours en justice ont été engagés. Des juges fédéraux ont déjà suspendu provisoirement certaines expulsions, estimant que les décisions exécutives pourraient violer le Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression, y compris pour les résidents étrangers en situation régulière. Des avocats dénoncent une politique de représailles ciblant essentiellement les voix dissidentes et les minorités. L’organisation American Civil Liberties Union affirme que ces révocations, menées sans transparence ni procédure équitable, s’apparentent à une campagne de purge politique déguisée en mesure de sécurité.
Du côté de l’administration, la rhétorique est claire : il s’agirait de restaurer l’autorité, de réaffirmer les principes nationaux et de lutter contre les « dérives idéologiques » perçues dans certaines universités. Pour Donald Trump, cette politique s’inscrit dans une stratégie plus large visant à « rendre sa grandeur à l’Amérique » en réaffirmant une ligne dure contre l’immigration, la radicalisation politique sur les campus et les influences étrangères jugées nuisibles à la cohésion nationale. Cependant, de nombreux observateurs estiment que cette vision met en péril l’ouverture intellectuelle, la réputation des institutions américaines et les principes démocratiques fondamentaux.