Emmanuel Vertilaire boycotte le Conseil des ministres et se fait accuser de corruption par Pierre Espérance…

Emmauel Vertilaire, Conseiller presidentiel...

PORT-AU-PRINCE, vendredi 28 février 2025- Le Conseiller-Président Emmanuel Vertilaire, responsable du chantier justice et sécurité publique au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), a annoncé qu’il n’a pas participé au Conseil des ministres de ce vendredi 28 février.

Cette décision, selon lui, traduit son indignation face au refus de ses collègues d’aborder avec responsabilité et urgence les véritables problèmes de la population haïtienne.

« Pendant que des mères sont contraintes de transporter les corps sans vie de leurs enfants dans des brouettes, l’heure n’est ni à l’indifférence ni aux querelles politiques, mais à une action concertée pour soulager la détresse du peuple haïtien », a-t-il déclaré.

Il insiste sur la nécessité d’une gouvernance fondée sur l’harmonie et la cohésion. Il dénonce l’absence de coordination au sein du haut commandement de la Police Nationale d’Haïti (PNH), qu’il juge responsable de l’inefficacité des réponses aux défis sécuritaires du pays.

Le conseiller-président réaffirme son engagement envers le peuple haïtien et appelle ses collègues à une prise de conscience immédiate.

Il estime qu’il est impératif de restaurer l’ordre, de garantir la justice et de répondre aux attentes légitimes de la nation pour créer les conditions nécessaires à l’organisation du référendum et des élections générales.

La réaction de Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a été cinglante.

Selon lui, Emmanuel Vertilaire « n’a ni la moralité ni l’intégrité nécessaires pour prétendre donner des leçons aux autres conseillers-présidents, qu’il accuse de ne voir que leurs intérêts personnels ».

M. Espérance rappelle que M. Vertilaire est impliqué dans le scandale de corruption des 100 millions de gourdes de la Banque Nationale de Crédit (BNC).

Il affirme que l’actuel conseiller-président fait partie des responsables inculpés dans cette affaire.

Il accuse également M. Vertilaire d’avoir soudoyé des magistrats de la Cour d’Appel de Port-au-Prince afin d’obtenir une décision rendant inopérant le mandat de comparution émis à son encontre par le magistrat instructeur Félismé Benjamin.

Selon le directeur du RNDDH, une somme de 80 000 dollars américains aurait été distribuée pour influencer l’arrêt rendu par la Cour d’Appel.

« Cette décision ne fait pas honneur à la justice », a-t-il dénoncé, soulignant que la justice haïtienne ne devrait pas être un outil au service de l’impunité.

La décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince en faveur de Vertilaire a suscité de vives réactions.

Rendue le 19 février 2025, elle a été critiquée par plusieurs acteurs de la société civile et du monde judiciaire.

Le RNDDH a exprimé son indignation, estimant que cet arrêt compromet la lutte contre la corruption en Haïti.

Selon l’organisation de défense des droits humains, cette décision revient à garantir une impunité totale aux accusés, en violation de la Constitution et des lois du pays.

L’avocat André Michel a également fustigé l’arrêt de la Cour, le qualifiant de « véritable cadeau empoisonné » pour les conseillers-présidents, qui, selon lui, devraient répondre de leurs actes devant la justice.

Me Samuel Madistin, de son côté, a parlé d’une « victoire à la Pyrrhus » pour les conseillers-présidents, soulignant que, bien que les mandats de comparution aient été déclarés inopérants, l’instruction de l’affaire se poursuit.

Pierre Espérance va plus loin en affirmant que la présence d’Emmanuel Vertilaire, de Smith Augustin et de Louis Gérald Gilles au sein du CPT constitue un « obstacle majeur » à la transition et participe à son échec.

Il accuse ces conseillers d’être à l’origine de manœuvres visant à remplacer le chef de la police ainsi que le directeur général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC), dans un souci de représailles et d’intérêts personnels.

Cette situation met en lumière les tensions et divisions au sein du Conseil Présidentiel de Transition, qui peine à instaurer une gouvernance cohérente et efficace face aux crises multiples que traverse le pays.

Alors que l’insécurité et la corruption continuent d’alimenter l’instabilité, la capacité du CPT à mener à bien sa mission est plus que jamais remise en question.