Port-au-Prince, 9 décembre 2020- Les initiateurs de cette démarche décrivent une situation particulièrement préoccupante au point que, selon eux, ‘’le système étatique et institutionnel est aujourd’hui, en Haïti, complètement dysfonctionnel’’.
Dans un document rendu publique le mercredi 9 décembre 2020 dont RHINEWS a reçu copie, Steven Benoit, ex-sénateur de la République, Hugues Célestin, ex-député du peuple et dirigeant de l’Initiative Patriotique Marien (IPAM et Widelson Pierre- Louis du ‘’Parti Ayiti Rasanble,’’ décrivent une société haïtien en agonie où ‘’la légitimité de l’ordre social est remise en cause avec une charge idéologique forte dont le slogan exprime l’exigence d’une rupture d’avec l’ordre ancien : Il faut changer l’État.’’
Selon les auteurs du document, il devient maintenant impossible pour le pouvoir en place de gouverner soulignant que l’impulsion des réactions populaires sporadiques et permanentes a instauré un rapport de forces qui pousse le pouvoir à l’improvisation, la maladresse et à une stratégie de pourrissement allant, jusqu’à la répression violente (massacres de Carrefour-Feuilles, La saline ou Bel-Air, …).
Ce qui, de toute évidence traduit son déficit de légitimité et devrait provoquer son départ, précise ce document qui préconise un départ ordonné du président Jovenel Moïse le 7 février 2021 au plus tard, date à laquelle son mandat arrive à expiration constitutionnellement.
L’ordre actuel ayant échoué, soulignent-ils, il faut entamer la construction d’un nouvel ordre qui prendra en compte les revendications fondamentales des haitiens à travers la mise en place d’une transition démocratique indépendante et de rupture devant aboutir à un processus constituant souverain.
‘’ Cette transition de rupture devra permettre de convoquer une Conférence nationale des forces vives de la nation afin de fédérer les intérêts et revendications des différents groupes sociaux et de jeter les bases du nouvel État. Un processus constituant, associant directement les citoyens et la société civile organisée, permettra de rédiger une nouvelle constitution, fondée, entre autres, sur la garantie des droits fondamentaux de l’Homme, l’indépendance de la justice, un État décentralisé, transparent, qui rend compte et un système sécuritaire sous contrôle démocratique, écrivent les initiateurs.’’
La proposition prévoit la mise en place d’un organe dénommé ‘’Coordination Nationale de la Transition’’ (CNT) qui aura pour tâche de : Elaborer une Charte de la transition, présenter à la nation un programme de réforme structurelle ainsi que les grands chantiers prioritaires, réalistes et cohérents en termes de finances publiques.
La CNT doit aussi maintenir, renforcer et coordonner les mobilisations sectorielles et multisectorielles, à travers une combinaison d’actions (dénonciations, persuasion, pressions populaires, sensibilisation de la diaspora et des secteurs progressistes de l’international), pour un départ immédiat, ordonné du pouvoir corrompu en place et autour des objectifs de rupture et de construction du nouvel État.
Elle doit pourvoir à la vacance présidentielle qui aura lieu au plus tard le 7 Février 2021 ; Définir les critères d’éligibilité du Président de la transition et les mécanismes à suivre (adoption par consensus ou par vote en assemblée), Inviter aux déclarations de candidature pour la fonction de Président transitoire ; S’assurer du respect strict des critères d’éligibilité des candidats (compétence, expérience dans la gestion des affaires publiques, crédibilité et honnêteté) établis au préalable par la CNT ; Procéder à l’élection du Président de la transition, soit par consensus ou par vote, etc…
‘’Dans le cadre de cette transition, un mois après son investiture, le président de transition convoque la conférence nationale souveraine à laquelle tous les secteurs de la vie nationale seront représentés : politique, syndicaliste, secteur privé des affaires, petro-challengers, secteur rural, étudiant, association professionnelle, secteur religieux, etc, selon le document mis en débat par les initiateurs.’’
Les auteurs du document suggèrent que les organisateurs de la conférence soumettront ò l’appréciation des participants, pour discussions, des points tels : la nouvelle constitution, le procès Petro Caribe, les procès des différents massacres perpétrés par le pouvoir PHTK (La saline, Carrefour-Feuilles, Bel-Air, Cite Soleil, Pont-Rouge, …), la réforme des institutions de l’Etat et la formation des différentes commissions mandatées pour proposer les réformes institutionnelles.
En conclusion, le document précise que, le président et le gouvernement de transition devront présenter, de concert avec le conseil d’Etat une feuille de route gouvernementale se fixant pour mission, entre autres de faire aboutir le processus constituant, d’entamer les réformes institutionnelles, d’élaborer et de faire appliquer les procédures comptables et judiciaires pour les grands dossiers de corruption dénoncés par la population, d’implémenter, en urgence, des mesures sécuritaires, économiques et sociales conformes aux revendications populaires, de réaliser les élections générales libres, démocratiques et transparentes (depuis l’inscription sur les listes électorales jusqu’à la proclamation des résultats).
CNT – VERS UNE TRANSITION DE RUPTURE_rév7déc2020