Port-au-Prince, 24 février 2021- Ils sont une cinquantaine d’intellectuels venus de plusieurs pays à attirer l’attention de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) sur la mise en place d’une dictature en Haïti par Jovenel Moïse qui a décidé de se maintenir au pouvoir par la force, en dépit de l’expiration de son mandat depuis le 7 février dernier.
Dans une correspondance datée du 24 février 2021 à Louise Mushikiwabo, Secrétaire Générale de l’OIF, les intellectuels demandent à l’organisation ‘’de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien, les églises catholique et protestante, la confédération des barreaux haïtiens, les organismes de défense des droits humains, l’association nationale des magistrats haïtiens, l’opposition politique organisée, nombre d’associations de la société civile, des personnalités haïtiennes appartenant à différents domaines d’activité.’’
‘’Nous comprendrions mal que l’institution que vous dirigez, dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage avec un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides, écrivent les intellectuels.’’
Ils attirent l’attention de Madame Mushikiwabo sur le fait que pouvoir utilise des gangs qu’il a armés pour conduire une ‘’répression meurtrière dans les quartiers populaires, arguant que, lors de manifestations pacifiques, la police haïtienne tire à balles réelles sur les manifestants.’’
Ils signalent également qu’Haïti fonctionne sans parlement, sans élus locaux, toutes les échéances électorales n’ayant pas été respectées par le gouvernement de Jovenel Moïse.
‘’ Seriez-vous assez dupe pour croire que, après la fin de son mandat expiré le 7 février 2021, il voudrait et saurait organiser des élections crédibles, s’interrogent-ils ?’’
Ils expriment leur solidarité envers le peuple haïtien et exhortent l’OIF à soutenir sa demande d’un vrai processus démocratique impliquant la mise en place d’un gouvernement de transition et l’initiation des procès pour crimes de sang et crimes financiers contre les dignitaires du gouvernement de Jovenel Moïse.
Encourageant la secrétaire générale à tenir compte de sa crédibilité personnelle comme de celle de l’OI, les intellectuels francophones exhortent Louise Mushikiwabo à ‘’ne donner pas raison à celles et ceux qui voudraient voir en l’OIF un fonctionnariat indifférent aux problèmes réels des peuples constituant les cinq continents de la francophonie.’’
Au nombre des signataires de cette correspondance, figurent ente autres Patrick Chamoiseau, René Dépestre, Francis Combes, poète, éditeur, Yanick Lahens, romancière, prix Femina, Laurent Gaudé, poète, romancier, prix Goncourt, Gilles Perrault, prix Goncourt de la nouvelle, prix Renaudot de l’essai, Addellatif Laâbi, prix Goncourt de la poésie et Lyonel Trouillot, écrivain, membre du jury du prix des cinq continents de la francophonie.