Port-au-Prince, 3 avril 2021- Trente-cinq (35) ans après la première grande marche qui avait rassemblé au moins trente (30) mille femmes le 3 avril 1986, pour exiger leur intégration et leur implication dans les espaces de pouvoir et dans les prises de décision, des femmes ont marché une nouvelle fois à Port-au-Prince.
Cette fois, les femmes voulaient surtout exprimer leur colère et leur frustration par rapport aux menaces qui planent sur les droits qu’elles ont acquis ces dernières années au prix de grandes luttes et de sacrifices.
Les protestataires qui ont marché pacifiquement, ont dénoncé la situation d’insécurité généralisée marquée notamment par le kidnapping qui endeuille et décapitalise les couches les plus faibles de la société dont les femmes en particulier.
Elles ont dit constater que les gangs armés qui terrorisent impunément la population avec la bénédiction des autorités en place, sont en nette augmentation dans le pays. ‘’Ils sont bien entretenus pendant que, dépourvue des moyens pour s’acquitter de sa tâche, la police est asservie par un pouvoir délinquant qui se sert des bandes criminelles pour installer une dictature en Haïti, ont fait remarquer les protestataires.’’
Elles ont accusé le régime en place d’avoir déstabilisé la police nationale, institution légale et constitutionnelle chargée d’assurer la sécurité des vies et des biens des citoyens, au profit des gangs armés qui imposent leurs lois dans les quartiers.
Ces femmes qui ont scandé des slogans hostiles à Jovenel Moïse dont le mandat a pris depuis le 7 février dernier, ont mis en garde contre tout changement de la constitution. Elles ont affirmé que Jovenel Moïse qui n’est plus président depuis le 7 février 2021, au regard de l’article 134-2 de la constitution n’a ni titre ni qualité pour organiser un référendum constitutionnel, soulignant également que l’article 284-3 de la constitution interdit toute modification de la loi mère par voie référendaire.
Les femmes ont donc réaffirmé leur attachement à la constitution de 1987 qui leur a consacré des droits pour lesquels elles jurent de se battre.
Elles ont dénoncé également le comportement de la communauté internationale qui continue de supporter Jovenel Moïse qui s’accroche illégitimement et illégalement au pouvoir sans mandat, prétendant du même coup pouvoir organiser des élections en Haïti.
Selon les protestataires, cette démarche participe d’un projet dictatorial, anti-haïtien et contraire aux intérêts des masses défavorisées, notamment les femmes.
Se prononçant contre la dictature, elles ont plaidé en faveur de la justice pour les victimes des massacres de La Saline, du Bel-Air, de Cité Soleil entre autres.
La marche qui s’est déroulée sans incident majeur, a pris fin sur la place de la constitution au Champ-de-Mars.