Bruxelles, 28 janvier 2021- Des députés européens qualifient d’échec la politique de soutien de l’Union Européenne au président Jovenel Moïse.
Dans une correspondance au vice-président de la commission européenne, Josep Borrel également Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, les eurodéputés font des considérations extrêmement accablantes pour le régime PHTK et alliés emmené par Jovenel Moïse.
Selon eux, ‘’la dernière crise que traverse Haïti dure déjà depuis 2018, et risque d’entériner un changement constitutionnel autoritaire et illégal.’’
Ils notent que depuis deux ans, le peuple haïtien se soulève avec courage pour la transparence, la justice et la démocratie, malgré l’accroissement de l’insécurité et de la pauvreté dans le pays.
‘’Les manifestations s’élèvent notamment contre la corruption minant le pays et révélée par 1.5 milliards d’euros détournés dans le cadre du scandale Petrocaribe, y compris au profit des proches de de l’actuel président Jovenel Moïse, écrivent les eurodéputés.’’
Ils estiment que qu’un cap a été franchi ces derniers mois avec la multiplication des assassinats et l’annonce du gouvernement d’organiser une reforme constitutionnelle et des élections en violation de la constitution haïtienne et des traites internationaux. Des gangs armés dont les liens avec le pouvoir ont été démontrés, sévissent en toute impunité, soutient-ils.’’
Ils déplorent que depuis deux ans, l’Union Européenne maintienne intacte ses relations avec Jovenel Moïse, sans action réelle contre les massacres ni démarche en soutien aux procès liés au scandale de corruption Petrocaribe.
Selon Marie Toussaint, Pierrrette Herzberger-Fofana, Mounir Satouri et Salina Yembou estiment que, d’un côté, l’UE interroge les conditions actuelles pour des élections libres et légitimes ; de l’autre, elle n’envisage de solution qu’avec et par le biais du président Jovenel Moïse. En somme, écrivent-ils, aucune diplomatie européenne alternative à celle déployée par la maison blanche de Donald Trump n’est développée.
Ils notent également qu’en deux ans, il n’y a eu aucune avancée sur les procès des divers massacres des divers massacres perpétrés, dont le plus grave, celui de La Saline, ni sur le scandale de corruption de Petrocaribe.
Les eurodéputés insistent sur le fait que les gangs armés se sont multipliés et renforcés. La dérive autoritaire du gouvernement, fonctionnant par décret sans contrepoids parlementaire, limitant les instances de contrôle, s’est accéléré, font-ils remarquer. Ils déplorent également que rien n’ait été fait pour inquiéter Jimmy Cherizier alias Barbecue accusé d’implication dans un massacre d’Etat à La Saline, en dépit des enquêtes nationales et internationales qui l’ont mis en cause…
Les parlementaires européens font état également du travail du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) qui a documenté 159 personnes assassinées et 92 autres blessées, y compris des enfants- entre janvier et juin 2020.
Ils soulignent que les violences se sont accélérées fin 2020, avec l’assassinat du bâtonnier du barreau de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, le massacre de Bel-Air, la multiplication des enlèvements et la mise en place d’un conseil électoral provisoire pour hâter la tenue d’échéances électorales et la réforme de la constitution.
Les eurodéputés précisent qu’un appel international ‘’Stop Silence Haïti’’ a été lancé afin de dénoncer le silence et la complicité de la communauté internationale face aux multiples violations des droits humains, y compris sociaux et économique en Haïti.
Ils indiquent qu’aucun suivi ni réponse n’a été obtenu de la part de la commission européenne.
Ils estiment que l’UE doit conditionner son soutien économique, politique et moral à l’arrêt du processus de reforme annoncé et prévu par Jovenel Moïse et au retour dans le cadre de la constitution de 1987, l’appel et l’engagement a garantir les conditions pour des élections libres et démocratiques dans le futur, en mobilisant en ce sens la communauté internationale, le soutien aux processus d’investigation sur les massacres contre le peuple haïtien, de lutte contre l’impunité et pour la transparence, notamment dans le cadre du scandale Petrocaribe.
Ils souhaitent que la politique étrangère de l’UE en Haïti soit en conformité avec son objectif de promouvoir, respecter et réaliser l’universalité des droits humains.