“CPT : Conseil de Protection des Truands ; les mafieux se jugent et s’auto-amnistient,” selon Hugues Célestin…

Hugues Celestin, Sociologue et ancien depute de Quartier-Morin...

QUARTIER-MORIN, mardi 25 février 2025-Hugues Célestin, sociologue et ancien député de Quartier-Morin, dénonce l’impunité institutionnalisée au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), qu’il qualifie de “Conseil de Protection des Truands”. Selon lui, la récente décision de la Cour d’Appel de Port-au-Prince, annulant les mandats de comparution contre Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin et Louis Gérald Gilles, témoigne d’une justice aux ordres d’un pouvoir corrompu. “Les mafieux se jugent et s’auto-amnistient”, affirme-t-il en réaction à cette affaire qui éclabousse le CPT.

Pour Célestin, cette décision judiciaire consacre un système où les élites politiques et économiques se protègent mutuellement, assurant leur impunité en toute légalité. L’affaire qui visait ces trois présidents du CPT découlait d’une tentative d’extorsion de 100 millions de gourdes auprès de l’ex-président de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Raoul Pierre-Louis. Pourtant, loin d’une enquête sérieuse ou d’un jugement équitable, la Cour d’Appel a conclu que le juge d’instruction Benjamin Félismé n’avait pas compétence pour traiter le dossier, en raison d’une prétendue immunité des conseillers présidentiels. “Ainsi, les trois fameux braqueurs échappent à une justice injuste, protégés par l’opacité de leurs fonctions”, commente-t-il, dénonçant une “connivence parfaitement rodée” entre les dirigeants.

Loin d’être une simple irrégularité judiciaire, ce verdict serait, selon Célestin, une illustration parfaite du “pacte d’auto-préservation” qui lie les membres du CPT et de l’appareil judiciaire. “L’impunité n’est pas seulement un privilège individuel, c’est un sport collectif”, soutient-il, soulignant que les autres membres du CPT, impliqués dans des pratiques similaires, restent intouchables.

L’analyste politique voit dans cette situation la preuve de la soumission de la justice à une mafia d’État. “Les institutions censées protéger le bien public ne sont plus que des espaces d’échanges entre criminels en col blanc”, assène-t-il, déplorant que la corruption soit devenue la véritable monnaie d’échange du système politique haïtien.

S’agissant de l’avenir politique des protagonistes de ce scandale, Célestin s’interroge sur le retour en force de Smith Augustin et Louis Gérald Gilles. “Qui d’autre pourrait leur ravir leur place dans la farce de la présidence tournante ?” demande-t-il, anticipant leur accession prochaine au poste suprême du CPT. Loin d’être écartés, ces acteurs de la crise seraient déjà en train de se repositionner en figures incontournables du régime.

Derrière cette mascarade judiciaire et politique, Célestin voit une stratégie méthodique visant à affaiblir les institutions sécuritaires pour mieux garantir la mainmise du CPT et de ses alliés sur le pays. Pendant que les gangs prennent le contrôle des quartiers, les dirigeants du CPT, eux, s’assurent des placements financiers et consolident leur emprise sur l’appareil d’État. “Nous sommes face à des architectes du chaos, des officiers du désastre, des marchands de l’effondrement national”, accuse-t-il.

Pour lui, il est impératif de dissoudre immédiatement et irrévocablement le CPT, sous peine de voir toute chance de redressement national définitivement anéantie. Face à l’incompétence et à l’irresponsabilité des autorités actuelles, il plaide pour une alternative portée par l’Université d’État d’Haïti (UEH), qu’il considère comme l’institution légitime pour organiser des consultations nationales aboutissant à la désignation d’un leader de transition indépendant et intègre.

“Chaque jour qui passe plonge davantage le pays dans le chaos et l’abîme. Accepter passivement cette situation catastrophique serait un suicide collectif que le peuple haïtien ne peut se permettre”, avertit-il, appelant à une réaction nationale pour briser le cycle infernal de la corruption et de l’impunité.