“Commentaires stériles” : Ce qu’il faut faire, justement – L’analyse critique de l’ancien député Hugues Célestin face à “l’immobilisme politique en Haïti”…

Hugues Celestin, Sociologue et ancien depute de Quartier-Morin...

QUARTIER-MORIN,(Nord), dimanche 16 février 2025Dans une analyse incisive intitulée “Commentaires stériles”, l’ancien député de Morin (Nord), Hugues Célestin, dénonce ce qu’il considère comme un immobilisme chronique dans le débat politique haïtien. Selon lui, les critiques systématiques et le rejet de toute proposition constructive sans offrir d’alternative sont devenus un véritable frein à la recherche de solutions viables pour le pays.

Prenant pour exemple la réaction de Michel Legros, un commentateur politique, Hugues Célestin souligne que ce dernier illustre parfaitement cette tendance à la critique sans perspective. “Il nous gratifie d’un grand classique du débat haïtien : décréter ce qu’il ne faut pas faire”, écrit-il, reprochant à Legros de s’opposer aux propositions sans avancer la moindre solution. Il fustige ce qu’il qualifie de posture du “commentateur professionnel”, toujours prêt à juger mais jamais disposé à agir.

Au cœur de cette polémique, une proposition défendue par Célestin : confier à l’Université d’État d’Haïti (UEH) un rôle central dans la structuration d’une sortie de crise. Selon lui, il ne s’agit pas d’une “énième combine” politique, mais d’une démarche visant à rompre avec les marchandages ayant plongé le pays dans l’impasse actuelle. Cette initiative chercherait à “rapatrier les décisions stratégiques, refuser les solutions préfabriquées et redonner aux forces vives du pays la responsabilité d’organiser le départ du Conseil Présidentiel de Transition (CPT)”.

Face aux critiques qualifiant cette approche d’utopique, l’ancien parlementaire questionne : “Si Legros pense autrement, qu’il nous dise alors : qui d’autre ?” Il rejette l’idée de confier à des acteurs ayant déjà échoué la mission de reconstruire le pays, insistant sur la nécessité d’un “processus capable de faire émerger une autorité nationale affranchie des pressions diplomatiques et des arrangements opaques”.

Hugues Célestin estime que l’opposition à cette proposition ne repose pas sur une analyse rationnelle, mais sur le fait qu’elle ne soit pas issue des cercles de pouvoir traditionnels. “Ce qui dérange Michel Legros, ce n’est pas qu’on reproduise les erreurs du passé, c’est qu’on ose essayer autre chose, avec l’audace de croire qu’Haïti puisse, pour une fois, décider sans demander la permission”, assène-t-il. Il dénonce un système où toute tentative de souveraineté nationale est immédiatement disqualifiée comme étant irréaliste ou dangereuse.

Dans un réquisitoire cinglant contre la classe politique et ses relais intellectuels, il accuse ces derniers de se réfugier derrière un faux pragmatisme pour justifier l’inaction. Il tourne en dérision l’invocation du “gros bon sens”, qu’il considère comme “l’argument fétiche des experts en immobilisme”. Pour lui, ce prétendu réalisme a toujours servi à enterrer les idées nouvelles et à masquer la résignation sous des dehors de sagesse. “Il est l’équivalent intellectuel d’un klaxon dans un embouteillage : bruyant, lassant et inutile”, ironise-t-il.

Hugues Célestin fustige également la soumission aux diktats étrangers, citant “le clan Clinton, l’ambassade américaine, l’ONU, le Core Group, le FMI et la Banque Mondiale”, qu’il accuse d’avoir constamment “concocté la prochaine version du chaos”. Il rejette l’idée que l’avenir d’Haïti doive toujours être décidé en coulisses, par des marionnettistes internationaux et des oligarques locaux.

Pour lui, ce qu’il faut faire justement, c’est briser cette dynamique de dépendance et d’inaction en plaçant l’UEH au centre du processus de transition. Il estime que l’université demeure l’un des rares espaces en Haïti où se construisent encore des idées à l’abri des influences étrangères et des calculs politiciens. Il appelle donc à une restructuration politique qui s’appuierait sur les forces vives du pays plutôt que sur les négociations diplomatiques et les compromis opaques entre les mêmes élites.

Son appel est clair : “Nous préférons prendre le risque d’essayer plutôt que d’assister, en spectateurs cyniques, à l’enterrement d’Haïti”. Il invite ceux qui rejettent sa proposition à formuler une alternative concrète, plutôt que de se contenter d’un scepticisme stérile. “Si notre idée déplaît, qu’on nous oppose des arguments solides plutôt qu’un scepticisme de salon”, insiste-t-il.

L’ancien député conclut en affirmant que le débat ne peut plus se limiter à un concours de rhétorique. “Nous ne sommes pas à un concours de rhétorique ; nous cherchons des solutions pour un pays en péril”, écrit-il. Il revendique un engagement pour l’action et refuse de laisser le pays sombrer dans une inaction dictée par la peur de l’échec.