Port-au-Prince, 17 octobre 2020- Des manifestations anti-gouvernementales ont été organisées dans plusieurs régions du pays à l’occasion de la commémoration du 214e anniversaire de l’assassinat, au Pont-Rouge, du père de la Nation, Jean Jacques Dessalines.
A Port-au-Prince, au moins trois personnes ont été blessées par balles lors de la manifestation de l’opposition, réprimée, à plusieurs reprises à coup de gaz lacrymogène et à balles réelles, par la police appuyée par des civils lourdement armées, selon divers témoins sur place.
Des civils armés encagoulés, réputés proches du pouvoir en place ont empêché les manifestants de franchir la zone de Delmas 95. Ces hommes qui étaient particulièrement furieux ont tiré des rafales d’armes automatiques sous les regards des policiers déployés sur le parcours de la manifestation qui n’ont pas réagi.
Les civils armés étaient déployés également dans la zone du Pont-Rouge où ils pensaient que la manifestation de l’opposition pourrait se rendre pour honorer la mémoire de Jean Jacques Dessalines.
Ils ont attendu en vain. Ni l’opposition, ni Jovenel Moïse ne s’est rendu au Pont-Rouge. Et c’est la deuxième année consécutive qu’il s’est gardé d’y aller.
Les manifestants de l’opposition qui ont pu défiler dans les rues ont eu des slogans particulièrement hostiles au président Jovenel Moïse dont ils réclament la démission.
Quoique dispersée à plusieurs reprises, une branche de la manifestation pris fin au Champ de Mars où des dirigeants de l’opposition ont déposé une gerbe de fleurs au pied du monument de Jean Jacques Dessalines.
Prenant la parole au nom de l’opposition, André Michel a remercie Dessalines qui a fait le sacrifice de sa vie pour léguer un pays aux haitiens.
‘’Le 17 octobre 1806, on a assassiné Dessalines, mais on n’a pas pu assassiner sa vision et son idéal de changement et d’inclusion pour que les plus faibles aient accès à la richesse nationale, a déclaré M. Michel qui a comparé les dirigeants actuels aux assassins de Dessalines.’’
Selon lui, ceux qui ont assassiné récemment l’ex-bâtonnier de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, Grégory Saint-Hilaire, les autres étudiants, les militants politiques et perpétré des massacres a la Saline, Carrefour-Feuilles, Cité Soleil, Pont-Rouge, Bel-Air et bas-Delmas, sont animés du même esprit que ceux qui assassiné Dessalines.
Également présent à la manifestation de l’opposition, l’ancien sénateur Ricard Pierre, s’est réjoui de la reprise de la mobilisation populaire anti-gouvernementale qui doit déboucher, selon lui, sur la démission de Jovenel Moïse avant la fin de son mandat constitutionnel, le 7 février 2021.
Dénonçant le déploiement des hommes armés et la passivité des policiers face à ces derniers, l’ancien sénateur de l’Ouest, Antonio Cheramy a, quant à lui, encouragé la population à ne pas céder à la peur et à manifester sans se lasser jusqu’à ce que Jovenel Moïse quitte le pouvoir.
Selon Don Kato, le régime en place n’a d’autre plan que celui de la mort. Il estime intolérable que ce pouvoir ‘’corrompu et criminel’ ’demeure en place. Il faut, a-t-il, forcer Jovenel Moïse à quitter le pouvoir avant même le 7 février 2021.
L’ancien député d’Aquin, Jean Robert Bossé s’est félicité du comportement de la population qui, a-t-il dit, a bravé tous les dangers pour descendre massivement dans les rues afin d’exiger le départ de Jovenel Moïse.
Selon lui, malgré les manœuvres d’intimidations orchestrées par le pouvoir et le déploiement de ses alliés du G-9 qui ont tenté d’empêcher la population de gagner les rues, les haitiens ont manifesté leur désapprobation du régime en place qu’il accuse de trainer le pays vers une situation de chaos.
Quant a l’ancien sénateur des Nippes, Nenel Cassy, il a qualifié la journée du 17 octobre 2020 de journée historique date a laquelle, fatiguée par la gestion catastrophique du pou voir en place, la population s’est réveillée pour exprimer sa colère contre une dictature qui tend à s’établir dans le pays.
Selon Nenel Cassy, la population n’a pas besoin de mot d’ordre pour manifester contre Jovenel Moïse qui, a-t-il indiquée, est responsable de la détérioration de ses conditions de vie.
Des manifestations pour exiger le départ du président Jovenel Moïse se sont tenues aux Gonaïves, à Saint-Marc et au Cap-Haïtien. Si tout s’est bien passé aux Gonaïves, à Saint-Marc, la police a dispersé la manifestation qui a pris fin prématurément.
Au Cap-Haitien, les capois ont manifesté massivement dans les rues de la deuxième ville du pays. Emmenée par Jean Charles Moïse, les manifestants avaient érigé des barricades enflammées dans plusieurs endroits de la ville.
Moïse qui s’est dit déterminé à combattre le pouvoir en place, a, une nouvelle fois, décroché quelques flèches en direction de ses camarades de l’opposition qu’il accuse de négocier la prise du pouvoir en catimini avec l’ambassade américaine. Jean Charles qui combat Moïse a tenu les propos plus virulents contre les autres opposants au pouvoir en place.
Moïse qui ne serait pas en campagne, a dit compter sur le peuple haïtien pour prendre le pouvoir par la voie des urnes.
Pour sa part, le Parti Reconstruire Haïti (PRH) s’est félicité de ce que les haitiens ont manifeste en nombre imposant a l’occasion de la relance de la mobilisation anti gouvernementale qui a coïncidé avec la commémoration du 214e anniversaire de l’assassinat de Jean Jacques Dessalines.
Cette formation politique dirigée par Olicier Pierriche, a dénoncé également ‘’toutes manouvres pouvant conduire à un retour dictatorial dans le pays et a conseillé au chef de l’Etat d’entendre les cris de la population haïtienne et d’abandonner le pouvoir avant le 7 février 2021.’’