PORT-AU-PRINCE, dimanche 26 janvier 2025– Dans une interview à RHINEWS, Me André Michel, représentant de l’accord du 21 décembre 2022, a défendu la pertinence de cet accord malgré les critiques et les défections qu’il a subies au fil du temps. Il a également abordé la crise politique actuelle, la gestion du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et la question des gangs armés en Haïti.
Selon Me André Michel, l’accord du 21 décembre reste une force incontournable dans le paysage politique haïtien. « Cet accord demeure un acteur de premier plan. Plus d’un millier d’organisations sociales, politiques et économiques y avaient adhéré. C’est un très grand ensemble », a-t-il affirmé. Cependant, il reconnaît que le CPT, structure clé de cet accord, a montré ses limites : « L’actuel CPT a totalement échoué. Les faits et les chiffres sont là pour le prouver. Vous pouvez vous référer à mon dernier tweet intitulé l’échec du CPT est total. »
Pour redresser la situation, Me André Michel propose de réformer le CPT plutôt que de le dissoudre entièrement. « Nous souhaitons garder la structure du CPT, mais avec une composition moins budgétivore, fonctionnelle et efficace. Voilà pourquoi nous avons proposé trois scénarios de redressement », a-t-il expliqué. Parmi ces propositions figure l’intégration de la Cour de cassation, mais dans un cadre bien défini : « Nous ne souhaitons pas remettre le pouvoir à la Cour de cassation. Nous l’intégrons dans l’un de nos scénarios, aux côtés de deux autres personnes issues de la société civile et de la classe politique. »
La question des gangs armés, qui gangrènent le pays, a également été au centre des préoccupations. André Michel a réitéré la position de l’accord du 21 décembre sur ce sujet : « Nous avons toujours été clairs : pas de dialogue avec les gangs, pas de négociation, pas d’amnistie ! Dans le document envoyé à la CARICOM en date du 8 janvier 2025, nous avons très clairement écrit que nous mobiliserons l’armée, la police et la population pour contrecarrer dans l’immédiat l’action des gangs armés. » Il a qualifié l’organisation Viv Ansanm de « terroriste » et de « criminelle », tout en excluant toute possibilité d’inclure ces groupes dans le processus politique.
Cependant, dans une lettre adressée le 8 janvier 2025 à la CARICOM, cosignée par des membres de l’accord du 21 décembre, l’organisation “Viv Ansanm”, qualifiée de terroriste, figurait parmi les soutiens de la démarche visant à choisir un président à la Cour de cassation pour remplacer k’ actuel CPT. Curieusement, elle a été exclue dans une seconde lettre à la CARICOM par deux des trois parties prenantes signataires de la précédente correspondance, qui avait soulevé l’indignation de nombreux secteurs du pays et dans les communautés haïtiennes expatriées.
André Michel a aussi accusé certains partis politiques d’avoir collaboré avec des gangs pour déstabiliser le gouvernement du Dr Ariel Henry. « En février et mars 2024, certains partis politiques avaient fait alliance avec les gangs pour renverser le gouvernement. C’est la violence des gangs armés qui a facilité ce renversement. Mais nous, nous n’avons jamais pactisé avec ces voyous », a-t-il martelé.
Quant à la dimension internationale de la crise, André Michel a justifié l’implication de la CARICOM dans la médiation : « La crise haïtienne a une dimension internationale. Nous faisons partie de la CARICOM, et les Nations unies ont reconnu le GPE (Groupe de personnalités éminentes) de la CARICOM comme structure de médiation dans cette crise. » Toutefois, il reste convaincu que les Haïtiens sont capables de trouver une solution, avec l’appui de cette organisation régionale. « Oui, je pense que nous sommes capables de résoudre la crise avec la médiation de la CARICOM », a-t-il assuré.
André Michel a insisté sur l’importance de préserver la transition en cours, malgré les obstacles. « Nous devons tout faire pour sauver cette transition, mais cela passe nécessairement par la reconfiguration du CPT et la formation d’un Gouvernement d’union nationale. Nous y arriverons ! » a-t-il conclu avec optimisme.
Ainsi, Michel déclare “demeurer résolument engagé en faveur d’une sortie de crise à travers des réformes structurelles et une coopération régionale, tout en tenant une ligne ferme contre les gangs armés et les éléments criminels.”