Port-au-Prince, 19 septembre 2020- A peine constitué, le nouveau Conseil Electoral Provisoire (CEP) est déjà contesté par de nombreux secteurs du pays qui avaient déjà mis l’exécutif en garde contre la mise en place de cette structure.
James Beltis de ‘’Nou Pap Domi,’’ dit désapprouver le comportement du pouvoir exécutif qui, selon lui prétend pouvoir organiser des élections contre la volonté populaire et sans aucune participation populaire.
‘’Ce qui est à l’ordre du jour, ce ne sont pas des élections organisées pour un seul secteur dont les résultats sont connus d’avance. Ce ne sont pas non plus des élections qui visent à perpétuer un pouvoir criminel et corrompu, mais la démission de Jovenel Moïse le plus vite possible afin de mettre le pays sur de nouveaux rails, déclare le petro-challenger.’’
Selon lui, il faut une transition, mais une transition qui permettra de rompre avec les pratiques politiques traditionnelles ayant conduit le pays dans le chaos actuel. ‘’Il faut, dit-il, que cette transition participe de la volonté de la majorité populaire qui s’est prononcée largement en faveur d’un changement de système, soutien James Beltis.’’
Pour sa part, Me Guerby Blaise estime que l’arrêté nommant le nouveau CEP est illégal et anticonstitutionnel. Il croit qu’un recours pour excès de pouvoir devrait être exercé devant Cour des Comptes contre cet arrêté anticonstitutionnel.
Selon Me Blaise, l’article 2 de l’arrêté en question suffit pour le faire annuler par la justice administrative. Il estime que l’opposition politique doit mettre les institutions étatiques a l’épreuve dans le cadre de cette démarche de l’exécutif qui veut mettre les haïtiens devant un fait accompli avec la formation d’un CEP anticonstitutionnel.
C’est également la position de l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Danton Leger qui croit qu’il faut entreprendre des actions légales contre la formation du CEP auquel il est confié la mission d’organiser ‘’le referendum constitutionnel.’’
Soulignant que la démarche de l’exécutif est une tentative désespérée de diversion pour tenter de changer le débat relatif au départ de Jovenel Moïse et a la demande de justice en faveur de Me Monferrier Dorval, assassiné lâchement chez lui le 28 août dernier.
Selon Danton Léger, la mobilisation politique pour obtenir la démission de Jovenel Moïse doit aller de pair avec les actions légales pour démonter ces actes illégaux et inconstitutionnels, arguant que la bataille de l’opposition ne peut pas se résumer aux marches de dénonciation.
‘’La bataille doit être menée sur tous les plans, précise l’ancien député de Léogane qui croit que le CEP formé par M. Moïse ne pourra organiser aucune élection dans le pays puisqu’il ne fait aucun consensus et qu’il a été rejeté d’avance.
‘’La formation du CEP a été boudée par les secteurs traditionnels prévus dans les dispositions transitoires de la constitution de 1987 qui se sont abstenus de se faire représenter au sein de cette structure estimant que les conditions ne pas réunies pour avoir des élections dans le pays, fait-il remarquer.’’
Le Secteur Démocratique et Populaire (SDP) rejette la formation du nouveau CEP. Selon son porte-parole André Michel, le SDP continuera à accompagner le peuple haïtien dans sa quête de changement et de démocratie.
Michel croit que le pays se dirige tout droit vers une transition et d’ici-là, souligne-t-il, Jovenel Moïse et son CEP appartiendront au passé.
Camille Charlmers de ‘’Rasin Kan Pep la,’’ dénonce la mise en place de ce CEP comme une démarche du président visant à obéir aux caprices de ses maitres étrangers qui œuvrent au démantèlement de tout ce qui constitue l’essence de l’homme haïtien.
‘’Le peuple haïtien n’a rien à voir avec Conseil Electoral Provisoire dont la formation est édictée par les Etats-Unis pour organiser des élections sans participation populaire pour faciliter la mise en œuvre en Haïti d’un projet anti-haïtien.
Rejetant d’un revers de main le nouveau CEP, il précise également que son parti n’a aucun représentant sein du Conseil Electoral contesté, soulignant que Guylande Mesadieu, représentante du secteur des ‘’droits humains,’’ est sous sanction depuis près de quatre (4) ans et qu’une décision pour la radier définitivement sera prise.
Pour le sénateur de l’Ouest, Patrice Dumont, la mise en place du CEP dans le contexte actuel marqué par le refus d’un ensemble de secteurs pour participer à des élections organisées par l’administration de Jovenel Moïse, est une insulte au peuple haïtien.
- Dumont croit que le peuple haïtien, dans toutes ses composantes, doit exprimer clairement son refus de soumettre à la volonté de ceux qui travaillent au détriment de ses aspirations au changement, au développement et à la démocratie.
‘’Le pays est arrivé à un carrefour où il doit changer de direction, redéfinir son mode de gestion et se prendre en charge, dit-il, c’est aux haïtiens, non aux étrangers, de déterminer la façon dont tout doit se faire.’’
Les secteurs traditionnels consultés dans le cadre de la formation du nouveau CEP avaient boudé la démarche du pouvoir exécutif estimant que les conditions nécessaires à ta tenue d’élections crédibles et transparentes n’étaient pas réunies. Ils ont notamment dénoncé la prolifération des gangs armés a travers le pays et l’inaction du gouvernement pour les désarmer.
L’administration Trump qui a encouragé le président à monter le nouveau CEP, par la voix du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait exhorté Jovenel à mettre en place un Conseil Electoral Provisoire inclusif.