BOSTON, jeudi 16 septembre 2021- A l’initiative de quelques anciens membres du Centre Caribéen pour la Non-Violence Globale et le Développement Durable (CCNGD), organisation fondée en 2004 par le Dr Max Paul, un symposium a été organisé autour du thème “A Nonkilling Reflection on Haitian Political Conflict, and Natural Disasters” (Une réflexion sur le non-meurtre, conflit politique, et catastrophes naturelles en Haïti) via Zoom le 25 août 2021. Le panel était composé d’intellectuels et de chercheurs haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora qui sont également affiliés au CCNGD dont Gracien Jean, Roland Joseph et Gerald Calixte, et d’autres chercheurs étrangers dans le domaine du « nonkilling » affiliés au Center For Global Nonkilling (CGNK), y compris Joám E. Pim, Bill Bhaneja, Anoop Swarup, Thomas Fee et Christopher Barbey.
Ce symposium est organisé dans un contexte d’instabilité politique qui a conduit à l’assassinat de l’ancien Président de la République, Jovenel Moise, y compris l’assassinat des dizaines haïtiens ; et le séisme du 14 août 2021 qui a frappé le grand sud du pays causant des milliers de morts et de blessés et provoque d’importants dégâts matériels. Ces tragédies humaines et naturelles justifient ce symposium, a déclaré M. Joseph, membre du comité de recherche sur la sécurité “non-Killing” et les relations internationales au CGNK. Selon lui, Haïti a grand besoin d’enseigner les notions de non-meurtre (non-Killing), de paix, et de résolution des conflits non violente dans les écoles, les universités et d’autres organisations de la société civile. Par ailleurs, le but principal de cette discussion sur la situation politique et des catastrophes naturelles en Haïti, est d’attirer l’attention des leaders haïtiens et de la diaspora sur la nécessité de transformer la société haïtienne en une société non-meurtrière.
Tout au long de la discussion, les panelistes se réfèrent au non-meurtre (non-Killing) tel qu’il est défini par Paige dans son livre « Nonkilling Global Political Science ». Une société de non-meurtre est définie « comme une communauté d’êtres humains, de la plus petite à la plus vaste, de la locale à la globale, characterisée par le fait qu’on n’y tue pas d’êtres humains et qu’on n’y menace pas de tuer ; il n’y a pas d’armes pour tuer des humains et aucune justification pour les utiliser ». Le Dr Bill Bhaneja, chercheur au CGNK, a souligné que le non-meurtre offre une approche humanitaire scientifique non religieuse, non partisane et distincte caractérisée par la mesurabilité et la nature ouverte de sa réalisation.
Le Professeur Gracien Jean, docteur en sciences politiques, a tenté de justifier la remobilisation des Forces armées d’Haïti dissoutes en 1995 sous la présidence de Jean Bertrand Aristide. Pour le Dr Jean, l’idée de doter Haïti d’une nouvelle armée en 2012 avec la revitalisation du ministère de la Défense, est liée à l’histoire du pays, car, a-t-il souligné, sans une armée les esclaves n’auraient pas pu vaincre le système esclavagiste et libérer l’humanité des chaînes millénaires de l’esclavage. Plus loin, a-t-il ajouté, l’armée qu’on a aujourd’hui n’est pas une armée répressive utilisant la force meurtrière, mais une armée de service qui peut sauter au secours des personnes en danger en cas de catastrophes naturelles. Une approche qui semble être problématique de l’avis de Christopher Barbey, l’un des fondateurs de l’Institut participatif pour le progrès de la paix (APRED) et représentant du CGNK aux Nations Unies à Genève. Pour ce chercheur, l’armée n’est pas importante. « Nous avons besoin de nouveaux moyens pour gérer la sécurité », a-t-il indiqué.
Dr Anoop Swarup, Président de CGNK et ancien expert financier des Nations Unies au Darfour, a souligné la perspective d’un non-meurtre affirmatif, c’est-à-dire la construction d’institutions non-meurtrière tout en montrant la nécessité d’une campagne de sensibilisation basée sur le non-meurtre, la non-violence comme réponse aux problèmes haïtiens. Parlant de renforcement institutionnel, Thomas Fee, ancien médiateur au programme avancé de la Harvard School of Public Health sur la résolution des conflits et le leadership en santé, a rappelé aux participants son expérience en Haïti après le séisme du 12 janvier avec Shisir Khanal, ancien directeur exécutif de Sarvodaya USA, dans le cadre d’une semaine de réflexions sur la reconstruction d’Haïti à partir de l’approche Sarvodaya et des efforts pour un avenir haïtien non violent et sans meurtre organisé par le CCNGD.
Gérald Calixte, juriste et ancien collaborateur du Dr Max Paul au CCGND, a montré la nécessité d’appliquer les Principes de non-violence et de non-meurtre en Haïti, soulignant que l’éducation au non-meurtre peut mener à la transformation du pays. En parlant de transformation de la société haïtienne basée sur le non-meurtre, le Dr Joám Pim se demande : à quoi ressemblerait une société haïtienne basée sur le non-meurtre ? M. Pim, actuel directeur de CGNK et professeur à l’Université Åbo Akademi, a plutôt suggéré aux dirigeants et chercheurs haïtiens participant au symposium des ressources liées à la transformation non-meurtrière telles que le livre : « Nonkilling Korea : Six Culture Exploration » écrit par Glenn D. Paige et Chung-Si Ahn ; et Nonkilling Balkans écrit par Rifet Bahtijaragić et Joám Evans Pim. Ces livres, selon le directeur de CGNK, sont présentés comme un exemple d’histoires violentes qui peuvent inspirer d’autres vers la transformation d’une société non-meurtrière.
Ce symposium a réuni plusieurs dizaines de leaders haïtiens vivant en Haïti et dans la diaspora dont l’ancien sénateur et premier ministre haïtien, Yvon Neptune, le président de la Conférence des Pasteurs Haïtiens (COPAH), le Pasteur Ernst Pierre Vincent, le coordonnateur de la RENAISSANCE, un mouvement socio-politique pour le redressement d’Haïti, Johnny Estor, la présidente de Partner’s for Change (PFC) Myriam Jeannis, et le président de Applied Leadership and Development Group (ALDG), Jean Samuel Trezil. Quelques anciens collaborateurs du Dr Max Paul dont l’ancien vice-président du CCNGD, Exantus Jean François, Dieubenie Felix, et Hans Jean étaient présent à ce symposium.