PORT-AU-PRINCE, mardi 4 octobre 2022– Le lundi 3 octobre marquait une double rentrée en Haïti. La rentrée des classes et la rentrée judiciaire.
Cependant, aucune de ces deux rentrées sur lesquelles le gouvernement place semble compter pour projeter dans l’opinion publique qu’il est encore aux commandes et que tout est globalement sous contrôle, n’a eu lieu.
Lundi 3 octobre, contrairement à la tradition qui veut que chaque premier lundi d’octobre la rentrée judicaire se déroule dans le cadre d’une cérémonie solennelle où se réunissent les plus hautes autorités de l’Etat, du corps judiciaire et autres, cette année, juges, avocats, personnel du système judiciaire se sont terrés chez eux.
A la grande déception de la coalition au pouvoir composée d’éléments d’une ‘‘gauche capitaliste’’ haïtienne et d’éléments d’extrême droite, aucune cérémonie ne s’est tenue dans aucune des dix-huit (18) juridictions du pays.
Le tableau n’est pas différent pour la rentrée scolaire. Les écoles ont fermé leurs et aucun écolier ne s’est présenté à l’école à l’occasion de ce qui devrait marquer le premier jour de classe pour l’année académique 2022/2023.
La vacance judiciaire et scolaire se prolongent dans un pays où aucune des institutions vitales ne fonctionne. Pire encore, les hôpitaux, le commerce, les banques commerciales commencent à fermer leurs portes faute de carburant pour assurer leur alimentation en énergie électrique. Faute également de l’incapacité du gouvernement qui n’arrive pas a sécuriser la distribution du carburant des terminaux pétroliers aux stations-services…
La journée a été marquée par des manifestations en cascade suivies de scènes de pillage dans certains endroits, qui se déroulent depuis plus d’un mois dans de nombreuses villes du pays pour dénoncer la vie chère, l’insécurité, l’inaction du gouvernement contre les gangs armés et réclamer la démission du premier ministre Ariel Henry et de son gouvernement.
Même si le pouvoir tient encore tant bien que mal grâce au support de la communauté internationale avec les Etats-Unis en tête, il n’est reste pas moins vrai que ce gouvernement, fruit d’un tweet du Core Group, est ébranlé par la persistance de la contestation sociale.
Empêtré dans son incapacité à assurer un minimum de fonctionnement des institutions vitales, entravé par l’action des gangs armés qui empêchent la distribution du carburant dont les conséquences sont incalculables sur l’accès a d’autres produits, le gouvernement en place se retrouve de plus en plus isolé par la population qui ne lui a jamais donné de mandat, et dos au mur.
C’est un signe que rien n’est sous contrôle et que tout va mal et qu’en plus, le gouvernement a perdu le pari des rentrées…
Et, ce n’est pas important qu’Ariel Henry se dit, « si le blanc est avec moi, qui pourra me renverser ». Cela ne veut rien dire non plus de se dire : Piton ou lèd, nou la.’’