Éditorial,
PORT-AU-PRINCE, lundi 25 novembre 2024– « Viv Ansanm » est un groupe qui prétend incarner la lutte des opprimés, mais en réalité, il n’est qu’un groupe terroriste déterminé à déstabiliser la société haïtienne par la violence et la manipulation. Tout en se présentant comme un acteur de la justice sociale, Viv Ansanm ne fait qu’exploiter la misère sociale pour asseoir son pouvoir criminel et imposer la terreur. La menace qu’il représente nécessite une réponse multi-dimensionnelle et urgente, visant à neutraliser cette organisation à travers une combinaison de réponses sécuritaires, sociales et politiques.
Viv Ansanm a parfaitement compris les mécanismes de communication à l’ère numérique. Les réseaux sociaux, tels que Facebook, WhatsApp, Tik-Tok, YouTube et Instagram, sont utilisés comme des armes de propagande et de recrutement. Ces plateformes permettent au groupe d’atteindre un large public, notamment la jeunesse haïtienne, en quête d’espoir et de repères, et la diaspora haïtienne qui rêve de vacances au soleil. En publiant des vidéos de leurs exactions, des exécutions sommaires et des scènes de terreur, ils réussissent à semer la panique dans la population, tout en attirant de nouveaux partisans. La diffusion de messages de haine et de violence en ligne est un élément clé de leur stratégie.
Quant aux autorités haïtiennes, elles doivent impérativement contrer cette menace dans le cyberespace. Il est nécessaire de renforcer la cybersurveillance et de mettre en place des unités spéciales pour surveiller et neutraliser ces campagnes de propagande. La mise en place de protocoles pour retirer ces contenus violents et déstabilisants, tout en poursuivant les responsables, est essentielle pour limiter l’impact de “Viv Ansanm” dans l’espace numérique.
Compte tenu de l’ampleur de la menace, Haïti doit réagir avec la dernière rigueur en renforçant ses capacités sécuritaires. L’une des priorités est la création d’une unité anti-terroriste hautement spécialisée, équipée de technologies modernes, capable de mener des opérations ciblées contre les terroristes de Viv Ansanm. Ces unités devraient être formées aux meilleures pratiques en matière de lutte contre le terrorisme, avec un accent particulier sur la gestion des situations de haute intensité et la gestion de crise.
Les forces de sécurité doivent également se doter de moyens logistiques appropriés, notamment des véhicules blindés, des drones pour la surveillance aérienne et des systèmes de communication avancés pour assurer la coordination des actions. Les interventions doivent être ciblées et stratégiques, afin d’éviter les erreurs coûteuses et les pertes collatérales qui pourraient nuire à l’image de l’État et renforcer la propagande de Viv Ansanm de ses comparses.
Un autre point essentiel est la collecte de renseignements. Le renseignement est fondamental pour identifier les membres de Viv Ansanm, comprendre leurs réseaux financiers et logistiques, et localiser leurs camps. Le développement de capacités locales en matière de renseignement est essentiel pour éviter les infiltrations des groupes terroristes dans les forces de l’ordre et pour limiter les risques de trahison au sein même des autorités.
Les autorités haïtiennes doivent aller au-delà de la simple réponse sécuritaire et se doter d’un cadre juridique adapté à la lutte contre le terrorisme. La législation actuelle doit être révisée pour inclure des lois spécifiques sur les groupes terroristes, leur financement, la diffusion de propagande et la mobilisation des ressources. Il est impératif de criminaliser la participation à un groupe terroriste et de prévoir des peines de prison sévères pour ceux qui facilitent, financent ou collaborent avec ces groupes.
L’adoption d’une loi antiterroriste pourrait également permettre de geler les avoirs financiers des membres de Viv Ansanm, et ses alliés et de saisir leurs biens. Cette approche aurait un double effet : elle affaiblirait les capacités logistiques du groupe et enverrait un signal fort à la communauté internationale, ainsi qu’aux citoyens haïtiens, sur l’engagement de l’État dans la lutte contre la terreur.
Une telle législation permettrait également d’associer la communauté internationale à la lutte contre Viv Ansanm, en permettant des actions coordonnées au niveau mondial pour bloquer les réseaux financiers du groupe, à travers des accords de coopération en matière de lutte contre le financement du terrorisme. Il faut également se servir des lois existantes en la matière.
Haïti ne peut pas faire face à une menace de cette envergure sans l’aide de la communauté internationale. Le soutien des partenaires étrangers, qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux, est indispensable pour renforcer les capacités sécuritaires du pays. Cela inclut non seulement un soutien en équipements et en formation pour les forces de l’ordre, mais aussi une aide dans le domaine de la cybersécurité et de la gestion de crise.
Les nations qui ont déjà fait face à des menaces similaires pourraient partager leurs expériences et aider Haïti à établir une stratégie efficace contre les groupes terroristes. Ce soutien pourrait également inclure des fonds pour la reconstruction des zones les plus touchées par la violence de Viv Ansanm, afin de prévenir l’implantation d’autres groupes extrémistes en l’absence d’une présence étatique forte.
Il est aussi fondamental que les organisations internationales, telles que les Nations Unies et l’Organisation des États Américains (OEA), apportent un soutien logistique et stratégique aux efforts haïtiens. L’ONU pourrait déployer des experts en gestion de crise et fournir des équipements spécialisés pour aider à la traque de Viv Ansanm.
Cependant, la réponse à Viv Ansanm ne peut pas se limiter à une approche sécuritaire et législative. Il est également essentiel de s’attaquer aux causes profondes qui favorisent l’émergence de groupes comme Viv Ansanm, notamment la pauvreté, le manque d’opportunités économiques et l’absence de services publics dans le pays.
Investir dans l’éducation et la formation professionnelle des jeunes est un moyen intelligent de contrer le recrutement par ces groupes. Il est urgent que l’État haïtien développe des politiques éducatives accessibles à tous, y compris dans les zones rurales et périurbaines, pour offrir à la jeunesse haïtienne un avenir loin de la violence.
De plus, des programmes de réinsertion professionnelle doivent être mis en place pour offrir des alternatives aux jeunes vulnérables, afin de les détourner de la tentation de rejoindre des groupes violents. Ces initiatives doivent également inclure une sensibilisation sur les dangers de la radicalisation et l’importance de vivre ensemble dans la paix.
Un autre aspect de la lutte contre Viv Ansanm et ses alliés consiste à offrir une issue à ceux qui souhaitent se repentir et quitter le groupe. Haïti doit mettre en place des programmes de réinsertion et de déradicalisation pour les membres repentis, en leur offrant un accompagnement psychologique, une formation professionnelle et des possibilités d’intégration dans la société.
Ces programmes devraient être conçus en collaboration avec les autorités locales, les organisations non gouvernementales entre autres. En permettant aux individus de se réinsérer dans la société, Haïti pourrait réduire les risques de retour à la violence et donner une nouvelle chance à ceux qui ont été pris dans la spirale de la terreur.
Il est essentiel que la société haïtienne dans son ensemble s’engage dans un processus de réconciliation nationale. Ce processus devrait inclure des dialogues ouverts entre les différentes forces sociales, politiques et économiques du pays, afin de créer un consensus autour des réformes nécessaires pour instaurer une paix durable.
Des initiatives de paix, y compris des conférences nationales, des forums de discussion et des processus de réconciliation entre les communautés, sont nécessaires pour panser les plaies laissées par des années de violence et de division. Ce processus devrait également inclure une prise en compte des revendications sociales légitimes qui ont contribué à la radicalisation de certains groupes.
Pour réussir à éradiquer Viv Ansanm et d’autres groupes terroristes, Haïti doit renforcer ses relations avec les acteurs internationaux. La solidarité internationale ne doit pas se limiter à un soutien ponctuel, mais doit s’inscrire dans un cadre stratégique à long terme, visant à soutenir les réformes internes, à stabiliser le pays et à renforcer les capacités de l’État. Toutefois, la communauté internationale doit se garder de d’interférer dans les affaires internes d’Haïti pendant que les autorités haïtiennes doivent comprendre la nécessité d’assurer une bonne gouvernance et de se hisser à la dimension de l’histoire du pays en agissant de manière libre et souveraine.
Les États-Unis, le Canada, la France et d’autres partenaires doivent être pleinement engagés dans la reconstruction d’Haïti, en soutenant la mise en place d’institutions démocratiques solides et en contribuant au développement économique du pays. Le rôle de la communauté internationale dans la lutte contre les groupes armés est essentiel pour permettre à Haïti de sortir de la spirale de la violence.si ces pays continuent de se moquer de la misère et de la souffrance d’Haiti, le pays doit évidemment explorer d’autres possibilités.
Viv Ansanm et ses alliés représentent une menace existentielle pour Haïti. Son pouvoir de nuisance croît à mesure que l’État reste inactif, et son influence se renforce en raison du vide social et économique. Le temps est venu pour Haïti de se dresser contre cette menace par une réponse globale et robuste, impliquant des actions sécuritaires, législatives, sociales et diplomatiques. Les autorités haïtiennes, avec le soutien de la communauté internationale, celle qui souhaite coopérer véritablement, doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour démanteler Viv Ansanm, pour garantir la sécurité des citoyens et pour rétablir la stabilité et la paix en Haïti.