Monsieur Stromayer,
PORT-AU-PRINCE, jeudi 15 février 2024– J’ai pris connaissance de vos déclarations intempestives sur la crise haïtienne dont j’accuse le service secret de votre pays d’avoir instigué, et je suis émerveillé devant la légèreté de vos propos en tant que « diplomate ». En réponse aux manifestations du peuple souverain d’Haïti qui exige le départ d’un régime sanguinaire que votre pays a mis en place dans le pays pour contrôler ceux que vous considérez comme des nègres dont la place est dans vos champs de coton, vous ne vous gênez pas de franchir de nouvelles limites dans votre arrogance pour indiquer que c’est vous qui avez le contrôle. On dit souvent que certains hommes ne peuvent être grands que s’ils maintiennent les autres à genoux. Vous semblez passer pour maître dans cet art, et je dois vous le dire clairement que vous allez toujours trouver des hommes et des femmes d’Haïti débout pour vous dire les quatre vérités, et ce, même au péril de leur vie.
En effet, réagissant à l’appel au départ de votre petit voyou d’Ariel Henry qui semble travailler en symbiose avec les gangs armés qui massacrent la population, vous auriez indiqué sur une station de radio de Port-au-Prince que celui-ci quittera la tête du pays seulement après les élections. Là, je me vois obligé de vous poser une question : croyez-vous être en droit de faire une telle déclaration sur l’avenir d’un des cinquante États qui composent votre pays? Sinon, d’où vient cette arrogance qui vous fait croire que vous pouvez donner des dictées au peuple haïtien? Je regrette, mais vos propos, si vous les prononcez pour rassurer les gangsters qui violent et massacrent les petits enfants, et les voyous qui gèrent Haïti au profit de votre pays, ils me donnent envie de vomir, et je vais vraiment vomir. Car, aussi arrogant et raciste qu’une personne humaine puisse être, il ne saurait cracher avec autant de mépris sur tout un peuple comme vous le faites. En fait, vous voyez des petits politiciens sans vergognes arpenter la porte d’entrée de votre ambassade pour obtenir un chèque et un visa afin de détruire le pays, et vous croyez vraiment voir et connaitre le grand peuple haïtien à travers eux au point de lui donner des ordres?
Nos ancêtres avaient chassé les colons français en 1803 et détruit l’esclavage que votre pays avait pourtant gardé intact pendant très longtemps après l’indépendance d’Haïti, ce n’était pas pour remplacer les colons français par des yankees. Des esclavagistes qui viendraient ordonner au peuple haïtien de faire ceci ou faire cela. Si vous avez été un bon élève, vous auriez appris cette leçon à travers la résistance opposée par Charlemagne Péralte et Benoit Batraville lors de votre premier holdup sur Haïti. Pour que cela entre dans votre crâne, je vais vous le dire sans détour : Haïti n’est pas l’Ukraine. Notre indépendance, nous l’avons arrachée au prix du sang, et nous n’avons jamais hésité au cours de notre histoire à verser fièrement notre sang pour la garder. Comme l’eau qui n’oublie jamais sa route, le peuple haïtien finit toujours par retrouver la voie de la révolution. Et, cette fois, il ne va pas hésiter à utiliser les mêmes armes qui proviennent de votre pays pour créer cette condition d’insécurité que vous prétendez combattre pour organiser des élections bidon, pour arriver à cette fin.
Vous ambitionnez d’organiser des élections-sélections pour mettre en place un gouvernement fantoche qui va poursuivre l’œuvre macabre des « tèt kale » en Haïti. Nous le savons déjà. Vous rêvez d’imposer une nouvelle constitution qui va vous conférer le droit de propriété sur Haïti, ça aussi nous le savons. Pour accomplir un centième de cette tâche, en plus des policiers kényans, vous allez avoir besoin de mobiliser toute votre armée, ainsi que vos réservistes, et tuer deux-tiers de la population haïtienne – je sais que cela ne vous gêne probablement pas. Mais, sachez que, comme Christophe l’avait dit à Leclerc – l’homme de Napoléon Bonaparte –, le peuple haïtien n’hésitera pas à réduire le pays en cendres, si c’est ce qui lui permettra de vous vomir pour maintenir sa liberté. Tout comme moi qui n’hésite pas à m’exposer ici aux conséquences désastreuses de vos foudres, chaque Haïtien qui se respecte est prêt à offrir sa vie pour garder la tête haute. Nos ancêtres l’avaient fait avant nous, je ne vois pas pourquoi vous pensez que nous hésiterons à le faire.
Vous donnez des leçons de droits humains et de démocratie au monde entier, mais pas un seul Haïtien, à part Jean-Baptiste Conzé et ses descendants, ne s’intéresse à s’inscrire à votre école qui a donné les résultats démocratiques catastrophiques que nous connaissons aujourd’hui en Haïti. Nous voyons votre attitude envers les Noirs, envers vos propres citoyens noirs, et nous comprenons que lorsqu’utilisé par vous, le mot démocratie est un autre mot utilisé pour désigner la terreur contre nous. En cela, je peux dire que nous avons vécu pleinement cette démocratie avec les gouvernements « tèt kale » successifs, et particulièrement celui d’Ariel Henry que vous avez forcé à travers notre gorge pour protéger les gangs armés qui massacrent notre peuple. Où croyez-vous être avec cette attitude condescendante? Quelle est cette transition qu’Ariel est censée diriger en Haïti? Une transition vers quoi? Vers le pire? Quel est votre bilan en Haïti de 1915 à nos jours? Quels sont ces résultats que vous avez obtenus avec votre gouvernement dirigé par Ariel Henry? Quel est ce pays que sert Ariel Henry? Si vous dites qu’Ariel Henry est en train de servir Haïti, alors vous êtes en train de nous dire que les Haïtiens sont des sadomasochistes? Des macaques qui ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent?
Monsieur Stromayer, permettez-moi de vous dire qu’aucun Haïtien qui veut servir son peuple ne saurait s’allier à des pays comme le vôtre, un pays où le Noir se fait massacrer nuit et jour. Un pays où le Noir vit comme des citoyens de dixième classe. En vous écoutant cracher sur le peuple haïtien comme vous le faites, un Haïtien qui servait Haïti vous aurait dit de foutre le camp, car les Haïtiens qui servent vraiment ou qui ont servi Haïti descendent de grands hommes et de grandes femmes. Ces Haïtiens-là sont des hommes et des femmes de valeur. Ils ont le sens de l’honneur et de la dignité. Ils aiment Haïti et ils honorent le sacrifice de leurs ancêtres. La plupart de ces Haïtiens ont fréquenté les mêmes écoles que vous, et ils savent que vous et vos idées racistes ne font pas le poids. En descendant aussi bas, jusqu’à ce niveau, pour humilier tout un peuple, vous laissez défiler le profil d’une petite personne en mal de pouvoir. Le profil de quelqu’un qui ne vaut pas mieux que les petits dictateurs crapuleux qu’il maintient au pouvoir par la force des baïonnettes, avec le soutien de gangs armés qui violent les nourrissons, au nom de la démocratie.
Il y a un proverbe haïtien qui dit « dan pouri gen fòs sou bannann mi », je suis émerveillé de voir l’aisance avec laquelle vous le prouvez ; et dans la profondeur de votre arrogance, vous faites franchement pitié. Vous êtes allés implanter la démocratie en Iraq, et les Iraquiens vous ont botté le cul. Vous êtes allés faire la même chose en Lybie, puis en Syrie, et vous avez connu le même résultat. En Ukraine, vous avez peur de vous affronter avec Vladimir Poutine. Vous avez peur comme un petit enfant, et vous n’êtes pas gênés pour le dire. Lorsque j’étais gosse, on me faisait croire que vous étiez capable de tout. Je regardais les films Rambo, et comme pour le père Noël, les gens qui grandissent mentalement finissent par comprendre que tout cela c’est du bobard. S’il est difficile de trouver un bouchon pour le danmijann, on trouve vos bouchons dans toutes les poubelles du monde. Pourtant, des petites personnes, des individus dépourvus de tout estime de soi, des écervelés comme Ariel Henry et ses associés, n’hésitent pas à collaborer avec vous pour essayer de rabaisser ce grand peuple qui a offert la liberté à ce monde enchaîné par la myopie de votre suprématie-poubelle.
Monsieur Stromayer, nous ne sommes ni des mondialistes, ni des réformistes. Nous sommes les descendants de Charlemagne Péralte et de Benoit Batraville que vos soldats avaient assassinés pour la cause de la liberté d’Haïti. Nous sommes des filles et fils déshérités de Jean-Jacques Dessalines, d’Henri Christophe, de François Cappoix, de Magloire Ambroise, de Yayou, et j’en passe. En un mot, nous sommes des Haïtiens. Des femmes et des hommes nés libres grâce au sang de nos ancêtres qui avait coulé pour nous laisser cette terre. Et nous jurons de le demeurer pendant toute notre existence comme peuple. Nous sommes des filles et fils de ces héros qui avaient rétabli l’humanité dont vous passez votre existence à détruire. Je vous épargne, cette fois, certains mots de mon vocabulaire qui sauraient mieux exprimer le fond de ma pensée par rapport à votre condescendance et à vos écarts à l’endroit de mon peuple. Je vous encourage fortement la prochaine fois à faire attention à vos propos, parce que même si je ne serais plus, il y aura toujours un Haïtien pour vous ramener à l’ordre.
Enfin, si vous êtes vraiment forts, ce n’est pas sur le peuple haïtien que vous devez exercer votre force. Allez prouver votre supériorité en vous mesurant avec Vladimir Poutine en Ukraine.
Avec mes civilités,
Wilner Predelus, PhD