Par Daly Valet
Port-au-Prince, 15 juillet 2020– Depuis bientôt une semaine, je suis en pleine immersion dans ce domaine du droit appelé ‘’Légistique.’’
La légistique est l’ensemble des méthodes et conventions de rédaction des textes normatifs (lois, décrets, etc.).
Haïti n’a pas pour le moment d’experts certifiés dans le domaine. Nous avons surtout des praticiens qui s’y sont essayés et qui s’y essaient encore avec panache, dans le plagiarisme décomplexé et l’approximatif.
C’est assez gênant que Haïti se retrouve comme l’un des rares pays, dotés d’un Parlement et d’un appareil gouvernemental, à ne pas disposer de protocoles normatifs pour l’élaboration des lois, décrets, arrêtés et autres. Nos cousins Africains de la Guinée s’en sont équipés. Les pays du Maghreb francophone sont très en avance dans le domaine. Quant aux grandes démocraties occidentales, l’élaboration des textes législatifs s’y réalise dans un cadre normé, admis et reconnu. On ne peut se réveiller un matin, dans ces pays pourvus d’outils techniques et didactiques en légistique, et se dire rédacteur de projets de lois, de propositions de loi et de décrets.
Cette carence haïtienne, à la fois intenable et inacceptable, a fait que nos lois, nos décrets, nos arrêtés et règlements, se soient révélés souvent inapplicables, inadaptés, mal construits, et autant ridicules et niais que ceux qui les auront préparés, adoptés et promulgués. Nos récents textes normatifs officiels se caractérisent par une telle médiocrité de fond et de forme qu’on se demanderait si l’intelligence a complètement déserté la conduite des affaires de la République.
Les prochaines élites dirigeantes devront s’atteler à repenser, dans la modernité, les fondements infrastructurels et intellectuels sur lesquels repose notre Haïti archaïque.