Par Jacques Kolo,
Washington DC, le 1er novembre 2020- (RHInews)- Le régime de Port-au-Prince joue son va-tout, à moins de vingt-quatre (24) heures du scrutin du 3 novembre tant attendu par les américains toutes tendances confondues et qui suscite beaucoup d’intérêt de par le monde.
Ce scrutin aux enjeux importants tant pour le parti démocrate emmené par l’ancien vice-président d’Obama, Joe Baden que pour le milliardaire Donald J. Trump qui tente de briguer un second mandat pour le parti républicain.
Si Donald J Trump promet à ces concitoyens de redonner à l’Amérique son visage d’antan, Joe Biden, pour sa part, s’engage à réconcilier la nation américaine avec elle-même.
En Haïti, comme dans le reste du monde, les yeux sont rivés sur ces joutes tout aussi capital.
L’Administration Jouthe/ Moïse retient son souffle et affiche son plus “grand scepticisme” à l’approche de cette date fatidique du 3 novembre qui pourrait sonner le glas de son pouvoir, au cas où le parti démocrate remporterait la présidentielle.
Joe Biden conserve une solide avance de 10 points sur son rival républicain, Donald J Trump, au niveau national au soir du 31 octobre 2020. (Joe Biden 52% / Donald J Trump 42%)
L’Ambassade américaine, fer de lance de la politique du Département d’Etat en Haïti n’a pas lésiné sur les moyens pour soutenir politiquement Jovenel Moïse, un président à la fois impopulaire et très décrié.
L’Ambassadrice Michele Jeanne Sison, l’architecte d’une politique décousue en Haïti, ferme les yeux sur les multiples violations de droits humains sous le régime, et les nombreuses violations de la constitution par Jovenel Moise qui dirige en autocrate, en l’absence d’un parlement fonctionnel.
Des élections législatives et municipales pour renouveler le personnel politique n’ont pas été organisées jusqu’ici. L’homme fort de Port-au-Prince préfère diriger par décret, renforçant ainsi son plein contrôle sur les institutions régaliennes de ce pays meurtri par une dictature de près de 30 ans.
Entre temps, les gangs armés et violents se multiplient dans le pays à un rythme vraiment inquiétant, au grand dam des autorités constituées qui n’arrivent pas à contenir la violence qui s’abat sur ce petit pays pauvre d’Amérique, notamment dans les périphéries populaires de la capitale, siège du pouvoir central.
Les grandes capitales occidentales représentées à Port-au-Prince, à travers le Core Group et le BINUH, se complaisent dans un mutisme “tout aussi complice “ sur la généralisation de la violence fortement entretenue par des bandits armés qui seraient à la solde des officiels.
L’assassinat du bâtonnier de l’Ordre des avocats de la capitale, Monferrier Dorval a été un crime de trop. Malgré les appels incessants tant en Haïti qu’à l’étranger pour la mise sur pied d’une commission d’enquête indépendante pour faire le jour sur ce crime crapuleux et suspect n’ont pas eu l’écho favorable auprès du président Jovenel Moïse.
Tout compte fait, la carte politique pourrait se rejouer et rééquilibrer les forces en présence sur le terrain politique en Haïti avec une nouvelle administration Biden/Harris à la Maison Blanche, le 20 janvier prochain.
Un atout de taille ! La martinico-haitiano-américaine Karine Jean-Pierre (43 ans) qui jouait le rôle de directrice de la politique régionale d’Obama au bureau des affaires politiques, revient en force sur l’échiquier en devenant le chef de cabinet de campagne de la candidate démocrate au poste de vice-présidente, Kamala Harris, en plus d’être la conseillère principale du candidat Joe Biden.
Sa présence à la maison blanche pourrait donner lieu tout de suite à une nouvelle redéfinition de la politique américaine en Haïti, à travers l’installation d’un gouvernement de transition d’une courte durée pour faciliter la tenue d’élections dans un environnement plus ou moins acceptable, remettant ainsi ce pays de la Caraïbe sur les rails de la démocratie, apprend-on dans les milieux bien informés de Washington.
Il serait également question d’une aide économique substantielle pour faire redémarrer le pays et d’un support non moins négligeable à la force de police haïtienne afin de redonner l’espoir aux haitiens, toujours selon les mêmes sources.
Le hic reste les gangs qui pourraient s’évaporer dans la nature avec armes et munitions, au départ de Jovenel Moïse.
Entre temps, le président haïtien s’enfonce dans un projet mort-né qui est de doter le pays d’une nouvelle constitution pour faciliter sa famille politique de se renouveler indéfiniment au pouvoir.
La priorité pour l’instant dans l’international c’est l’après Jovenel Moïse dans le cadre d’une transition pacifique et non la constitution de 1987 qui a déjà subi un amendement en “sens dessus dessous”.